30.8.2016, Laurence Julliard / Apprendre à gérer son budget petit à petit évite les mauvaises surprises une fois adulte - shutterstock.com
Les premiers pas dans la vie adulte vont de pair avec l’apprentissage du coût de la vie. Modèles de fiches.
Dix-huit ans. Le temps de voler de ses propres ailes et de se responsabiliser. L’argent change de main: l’apprenti dispose de son salaire, l’étudiant au bénéfice d’une bourse la perçoit directement, idem pour le détenteur d’une rente ou d’une pension. Cette étape de vie questionne les parents: que puis-je exiger de mon grand sans l’étrangler? Mon aîné part étudier dans un autre canton et doit établir un budget, mais comment? La réponse est évidemment toute en nuances, variant selon l’aisance des parents, la somme que touche le jeune, le fait de quitter ou non le nid familial.
«A sa majorité, l’enfant a l’administration et la jouissance de ses biens, rappelle Pierrette Eicher, conseillère en budget à la FRC. Mais ses parents peuvent exiger de lui qu’il contribue raisonnablement à son entretien s’il reste à la maison. C’est dans la loi (CC, art.323). S’il ne participe pas aux tâches ménagères, je suggère aux parents – malgré leurs scrupules – de négocier un tarif horaire adapté: le jeune prend ainsi conscience qu’il bénéficie d’un service 5 étoiles qui n’est pas gratuit mais cadeau!»
De leur côté, les parents doivent pourvoir à la formation de leur progéniture et assumer les frais d’éducation, cela même au-delà de la majorité tant que la formation professionnelle est inachevée. Là encore, dans la mesure de leurs moyens et en principe jusqu’à 25 ans (CC, art. 276-277) – la limite peut être repoussée, comme l’a déjà tranché le Tribunal fédéral. «Quels que soient le cursus et son cadre (à la maison, en colocation), le budget du jeune se planifie suffisamment tôt, ajoute Pierrette Eicher. L’étudiant peut avoir un petit job pour constituer un appoint, c’est aussi une question d’égard envers les parents.» Et quand le revenu de l’un et des autres est trop modeste, des relais existent. Mais alors, mieux vaut être épaulé pour trouver des pistes adaptées. La FRC s’y emploie.
L’astuce de Pierrette: n’attendez pas la majorité pour apprendre le coût de la vie à l’enfant. Parlez de vos propres dépenses, donnez-lui un poste à gérer, puis deux, etc. Après avoir grillé tout l’argent de poche du mois en une dépense, il comprendra le sens de budgéter des postes.
Retrouvez toutes nos fiches budget selon votre situation familiale ici.
Pratique
Et le temps de l’armée dans tout ça?
Samy, son CFC tout juste en poche, vit chez ses parents. Pour le service «maison», il verse une contribution pour le loyer, en plus d’un forfait repas-blanchisserie-divers. Le jeune homme vient de recevoir son ordre de marche pour l’armée et prétend ne plus devoir de loyer au motif qu’il sera absent plusieurs semaines. En a-t-il le droit, se demande sa mère? Selon Valérie Muster, juriste responsable de FRC Conseil, le contrat – même oral – qui lie parents et enfant peut être considéré comme un contrat de bail au sens des articles 253 et suivants du Code des Obligations. L’obligation principale du locataire est de payer le loyer (CO, art. 257). La loi dispose encore que le locataire doit s’acquitter de cette obligation à la fin de chaque mois (sauf convention ou usage contraire), mais au plus tard au moment de la résolution du contrat de bail (CO, art. 257 c). La loi ne prévoit pas d’exonération de payer le loyer si la personne est absente de manière temporaire. S’agissant d’une relation parents-enfant, il s’agit évidemment de négocier un terrain d’entente et de trouver un arrangement.
Samy ne peut donc se soustraire à ses obligations de locataire, sauf s’il résilie son «bail» en observant un délai de congé de trois mois et pour la fin du terme fixé par l’usage local ou pour la fin d’un trimestre de bail (article 266 c CO). S’agissant d’une relation parents-enfant, il s’agit évidemment de négocier un terrain d’entente et de trouver un arrangement.
Cet article est paru dans FRC Mieux Choisir, numéro 91, sous le titre « Rémy et Tanguy s’émancipent ».