23.11.2009, Propos recueillis par Luc Olivier Erard
La transparence n'est pas le point fort des opérateurs. Pour savoir ce qu'ils trament, nous avons fait appel à Pascal Martin, un passionné bien renseigné.
Pascal Martin est un fondu de télécoms. Les tarifs obscurs, les technologies les plus pointues, les prochains développements, rien ou presque ne lui échappe. Sur son blog www.scal. ch, il décortique l’actu d’une industrie qui, du SMS à l’Internet mobile, en passant par la localisation GPS, a changé notre manière de vivre en une décennie à peine.
Grâce à son site indépendant et sans publicité (ça ne vous rappelle rien?…), Pascal Martin ne se fait pas que des amis, mais il est vite devenu une référence du secteur. Les opérateurs annoncent de nouveaux tarifs, les téléviseurs et les ordinateurs gratuits pointent leur nez… Il fallait l’inviter!
Les opérateurs lancent de nouveaux forfaits illimités. En valent-ils la peine?
Seul Swisscom offre une réelle solution nouvelle par rapport à ses tarifs précédents. Les clients qui avaient une facture de plus de 169 francs et qui ne téléphonent pas trop à l’étranger peuvent s’y mettre. Pour les autres fournisseurs, c’est un peu plus délicat: Orange et Sunrise sont nettement meilleur marché, globalement, que Swisscom. Difficile donc, pour eux, de mettre en place de vraies offres à la baisse. Mais ces contrats présentent tout de même l’avantage d’exclure les mauvaises surprises: on connaît le montant de sa facture… Et les tarifs restent compliqués. Orange communique sur le fait de téléphoner gratuitement à trois numéros préférés vers n’importe quel opérateur, mais oublie de dire que des minutes gratuites sont supprimées par rapport aux contrats précédents…
Les tarifs sont donc toujours difficilement comparables…
Pour une association de consommateurs, c’est très important de pouvoir comparer. Mais, sur le marché, ça ne se passe pas tout à fait comme ça. Ce qui fait vivre Orange et Sunrise, ce sont les tarifs dits « de terminaison mobile », c’est-à-dire ce que facture un opérateur pour permettre à un concurrent d’atteindre ses propres clients. Il est plus cher pour Swisscom d’avoir accès aux clients d’Orange et de Sunrise que de ces deux-là vers Swisscom. En fait, le marché est donc très régulé et rend la concurrence un peu artificielle. Si tous les opérateurs offraient exactement les mêmes produits, la concurrence ne pourrait pas se faire. Cela dit, il reste des choses à améliorer, à mon sens. Sunrise facture chaque minute entamée de conversation, Swisscom le fait par tranche de dix secondes. Certains font payer l’accès à la boîte vocale, d’autres pas. Ce sont des détails, mais ils sont bien cachés. Je trouve que ces règles-là devraient être unifiées.
Quels sont les prochains développements attendus dans la téléphonie?
L’utilisation de l’Internet mobile, qui, en fait, est encore peu répandue dans la population. Ça changera car, dans quatre ou cinq ans, on pourra surfer mobile aussi vite qu’à la maison. Une multitude de start-up planchent aussi sur des applications diverses, comme par exemple la domotique, qui permet de contrôler à distance les installations de sa maison (chauffage, surveillance, etc.).
Que pensez-vous des nouvelles offres combinées d’ordinateurs portables avec modem pour l’Internet mobile, justement?
Je pense que ce genre d’offres vont se généraliser. Il s’agit d’acquérir des équipements gratuitement ou presque, à condition de s’abonner à des services surtaxés. C’est le modèle du téléphone qui s’étend aux ordinateurs, mais aussi aux télévisions, et, à terme, à d’autres domaines. En fait, c’est une forme de leasing… Mais le problème à mon avis, c’est que les clients vont penser qu’ils partent sans payer, et se passer de comparer les prix des services…