Enfant
«Trop sucrées, les céréales !»
09 octobre 2012

Laurence Julliard
Journaliste
Au rayon petit-déjeuner des grandes enseignes, les céréales se déclinent en une variété infinie. Sur la base de deux larges enquêtes, la FRC a dénoncé à plusieurs reprises les produits destinés aux enfants – trop salés, trop sucrés, trop gras – et cloué au pilori le marketing qui les entoure (nos éditions N° 41 et N° 50). Elle a également interpellé l’industrie agroalimentaire à maintes reprises. Dans son viseur aujourd’hui, les «sucréales» comme on aime à les appeler à la FRC, au miel, au chocolat, fourrées, soufflées. Nutritionnellement, certaines ne valent pas mieux que des chips, affirme même l’organisation de consommateurs néo-zélandaise Consumer NZ. Le point avec Maude Bessat-Macchi, diététicienne du programme Contrepoids à l’Hôpital des enfants à Genève.
Pourquoi ne recommandez-vous pas les céréales pour enfants?
Ces petits-déjeuners n’ont rien d’équilibré: ils sont très sucrés et contiennent des graisses végétales (huile de palme ou graisses hydrogénées) en quantité non négligeable. Un enfant mange, suivant son âge, entre 60 et 70 g de céréales, un bol qui couvre à lui seul la moitié de ses besoins journaliers en sucre (saccharose). Ces produits jouent sur les mots: dans l’inconscient collectif, qui mange des céréales mange sainement. Or leur faible teneur en fibres ne permet pas de tenir jusqu’à midi, et leur taux de sucre incite à consommer des portions disproportionnées. Les mentions qui préconisent des bols de 30 g ou les spots publicitaires qui mettent en scène les céréales avec un jus de fruits jouent ni plus ni moins sur la bonne conscience du consommateur.
La qualité de ces produits est-elle la seule en cause?
Non, ces céréales donnent aussi de mauvais plis. L’enfant prend l’habitude d’une nourriture fast-food: toute prête, vite mangée, peu mâchée et sans consistance, que l’on mange aussi bien pour le goûter que le soir. Autre revers, le bol de céréales peut être facilement emporté devant la télévision ou l’écran d’ordinateur, encourageant la consommation non consciente. Or, devant le poste, des études montrent qu’on peut ingurgiter jusqu’à 30% de trop car on ne se sent pas rassasié.
Quel serait le petit-déjeuner idéal?
Deux tartines de pain, complet de préférence, avec un peu de beurre et de la confiture. Les fibres tiennent au ventre, le pain se mâche – c’est bon pour l’implantation des dents! – et les tartines se mangent plus lentement. Ce sont des aliments non transformés, de proximité, sans compter qu’on peut tout aussi bien varier les saveurs et découvrir de nouveaux goûts. A l’enfant que les tartines rebutent, on peut proposer du pain et du fromage, ou de «vraies» céréales: un bircher, un porridge. Si ça ne passe pas, un fruit ou un yogourt feront l’affaire… avec un petit sandwich pour la récré.
Contenu modifié le 26 février 2013
En 2013, Nestlé allège la dose
Le géant de l’agroalimentaire avait annoncé la couleur à l’automne 2012 suite à la diffusion de notre premier comparatif sur les céréales pour enfants: quatre variétés changeraient de formule en 2013, diminuant de manière notable leur quantité de sucre aux 100 grammes. C'est désormais chose faite!
Depuis février 2013, le plus bel effort est fait par Cookie Crisp (24,5 g) qui a baissé sa quantité de sucre de 10 grammes, suivi de Cini Minis (24,8 g/en baisse de 7,3 g) et Nesquick (25,2 g/en baisse de 5,2 g). Tous trois contiennent désormais un quart de sucre (contre un tiers en octobre 2012). Ces modifications de recettes permettent à Nestlé de faire «remonter» considérablement sa cote dans notre comparatif des céréales puisque ces trois produits se classent parmi les dix meilleurs sur 34 variétés. Plus à la traîne, Lion (28,8 g/en baisse de 6,4 g) contient toujours près d’un tiers de sucre. Ces modifications vont dans le bon sens, la FRC regrette néanmoins que le geste soit en-deça de ce qu'elle avait demandé à Nestlé, les trois meilleurs produits du classement ne contenant que 8 à 10 grammes de sucre. Encore un effort, s'il vous plaît!
Retrouvez le comparatif actualisé: comparatif céréales
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