1.3.2016, Sophie Reymondin / L’enfant en difficulté peine à décrypter les consignes et doit améliorer sa méthode de travail. Ce n’est pas une semaine de bourrage de crâne qui fera un miracle! - Shutterstock.com
A l’approche des épreuves cantonales de référence, l’angoisse qu’elles génèrent profite aux écoles privées.
Mettre son enfant à l’école durant les vacances? Un non-sens, de l’avis unanime de notre comité d’experts, qui comprend un enseignant en activité, une représentante des parents d’élèves et trois spécialistes du soutien scolaire. «Ils ont droit à un repos bien mérité, dit Isabelle Thièry, responsable du Service d’appui scolaire au Centre vaudois d’aide à la jeunesse (CVAJ). Nous recommandons aux répétiteurs de faire une pause durant ce laps de temps.»
Pourtant, les cours axés sur la préparation des épreuves cantonales de référence (ECR), organisés durant la pause pascale, constituent le fonds de commerce des écoles privées, qui poussent comme des champignons dans le bassin lémanique. Leur marketing est clairement orienté vers les ECR que les jeunes passent fin avril et la peur qu’ils génèrent, surtout en 8e Harmos (vers 12 ans). Ce sont en effet les résultats de cette année-là, avec une importance variable accordée aux ECR selon les cantons, qui déterminent l’orientation vers la voie prégymnasiale ou générale. L’enjeu est d’importance, et l’inquiétude des parents légitime.
Sessions de «bachotage» à Pâques
«C’est un vrai business qui s’est développé autour des ECR, remarque Barbara Mali de Kerchove, présidente de l’Association vaudoise des parents d’élèves (apé-Vaud). Pourtant, l’utilité réelle de ce type de démarche est très relative.» Cette offre correspond pourtant aux attentes de certaines familles, vu le succès qu’elle rencontre. La FRC est donc allée enquêter auprès de ces écoles – 14 en tout – pour juger de leurs méthodes pédagogiques et du contenu de leurs cours. Les réponses fournies à nos enquêtrices confirment les doutes que cette offre a pu faire naître chez nos experts. Au moins cinq d’entre elles – Futurplus, IPcoaching, Alphalif, Mathotop et Ecole plus – proposent des sessions de «bachotage» durant les vacances de Pâques, où les enfants passent à blanc les épreuves des années précédentes.
Dans le canton de Vaud, les parents peuvent consulter librement l’ECR de l’année précédente sur le site du département, où figurent l’épreuve et le corrigé. Cela permet de se faire une idée, mais pas beaucoup plus, vu que le type d’«examen» varie d’une année à l’autre. L’épreuve est conçue sur la base du programme scolaire, qui n’a pas de secret pour l’élève, et ne joue donc pas sur l’effet de surprise. Au fond, l’enfant en difficulté a souvent de la peine à décrypter les consignes et doit améliorer sa méthode de travail. Ce n’est pas une semaine de bourrage de crâne qui fait un miracle!
Travail de longue haleine
«Nos répétiteurs favorisent une approche pédagogique et relationnelle, axée sur le long terme et les besoins spécifiques de l’enfant», explique Isabelle Thièry, responsable du Service d’appui scolaire au CVAJ. Dans cet état d’esprit, le soutien scolaire passe par l’établissement d’une relation de confiance, l’examen des difficultés et des lacunes de l’enfant, et la prise en compte de son contexte familial, à domicile: «Le soutien permet aussi d’améliorer de petites choses cruciales, comme d’avoir le réflexe d’ouvrir le carnet journalier, d’éteindre la télévision ou de ranger le bureau.» Association à but non lucratif, le CVAJ est une plate-forme qui met en contact les parents et les répétiteurs de tout le canton de Vaud, en principe sur la base d’une rétribution à hauteur de 16 à 18 fr./h pour les gymnasiens, de 20 འ22 fr./h pour les étudiants diplômés et de 24 འ26 fr./h pour les enseignants diplômés. Avec une possibilité d’aide financière pour les parents les plus démunis.
Certaines écoles privées travaillent aussi sur le modèle du répétiteur, à l’image d’Issal, qui propose exclusivement des cours individuels au domicile de l’élève. Cette prise en charge n’est toutefois pas à la portée de toutes les bourses (2400 fr./13 leçons de 1 h 30!). D’autres structures ont insisté sur le besoin d’un soutien à long terme, par exemple Repetimus, qui «part du matériel scolaire de l’élève». Cogito propose aussi un soutien personnalisé en période scolaire, individuel ou en groupe. La diversité de l’offre présente au moins l’avantage de permettre aux parents de comparer les prestations.
Les parents veulent souvent trop bien faire
Avant de recourir à une école privée, Barbara Mali de Kerchove conseille de s’appuyer sur les ressources proposées par l’école: «Si un enfant est en difficulté, le premier réflexe est de dialoguer avec l’enseignant, et d’évaluer ensemble ce qui peut être fait dans le cadre de la classe ou de l’établissement.» Ensuite, le recours au CVAJ permet de trouver un répétiteur agréé, d’en changer facilement si le courant ne passe pas, et de limiter les frais. Et, avant tout, ne pas oublier de s’interroger sur le besoin réel de l’enfant: «Souvent, les parents veulent trop bien faire. Ils ont l’impression que c’est à eux de préparer leur enfant aux ECR, alors que c’est le job de l’école, tout au long du cycle. Cette dernière devrait d’ailleurs mieux communiquer à ce sujet.»
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