Voyage
Tourisme: bourlinguer en mode féministe
Archive · 04 juin 2019


Sandra Imsand
Journaliste
Dans les livres d’histoire, elles sont réduites à portion congrue. Dans l’espace public, ce n’est pas mieux. A Paris, 5% des rues ont un nom de femme illustre. En Suisse romande, même état des lieux. «Le canton de Genève n’en compte que 7% pour ses artères, monuments ou jardins», explique Anaïs Balabazan, du Département des constructions et de l’aménagement. Quant à Lausanne, où 107 des 691 rues portent un patronyme célèbre, seules neuf rendent hommage à une figure féminine (8,5%).
Découvrir une ville avec un autre regard
C’est face à ce triste constat qu’est né La Guide de voyage, un site internet collaboratif qui met en avant la gent féminine, ses projets, et lui rend sa place dans l’histoire. Initié par la Française Charlotte Soulary, ce projet s’est par la suite étoffé de visites guidées sur les pas d’artistEs, révolutionnairEs ou de street art ainsi que d’un ouvrage, La Guide de voyage Paris, sorti l’an dernier.
«J’en avais assez des autoroutes à touristes. En tant que féministe, je voulais découvrir les villes et les pays, notamment Paris, avec un regard particulier», explique la globe-trotteuse. Ce guide d’un genre différent met par exemple à l’honneur Olympe de Gouges, rédactrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, ou encore la peintre Berthe Morisot, pionnière méconnue de l’impressionnisme. Parmi les lieux de Paname conseillés par l’auteurE pour leur forte empreinte féministe: la librairie Violette & Co, dans le 11e arrondissement, le Café de Flore, stamm de Simone de Beauvoir, le Jardin du Luxembourg avec sa statue de George Sand ou le pied de l’Arc de Triomphe, lieu de naissance médiatique du Mouvement de libération des femmes en 1970. Suite au succès de cet ouvrage, un guide sur les Etats-Unis est en préparation.
Féminisme décomplexé
D’autres ont, elles aussi, utilisé le voyage comme moyen de remettre le féminisme à l’honneur. C’est par exemple le cas de la snowboardeuse Anne-Flore Marxer, championne du monde de freeride en 2011. Elle s’est rendue en Islande pour découvrir et rendre compte de la riche histoire de lutte et d’égalité dans ce pays. «Je voulais voir une autre façon d’être femme», explique la Vaudoise. Elle en a ramené un film, A Land shaped by Women, où elle donne la parole à celles qui ont fait avancer les choses dans différents domaines, comme l’art ou la politique. Exemple fort: Una Torfadóttir, jeune fille dont le poème a fait le tour du monde. Il raconte la façon dont la société perçoit une femme et son corps. Ce long métrage a remporté plus de 20 prix internationaux et a permis de délier les langues sur l’égalité, notamment dans le sport.
Ces initiatives et d’autres ont pour mérite de montrer le féminisme sous une forme décomplexée et de faire bouger progressivement les choses. A Lausanne, alors qu’en 2018 seules cinq rues portaient un nom de femmes, le chiffre a presque doublé. A Genève, la politique de la Ville est désormais de donner systématiquement la préférence aux dénominations féminines. Du côté de la Confédération, à la page 8 de la publication intitulée «Recommandation concernant l’adressage des bâtiments et l’orthographe des noms de rues», on peut lire que «les références à des hommes étant prédominantes, il est recommandé de privilégier les références à des femmes pour les nouveaux noms». Un signal positif alors que les filles du «deuxième sexe» investissent les rues, justement, le 14 juin.
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