30.8.2016, Laurence Julliard / Photo: Jean-Luc Barmaverain
La toile qui vire au bleu, le client qui voit rouge et un vendeur qui donne son feu vert. Happy end!
Noir, c’est noir, et en matière de résolution de litige, il y a de l’espoir. En atteste la mésaventure arrivée au fils de Jacqueline Lepetit. Déroulant le fil de l’histoire, notre membre raconte: «En mai, se rendant dans la boutique Diesel de l’outlet d’Aubonne (VD), mon fils s’est fait conseiller dans l’achat d’un jean. Noir, a-t-il fortement insisté, la teinte étant importante à ses yeux. Et la vendeuse l’a rassuré sur ce point.»
De retour chez lui, la nouvelle acquisition file en machine. Hélas, le pantalon ressort du tambour… bleu. Les indications de lavage du fabricant ont pourtant été suivies scrupuleusement: 30 °C, avec une lessive couleur et sans adoucissant.
Ni une ni deux, le Vaudois retourne à la boutique pour signaler le défaut, mais se voit opposer une fin de non-recevoir par la vendeuse. Motif? Il n’y a pas eu d’autre réclamation et rien ne prouve que le lavage en machine a été effectué dans le respect des indications de lavage. A 139 fr. le denim, notre membre, très remonté, n’entend pas en rester là. Il soumet donc le pantalon à l’oeil expert de Lucilla Croquelois, l’experte textile de FRC Conseil. «Certaines parties du tissu – ceinture et coutures – sont restées noires, note-t-elle. Cela confirme qu’au moment de la vente, l’article correspondait bien au souhait du client.» Impossible de déterminer sur la base du vêtement si le lot dont il est issu a justement fini sur les étals d’un outlet parce que sa couleur n’est pas stabilisée.
Confiance entamée
Il n’empêche, grâce à l’intervention d’Isadora Stäuble, juriste auprès de FRC Conseil, le client a pu obtenir satisfaction sur la base de l’article 197 du Code des obligations. Celui-ci dispose que le vendeur est tenu de répondre envers l’acheteur de l’absence d’une qualité promise: noir, c’est noir. Sa confiance en la marque ayant été ébranlée, le client a demandé à se faire rembourser le jean, comme la loi l’y autorise (CO, art. 205, al. 1), plutôt que d’opter pour une réduction de prix sur l’article ou un échange. Les puristes du jean vous le diront: on ne badine pas avec la qualité d’un denim, conçu pour résister à toutes les modes et à l’usure du temps.
Pratique
Le saviez-vous?
VENTE | Sur les étals, la durée de vie d’un vêtement est si courte qu’il entre rapidement dans la catégorie des invendus. Il peut finir soldé ou sur les étals d’un outlet. Dans ce type de magasin, le client ne doit pas forcément renoncer à la qualité en imaginant qu’un prix plus doux équivaut à baisser en exigences.
MAUVAISE PRATIQUE | «Sachez aussi que la pratique qui consiste à reteindre des lots pour répondre rapidement à la demande existe chez certains fabricants», prévient Lucilla Croquelois. Méfiez-vous des trop bonnes occasions et frottez vos doigts sur le tissu pour voir comment il dégorge.
ENTRETIEN | Pour faire durer un jean, lavez-le à l’envers et plutôt à froid pour prévenir la décoloration. Un détergent liquide sera plus doux pour la couleur. La toile dégorge jusqu’à devenir claire, aussi nettoyez la séparément ou avec des couleurs similaires. Faites sécher à l’air libre.