28.10.2014, Pascal Vermot / Peu nombreux sont les proches qui osent se plaindre de prix trop élevés. Photo: HUANG Zheng/shutterstock.com
En plein deuil, nombreux sont ceux qui se tournent vers la première société funéraire venue. Pratiques discutables et prix exagérément élevés sont loin d’être des cas isolés.
La légende veut que l’origine du mot «croque-mort» vienne de la morsure administrée au doigt du défunt pour s’assurer qu’il est bien décédé. Il semble que les sociétés de pompes funèbres modernes n’hésitent pas à s’attaquer à leurs survivants. Notre Permanence Conseil est régulièrement sollicitée pour des factures d’entreprises funéraires dont les montants dépassent toute proportion ou comprennent des prestations non sollicitées. Sur le marché de la mort, il semble que tous les coûts soient permis.
Pour un juste prix
Pourtant, pour l’ensemble de la Suisse, seuls douze à quinze affaires par an feraient l’objet d’une procédure de conciliation, «essentiellement en raison de montants facturés trop élevés», précise Rolf Arnold, ombudsman et lui-même entrepreneur de pompes funèbres à Lucerne. Ce chiffre peu élevé masque une réalité beaucoup plus problématique. Les divers témoignages que nous avons recueillis font état de factures de 6000 à 8000 francs pour un enterrement ou une incinération simple. Nous avons même eu connaissance de l’inhumation d’un jeune enfant dépassant les 10 000 francs!
Les pompes funèbres sont un marché sur lequel les prix pratiqués sont totalement libres. Un petit tour sur les sites web des entreprises de la branche ne laisse apparaître aucune liste de prix publique. Beaucoup refusent même d’articuler des montants par téléphone. Face à ce manque de transparence, certains n’hésitent pas à appuyer sur la touche «+» de la calculatrice. Intérieur du cercueil, coussin mortuaire, plaquette de sécurité destinée à ne pas confondre les cercueils ou les urnes funéraires, faire-part dans les journaux, fleurs, cérémonie… tous ces éléments sont susceptibles de subir des surfacturations, bien au-delà de leur coût réel.
«La plupart des entreprises sont soucieuses de pratiquer des prix justes, mais on ne peut pas éviter que certaines appliquent des tarifs trop élevés», estime Philipp Messer, représentant de l’Association suisse des services funéraires et entrepreneur à Bienne. Ce dernier pointe du doigt le fait qu’en raison des lois anticartellaires l’organisation faîtière ne peut pas émettre de recommandations.
«Le montant final dépend des prestations qui sont comprises dans le contrat. Pour une inhumation habituelle, la facture devrait osciller entre 2000 et 5000 francs. Un montant de 8000 à 9000 francs ne devrait être articulé qu’en cas de prestations exceptionnelles.»
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