4.5.2021, Laurianne Altwegg
Il n’y a pas une mais des agricultures. Comparaison et éclairage.
Tunnels en plastique
Suisse: 30% | Espagne 100%
Sensibles au gel et à la pluie, les fraises sont souvent protégées par de grands tunnels en plastique (3 à 5 m). Ils génèrent beaucoup de déchets (un film dure deux à trois saisons seulement), mais permettent d’avancer la récolte et d’obtenir plus de fruits à l’hectare. Ceci explique en partie le rendement inférieur en Suisse où 70% des fraisiers sont à l’air libre. A Huelva, 82% sont sous de grands tunnels comparables aux suisses et 18% sous des micro-tunnels recouvrant uniquement les buttes. Les serres en verre sont rares, même pour le hors-sol.
Culture sur butte
Suisse: 51% | Espagne 96%
Alignés à distances régulières, ces monticules de terre de 50 cm à 1 m augmentent le drainage, réduisent les risques de maladie et de champignons et permettent d’avancer la récolte lorsqu’ils sont recouverts d’un film de polyéthylène noir (chaleur accrue). L’utilisation de plastique à usage unique augmente les déchets, mais réduit les besoins en herbicides et se combine avec un système de goutte-à-goutte qui optimise les apports en eau et en nutriments. La culture sur butte est la plus répandue en Suisse comme en Espagne, y compris en bio.
Hors-sol
Suisse: 20% | Espagne 4%
Il permet de prolonger les périodes de production, de réduire les coûts de main-d’œuvre (récolte plus rapide) et d’augmenter le rendement au mètre carré. En Suisse, le hors-sol est utilisé pour les variétés remontantes (plusieurs récoltes, comme pour la Mara des bois). Il nécessite toutefois un haut niveau technique et des coûts d’installation de 4 à 18 fois plus élevés qu’en pleine terre. Le choix du substrat (tourbe, coco, compost) est également critique pour évaluer l’impact sur l’environnement. Tout comme le recyclage ou non des eaux de drainage, afin de réutiliser les nutriments. La complexité des infrastructures a aussi tendance à plomber son bilan carbone. Côté espagnol, le hors-sol en mode intégré se distingue du conventionnel, car il influence drastiquement le volume d’engrais utilisés ainsi que la pollution de l’eau et de l’air. Bien que moins de traitements phytosanitaires soient nécessaires, les cultures sur substrat souffrent des mêmes problèmes sanitaires que celles sous tunnel.
Production intégrée
Suisse: 94% | Espagne 76%
La majorité des surfaces sont exploitées en production intégrée (PI). En Suisse, les exigences correspondent aux prestations écologiques requises (PER) que doivent respecter les producteurs qui veulent toucher des subventions, soit une utilisation restreinte ou interdite de pesticides et engrais de synthèse. A Huelva, les exigences de la PI sont moindres: davantage de pesticides sont autorisés, tout comme la désinfection chimique du sol, alors qu’elle est interdite en PI suisse. Une pratique qui découle de l’absence de rotation des cultures qui les rend plus sensibles aux maladies et ravageurs. Alors qu’en Suisse, une pause de trois ans pour régénérer le sol et favoriser la biodiversité est prévue après maximum trois récoltes.
Agriculture conventionnelle
Suisse: 0% / Espagne: 22%
Les exigences étant moins strictes qu’en PI, son impact sur l’environnement est plus important. Difficile toutefois pour le consommateur de savoir si les fraises espagnoles qu’il achète sont de production intégrée ou conventionnelle.
Le bio
Suisse: 6% | Espagne 2%
En bio, seuls des produits phytosanitaires et engrais spécifiques sont autorisés. Bio Suisse interdit le hors-sol, mais autorise la culture sur butte sous film plastique et les tunnels (30% des surfaces), car ils endiguent les maladies fongiques et protègent des aléas de la météo en l’absence de pesticides de synthèse. Par ailleurs, le bio européen est moins strict que Bio Suisse, à moins de porter le label Le Bourgeon.
L’évaluation de la FRC