30.4.2019, Aude Haenni / Au vu du succès, Jean-Jacques Madec lance un shop en ligne dédié à ce marché spécifique. Photo: Aude Haenni
Et si on misait sur une occasion plutôt que d’investir dans un appareil flambant neuf? Un vrai bon plan?
En 2018, les ventes de téléphones portables ont connu leur plus forte baisse de l’histoire. Le marché mondial est saturé: parce que les consommateurs en changent moins souvent, et parce qu’ils privilégient de plus en plus l’achat d’occasion. Dans cette veine-là, la tendance du reconditionné se démocratise. De quoi parle-t-on? Il s’agit d’un smartphone qui a déjà servi – avec des traces d’usure plus ou moins marquées – qu’on remet en vente après avoir effacé ses données et qu’un professionnel a nettoyé et contrôlé. L’appareil coûte entre 20% et 50% moins cher qu’un neuf, tout en étant 100% fonctionnel. «Contrairement à une vente entre particuliers, vous êtes sûr de le recevoir, tous accessoires compris. Et vous bénéficiez d’un service à la clientèle ainsi que d’une garantie», prône Jérôme Grandgirard, à la tête de RS Switzerland, filiale suisse de Recommerce Group.
Spécialisées dans la seconde vie mobile, les marques européennes Recommerce, Remade ou Renewd se sont ainsi frayé un chemin en Suisse chez quelques opérateurs, parmi les ventes privées en ligne et dans certains rayons high-tech où la demande est plus forte que l’offre. «Nos partenariats avec des entreprises et des boutiques ne suffisent pas, et les clients privés ne songent pas suffisamment à revendre leurs téléphones. Ce créneau mérite d’être mieux connu», déplore Jérôme Grandgirard. A ce titre, une application lancée en mars, Swisscom Buyback, facilite les démarches.
L’ambition de tout reconditionner
Même engouement chez Microwest, dans le canton de Neuchâtel. Cet atelier de réparation s’est aussi lancé dans le «seconde main» professionnalisé et voit ses ventes progresser de 10% chaque année. Mais Jean-Jacques Madec est chatouilleux sur le vocabulaire. «A mon sens, reconditionné veut dire que tout a été changé, sauf la carte mère, bien souvent par des pièces de piètre qualité et par une main-d’œuvre pas toujours qualifiée, explique le réparateur. Ici, nous travaillons sur ce qui ne fonctionne plus, et remplaçons ce qui doit l’être par des pièces officielles.» (Lire encadré.) Les appareils, testés au préalable par les fournisseurs, sont contrôlés par l’équipe de techniciens sur un total de 38 points, de la caméra à la batterie, en passant par le bouton du volume et la torsion de la coque. Et le résultat final convainc. «Il y a vraiment de l’intérêt de la part de la clientèle, que ce soit pour offrir ou s’offrir un téléphone moins cher, voire remplacer un téléphone dont la réparation serait trop coûteuse.»
La démarche écologique est aussi un facteur qui pèse considérablement pour se tourner vers ce type d’offre. Tant pour le consommateur que pour l’entreprise de Jean-Jacques Madec. «Les ressources – terres rares ou métaux précieux qui entrent dans la fabrication des appareils – ne sont pas inépuisables, il faut miser sur la deuxième vie d’un produit.» A l’heure actuelle, faire revivre un Sony ou un HTC à l’agonie, ainsi que certains modèles Huawei, reste malheureusement trop cher et trop complexe. Le spécialiste espère qu’à l’avenir, toutes les marques seront plus facilement réparables. Jérôme Grandgirard voit même plus loin: «En France, on voit arriver sur le marché des aspirateurs Dyson reconditionnés, note-t-il. D’autres pays sont plus matures que nous à ce niveau, il n’y a pas de raison que nous ne suivions pas la tendance!»