2.12.2015, Camille Destraz
Les punaises de lit sont un vrai cauchemar. La détection canine se révèle indispensable avant de tout traiter.
Genève, un mardi de novembre. Didier Frey parque sa camionnette où trois chiens attendent sagement. Lancée en 2011, sa petite entreprise de détection canine de punaises de lit Scanbug est très sollicitée et intervient dans tout le pays. Aujourd’hui, les visites s’enchaînent dans la Cité de Calvin, où le problème est massif. Maïlo, dressé en Floride, entre dans le premier appartement. Une forte odeur d’insecticide flotte dans ce quatre-pièces très encombré. «Il ne faut jamais sprayer, explique Didier Frey sur un ton bienveillant. Tout ce que vous réussirez à faire, c’est disperser les punaises.»
Devant le lit parental, Maïlo promène sa truffe le long du cadre, s’arrête net, s’assied. «Show me» (montre-moi), lui demande son maître. Le labrador fait un signe de tête de haut en bas. Rebelote devant le canapé du salon. Le verdict est clair: l’appartement est contaminé. «C’est le début, mais vous allez avoir un travail titanesque», prévient le spécialiste. La locataire garde son calme malgré son désarroi. Ce n’est pas toujours le cas. «J’ai vu des gens péter les plombs, s’effondrer.»
Et on peut le comprendre: la procédure de décontamination est lourde. Il faut laver tous les habits à 60° degrés, fourrer toutes les affaires dans des sacs-poubelle, les congeler à –20°C pendant 72 heures dans un entrepôt spécialisé, démonter les plinthes, subir deux salves de traitement insecticide… Hélas, ce protocole ne garantit pas que le problème sera réglé! Ces insectes suceurs de sang peuvent en effet rester jusqu’à deux ans sans se nourrir, puis ressurgir sournoisement. Voire venir d’un appartement voisin sans que personne ne le sache.
En vacances, Stéphanie a été mordue après une nuit dans une maison d’hôte. Au retour, toutes les valises sont passées par la case congélation. «Après les avoir ramenées chez nous, j’avais encore un doute. J’ai fait appel à Scanbug, et le chien n’a détecté ni oeufs, ni nymphes, ni punaises adultes. Cette confirmation m’a permis de tourner la page.»
Ce mardi-là, Maïlo visite un second appartement. Là, le chien «signe» devant le lit des parents, dans le couloir, et dans la chambre de leur enfant de 2 ans. Les autres pièces sont saines, à l’immense soulagement du couple, qui ne sait pas encore si la régie prendra en charge les frais de décontamination. «Une entreprise est venue hier et nous a dit qu’il fallait tout traiter. On a voulu faire venir le chien avant pour confirmer. » A coup de plusieurs centaines de francs par pièce à traiter, mieux vaut tenter de limiter les dégâts…
Didier Frey donne des instructions, établit le rapport que les locataires remettront à l’entreprise de décontamination, puis repart traquer la punaise dans les maisons, les hôtels, les cabanes de montagne, les trains ou les avions.