15.12.2020, le skijöring se pratique à skis ou snowboard. Photos: shutterstock.com
La situation sanitaire et son lot d’incertitudes influencent la façon d’organiser les vacances à la montagne.
Ne nous leurrons pas: le ski reste l’argument clé pour inciter les vacanciers à se rendre en montagne. D’autant plus qu’avec la saison écourtée en ce début d’année, les aficionados frétillent de la spatule en attendant les premiers flocons. Mais depuis quelques années, la forme que prennent les séjours à la neige a changé: «Le modèle des vacances uniquement consacrées à la pratique du ski a évolué. Désormais, les hôtes veulent avoir à disposition un large éventail d’activités», constate Véronique Kanel, porteparole de Suisse Tourisme. Les acteurs de la branche doivent s’adapter à ces nouvelles demandes: «Nous devenons plus flexibles dans nos offres hivernales, explique Peter Bruggmann, président de l’Association suisse des magasins d’articles de sport (Asmas). Nous ne voulons pas seulement pratiquer des sports classiques comme le ski de piste ou de fond, le snowboard. Nous voulons aussi faire de la randonnée, du vélo ou du jogging, tout cela en fonction des conditions météorologiques.»
Une tendance accrue en cette année touchée par le Covid- 19. En effet, les longues files devant les télésièges ou la cohue dans les télécabines en décourageront certains. «Il est très probable que de nombreuses personnes qui ne sont pas encore amateurs de sports de neige souhaitent, cette saison, profiter de moments d’évasion en montagne ou que des skieurs aient envie de pratiquer d’autres activités», analyse la responsable Communication de Suisse Tourisme.
Yaks, igloos et spéléo
Bon nombre de destinations de montagne semblent avoir entendu le message. Comme Nendaz (VS), qui a modifié ses catalogues touristiques afin de mettre en évidence les charmes des centaines de kilomètres de balades en raquettes ou à skis dont dispose la région. «Ces activités sont clairement un atout pour nous, et ce encore plus particulièrement cet hiver dans le contexte de cette crise sanitaire », explique Sonia Délèze, responsable Communication de Nendaz Tourisme. Même son de cloche du côté des Alpes vaudoises, où, outre la traditionnelle luge, d’autres activités inhabituelles peuvent être (re)découvertes: fatbike (VTT aux pneus extralarges), balade en traîneau à chiens ou encore skijöring, qui consiste à se faire tirer, généralement à skis, par un cheval attelé. Sensations et courbatures garanties.
De son côté, Suisse Tourisme a récemment lancé une campagne promotionnelle pour la saison sur le thème de «Ma première fois». Le but est d’inciter les visiteurs à s’essayer aux nouveautés. Parmi la centaine d’idées mises en avant, une balade avec des yaks, une glissade au-dessus des pistes à la façon d’un aigle, une nuit dans une grotte ou la construction d’un igloo attireront certainement les plus aventureux. C’est sur la base de l’expérience de l’été dernier que cette offre a été réfléchie. «Les Suisses ont été nombreux à se rendre dans d’autres régions linguistiques du pays. Ils en ont à la fois profité pour découvrir les «grands classiques», mais ont aussi beaucoup recherché des séjours insolites.»
Entre Bretaye et Villars (VD), on dévale 7 km de piste en fatbike.
Locations à la saison en hausse
Cependant, bien que les offres soient là et que, selon un sondage de l’Asmas, plus de la moitié des Suisses aient indiqué prévoir des vacances dans le pays, la tendance est à la réservation de dernière minute, voire de dernière seconde. Cela est valable aussi bien pour les chambres que pour les appartements. Et jamais sans s’assurer de pouvoir faire machine arrière. «En ce qui concerne l’hôtellerie, les réservations nous parviennent, mais les clients demandent des garanties d’annulation, explique Dominique Geissberger, responsable marketing pour l’Association touristique Porte des Alpes Promotion. D’autres mettent une réservation en option attendant les communications les plus récentes concernant les restrictions des différents pays.» Du côté de Suisse Tourisme, on constate aussi que les questions liées aux annulations à court terme et aux remboursements en raison de la pandémie sont nombreuses. La porte-parole estime que de grands efforts ont été faits dans ce domaine pour accepter les annulations de dernière minute si elles y sont liées.
Neige et bouchons sur les pistes?
Malgré la frilosité ambiante, le besoin de prendre l’air demeure: à Nendaz, on constate une hausse des demandes de location à la saison par des Romands qui vivent à une ou deux heures de route de la station et cherchent un pied-à-terre à la montagne.
Autre casse-tête, et de taille, les domaines skiables répartis sur plusieurs pays. Comme les Portes du Soleil, qui s’étendent entre la Suisse et la France. Les stations tricolores de l’autre versant auront rouvert leurs hôtels à Noël, mais ni leurs restaurants ni leurs remontées mécaniques! A l’heure où nous bouclons ces lignes, il est aussi impossible de prévoir si les décisions européennes concernant l’ouverture ou non des pistes aura une incidence sur l’afflux de touristes étrangers en Suisse. De plus, la situation n’est guère assurée dans le pays (Covid-19, conditions d’enneigement). Les nerfs sont mis à rude épreuve à quelques jours des grands congés de fin d’année.