7.7.2015, Elisabeth Kim
Comparer les frais des transferts d’argent versés aux pays en développement, c’est la très bonne idée d'une start-up lausannoise.
Non, la génération Y n’est pas obnubilée que par son petit nombril numérique. La preuve par TawiPay, une jeune pousse lausannoise lancée par Pascal et François Briod, ainsi que par Laurent Oberholzer, rencontré par l’aîné des deux frangins sur les bancs de HEC Lausanne. Leur objectif: permettre aux migrants de comparer les frais lors de l’envoi de modestes sommes d’argent, le plus souvent à destination de pays en développement. Un marché colossal, estimé à 586 milliards de dollars, que se partagent des centaines d’acteurs dans le monde, des plus petites sociétés à des géants comme Western Union, MoneyGram ou les grandes banques.
Economies substantielles
«Or la plupart des gens ignorent qu’ils pourraient faire des économies substantielles en choisissant un meilleur prestataire», explique François Briod. A juste titre, puisqu’une bonne partie des frais appliqués aux transferts, ainsi que les coûts de conversion des taux de change, restent souvent cachés, poursuit-il. Sensibilisés à cette problématique qui touche les plus démunis dès leur plus jeune âge – au travers de l’ONG de micro-crédits Direction N’Tolo au Cameroun –, les jeunes entrepreneurs ont eu l’idée de développer un comparateur en ligne, neutre et indépendant.
Sur tawipay.com, environ 240 «paires de pays» sont couvertes. En indiquant la destination et le montant, le comparateur affiche les coûts des services ainsi que les conditions des différentes sociétés. Exemple: 200 francs suisses versés au Brésil. Avec Western Union, le bénéficiaire pourra retirer immédiatement en cash mais ne touchera que 523,53 réaux brésiliens (BLR), contre 647,18 BLR via TransferWise, moyennant un délai de 3 à 5 jours et un compte bancaire (chiffres à la mi-juin, ndlr). Plus proche de nous: 300 francs destinés à une personne résidant en France qui percevra de 271,85 à 285,96 euros, selon les intermédiaires financiers.
Pour l’heure, le comparateur est loin de couvrir tous les marchés; les dirigeants de TawiPay analysant minutieusement les «corridors» de pays avant de s’y lancer. «Il faut un certain nombre d’acteurs afin de pouvoir offrir une comparaison», ajoute François Briod. Le développement du site se fait soit via les partenariats, publicitaires notamment, ou en négociant des commissions lors des paiements en ligne. Qui n’ont aucune influence sur l’affichage du classement, nous assure-t-on. «Notre valeur est basée sur la confiance des utilisateurs, qui serait mise à mal si on mettait en avant ceux qui nous paient le plus.»
Quant à la mise à jour des taux de conversion ou des frais, elle se fait automatiquement avec certaines firmes, via une intégration technique, ou par des contrôles ponctuels. Enfin, si la start-up – qui est actuellement en recherche de fonds – est soutenue par le Seco afin de développer le comparatif pour les transferts d’argent en Serbie et en Bosnie, elle précise que son plus grand marché, en termes de volume, n’est pas la Suisse. Parmi les leaders de la branche, les sociétés anglo-saxonnes, que TawiPay compte bien défier.