5.6.2018, William Lacroix et Sandra Imsand / Les sites de Coop et Migros se doivent d’être irréprochables. shutterstock.com
Zoom sur 144 produits de LeShop et coop@home: trop d’informations obligatoires et précieuses manquent.
Le consommateur qui passe commande sur internet reçoit-il les mêmes renseignements que le client qui se rend en magasin? En 2008, la FRC avait décortiqué LeShop et coop@home, relevant la piètre qualité de l’information disponible sur les produits. Dix ans plus tard, qu’en est-il? Les références analysées sont aujourd’hui au nombre de 72 (66 en 2008), choisies parmi les 12 500 produits de l’assortiment Migros et 17 000 de Coop. Pour réaliser notre sélection, nous avons pris le panier de la ménagère de l’Office fédéral de la statistique, auquel nous avons ajouté des produits transformés pour coller au plus près des habitudes d’achat. Par ailleurs, quand c’était possible, nous avons comparé les informations d’un article propre au distributeur avec celles de son équivalent de grande marque. Celui qui apparaissait en tête des propositions sur le menu du site a été retenu: de préférence non bio et de milieu de gamme, sauf quand aucune autre option n’était disponible.
Premier constat, les informations sont plus complètes et plus faciles à lire chez coop@home, notamment en matière de pays de production. La notion d’«Origine» est utilisée chez Migros de manière très floue. Ensuite, les informations sont plus lacunaires dès lors qu’on choisit des produits de grande marque plutôt que des articles propres aux distributeurs. Obligatoire depuis le 1er mai, la liste des ingrédients a été scrutée avec attention. En général, elle figure de manière détaillée et les distributeurs obtiennent de bons scores globaux: 94% pour coop@ home, 98% pour LeShop. Cependant, à y regarder plus finement, on doit relever chez Coop par exemple que les ingrédients sont indiqués dans 100% des produits maison mais seulement dans 87% de ceux de marque.
Notre pointage permet de relever un certain nombre de manquements (chiffres en exergue concernant la déclaration nutritionnelle, la teneur en sucres, les allergies), de même que quelques indications qui ne sont pas légales. Ainsi, la mention générique «huile végétale», interdite depuis 2016, figure toujours sur six fiches de produits de grandes marques. Coop et Migros se répartissent équitablement ces «oublis». Autre problème, quatre articles de LeShop indiquent une teneur en sodium, non en sel.
Barbara Pfenniger, responsable Alimentation à la FRC, regrette ces résultats, qu’elle qualifie de piètres: «Nous avons exigé de faire corriger les sites. Ces manquements sont regrettables, en particulier pour le supermarché en ligne de Migros: LeShop existe depuis vingt ans et est bien implanté en Suisse (un chiffre d’affaires de 181 mio contre 142 mio pour coop@home). Il aurait dû corriger et ajouter les informations à temps, d’autant que l’Ordonnance sur les denrées alimentaires et les objets usuels avait prévu un délai transitoire d’un an pour se mettre à jour.» Suite à notre interpellation pour que les informations légales soient disponibles pour le client, Coop s’est rapidement engagé à faire mieux et corriger les erreurs. Migros va procéder de même d’ici à fin juin.
Datation toujours dans le rouge
En 2008, la FRC avait attribué un carton rouge à Migros pour l’absence totale d’indication de la durée de consommation sur le site LeShop. Dix ans après, elle n’a toujours pas fait mieux et écope une nouvelle fois d’un carton rouge. Au contraire, Coop@home qui s’en sortait avec l’indication «délai de consommation de X jours après réception» a, aujourd’hui, étendu cette information aux produits de longue conservation tels que le pain de mie, les biscuits ou les boîtes de conserve, où l’indication était encore lacunaire en 2008. Avec une mention de cette «garantie fraîcheur» pour plus de 90% des produits, la FRC salue l’évolution de Coop@home qui ne donnait cette information qu’une fois sur deux en 2008.
En 2008, à la suite de la première enquête de la FRC, l’Office fédéral de la santé publique avait répondu que les gens qui commandent en ligne ne s’attendaient pas à obtenir des informations détaillées. «C’était une réponse inacceptable, surtout qu’on voit aujourd’hui que c’est possible et que nous disposons d’une base légale. Par ailleurs, coop@home montre qu’il est possible d’informer correctement.» Précisons encore que les manquements de LeShop ont également été dénoncés au Chimiste cantonal concerné. Reste à souhaiter qu’un prochain pointage donnera des résultats plus réjouissants et en adéquation avec la loi!