2.6.2015, Laurianne Altwegg / Shutterstock.com
Fini le jardin qui ressemble à un terrain de golf: pour le bien des écosystèmes, on arrête le propre en ordre.
Le retour à une nature moins domestiquée a été initié par des collectivités publiques il y a longtemps. Prairies et fleurs sauvages ont donc repris leurs droits en ville: elles contribuent ainsi à la diversité des espèces indigènes et à la préservation de l’habitat de la petite faune, grâce à un entretien nécessitant moins de produits phytosanitaires. D’abord surprise, la population s’est laissé convaincre, délaissant peu à peu les pelouses stériles. Jardins privés et balcons cultivent désormais le laisser-faire… Enfin, pas tout à fait.
Sachets peu transparents
Les producteurs de graines se sont évidemment engouffrés dans la brèche. Ils proposent des mélanges pour attirer papillons et autres pollinisateurs, et pour cultiver fleurs des champs ou sauvages. Ils sont si nombreux que le jardinier amateur peine à s’y retrouver. Premier réflexe, optez pour des espèces indigènes dont les graines ont été récoltées en Suisse. «Elles ont des particularités génétiques appropriées, ce qui n’est pas forcément le cas de celles cultivées à l’étranger», indique François Felber, directeur des Musée et Jardins botaniques cantonaux vaudois.
Le hic, c’est que certains sachets ne donnent ni l’origine ni les variétés de leur contenu. La marque Samen Mauser (Migros et Jumbo) fait état d’une Swiss Selection: hardi qui peut prétendre ce que signifie cette mention. Les mélanges Select (Jumbo) sont encore plus obscurs quant à leur composition: le Pré fleurie (sic) Dolce Vita ne renseigne ni sur les espèces ni sur leur provenance. En revanche, le site samen-select.ch propose des mélanges de fleurs estampillées «écotypes suisses». Prudence toutefois: même si une grande part des semences est d’origine suisse, les mélanges du commerce associent souvent des variétés d’origines diverses, indique Infoflora. Des croisements qui conduisent à une perte d’adaptation locale et à moins de diversité biologique et génétique.
Conseils d’expert
Privilégiez donc la garantie d’origine et évitez de semer des graines à la provenance inconnue, comme les sachets promotionnels reçus parfois sur des stands ou par courrier. François Felber recommande la «Prairie fleurie originale CH-G» de la marque UFA (coopératives Landi) ou la «Prairie fleurie Flora Suisse®» de chez Eric Schweizer (disponible en jardineries). Idéalement aussi, s’agissant de plantes ornementales ou alimentaires, optez pour les mélanges bio, comme ceux de Zollinger, Andermatt ou Sativa. Autre alternative, le mélange de fleurs sauvages de Coop, recommandé par Pro Natura et certifié Bio Suisse.
Il ne suffit pas de laisser mère Nature agir, encore faut-il tenir compte de la qualité du sol: ainsi, sur un terrain gras, l’herbe reprend vite le dessus. Les fleurs disparaissant en deux-trois ans, il faut resemer. Rappelons encore que ces diverses variétés, rustiques et robustes, permettent de vous passer d’herbicides et d’engrais, contrairement au gazon, à l’entretien exigeant. Chaque jardin étant particulier, apprenez à le connaître et soyez attentif aux espèces qui s’expriment naturellement: «N’arrachez jamais ce que vous ne connaissez pas: vous pourriez rater de jolies surprises!» ajoute notre expert en biodiversité. Quant à la fauche tardive d’un coin de verdure (après le 30 juin), elle offre un habitat de choix aux sauterelles, qui aiment les herbes hautes. Un plan d’orties vous garantit, lui, la présence de nombreux papillons.
Pour aller plus loin, consultez, en version PDF, la Charte des jardins du site Energie-environnement.