Conseils

Appareils auditifs: à quoi faire attention

Décrypter le jargon, comprendre les démarches, faire des choix éclairés: une aide en cinq points clés.
Santé

Archive · 08 mars 2022

Vous demandez fréquemment à vos proches de répéter ce qu’ils viennent de dire? Vous montez le volume de la télévision ou du téléphone? Vous avez de la peine à suivre des discussions s’il y a plus de deux personnes? Si la réponse est oui, il se pourrait que vous souffriez d’une atteinte auditive. Au fil des années, la FRC a régulièrement reçu des témoignages de personnes perdues devant le choix en magasin, désemparées face au coût élevé d’un appareil, quand ce n’est pas la question du nombre de prestataires. Conseils d’experts pour se faciliter la vie.

1. Consulter un médecin spécialisé

Les centres d’audition se multiplient, notamment dans les centres-villes. Ils proposent des tests gratuits et sans rendez-vous. Un premier pas intéressant pour constater s’il y a une perte d’audition ou non. Dans certains cas, un audioprothésiste proposera directement un appareil. Nos visites incognito dans deux centres en Suisse romande ont effectivement mis en évidence que le client est rapidement poussé à s’appareiller. Une précipitation à éviter avant d’avoir vu un ORL. «Une expertise de pré-appareillage est nécessaire pour pouvoir prétendre au forfait de l’AVS ou de l’assurance invalidité (AI)», explique Raphaël Maire, médecin-chef de l’Unité audiologie et otoneurologie du service ORL au CHUV, à Lausanne. «Le patient doit ensuite faire une demande de moyen auxiliaire.» En tout, le processus peut durer jusqu’à trois mois. Il arrive que lors de l’expertise, les critères ne soient pas atteints pour prétendre au forfait ou que le fournisseur ne soit pas reconnu comme «qualifié» par la Confédération. Aussi, si le patient a déjà acquis son appareil, il devra le payer de sa poche ou se retourner contre son audioprothésiste.

2. Fixer une fourchette de prix

La contribution de l’AI se monte à 840 fr. pour une oreille et 1650 fr. pour les deux, celle de l’AVS est moindre (630 fr. et 1237 fr. 50). Les mineurs bénéficient d’une somme plus élevée (2830 fr. et 4170 fr.). Si le montant permet confortablement d’acquérir un appareil pour un enfant, il ne couvre pas, ou à peine, une aide auditive de base pour l’adulte. La différence est à la charge du client. C’est pourquoi il est important de déterminer à l’avance son budget. L’audioprothésiste proposera différents types d’aides auditives dont les coûts peuvent fortement varier en fonction des options technologiques proposées. À chacun d’en évaluer la nécessité. «Tout le monde n’a pas besoin d’une Rolls-Royce», résume Raphaël Maire.
Lire à ce sujet l'opinion de la FRC ci-dessous.

3. Clarifier les conditions d’essai

Pas question de signer avant d’avoir correctement testé l’appareil. Or, comme le souligne Hélène Cao Van, médecin responsable du Laboratoire d’audiologie et vestibulométrie des HUG, à Genève, «ces essais prennent plusieurs mois, c’est normal». C’est pourquoi il est important de clarifier dès le départ le temps que dure l’essai gratuit, et ce qui serait éventuellement à la charge du client. Il ne faut pas hésiter non plus à changer d’audioprothésiste en cours de route, si besoin.

4. Choisir son niveau de suivi

Il existe de grandes chaînes spécialisées avec pignon sur rue dans les centres-villes. Pratiques, elles offrent un vaste assortiment, permettent un rendez-vous rapide. Toutefois, le suivi est plus impersonnel, ne serait-ce qu’à cause du roulement des collaborateurs. Les montants pris en charge par l’AI et l’AVS incitent à acheter à l’étranger où les prix sont plus bas. Mais alors, il faut aussi être prêt à se déplacer pour le suivi, les réglages et les changements de piles, sous peine de payer la prestation en Suisse. Enfin, depuis 2011, l’expertise de post-appareillage n’est plus obligatoire pour les adultes, ce que regrette Hélène Cao Van. «Le patient ne le sait pas toujours, mais il a le droit de la demander. Elle est prise en charge par l’AI, laquelle cherche, pour des questions de coûts, à ce que le patient y renonce.»

5. Assumer son appareil

«La visibilité d’une aide auditive, c’est la plus grosse angoisse du patient qui vient pour la première fois, explique Hélène Cao Van. Peur de la dépendance, impression, fausse, que l’audition se dégrade à cause du port d’un appareil.» Mais les mœurs évoluent. «Il y a une plus grande acceptation, surtout chez les plus jeunes.» Chez les enfants, elle voit ainsi des modèles à paillettes ou aux couleurs franches qui se portent comme des bijoux. Chez les jeunes, elle constate une augmentation de la demande des modèles blanc pétant, à l’image d’écouteurs pour la musique. «Aujourd’hui, tout le monde à un truc à l’oreille!», glisse-t-elle. Au final, «le principal, c’est l’envie d’un patient à porter un appareil», confirme Raphaël Maire, du CHUV. Si une personne ne l’assume pas, elle trouvera toutes les excuses pour le laisser dans le placard. «Or plus on porte son appareil, plus il sera utile et confortable.»

Test comparatif

Cet article est paru dans le magazine FRC Mieux choisir sous le titre «Tout le monde n’a pas besoin d’une Rolls-Royce».

Ce que la FRC en pense

Les montants pris en charge par les assurances sociales sont insuffisants. Par exemple, ils ne couvent qu’à peine le tiers du prix de l’appareil le mieux noté de notre test comparatif. La source du problème est-elle l’AVS ou le prix des appareils? Les deux, puisque les prothèses auditives sont plus chères en Suisse que dans les pays voisins. A cet égard, l’attitude des pouvoirs publics est particulièrement passive. En maintenant des subsides artificiellement bas, ils laissent les consommateurs seuls à la manœuvre. En somme, c’est à ces derniers qu’incombe le devoir soit de faire jouer la concurrence en allant acheter les appareils moins chers à l’étranger – mais en prenant le risque de perdre en qualité de suivi–, soit de faire pression sur leur détaillant – mais est-ce vraiment possible? En France, pour une certaine classe d’appareils, les distributeurs ont consenti à un plafonnement des prix, ce qui a permis d’abaisser considérablement le solde à charge des clients. La FRC promeut cette mesure qui consiste à agir sur les prix plus que sur les subsides. Une philosophie qui devrait inciter nos élus et sortir l’Administration de son indolence.

Commentaire de Yannis Papadaniel

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