Service à domicile

Profession: livreur. Particularité: l’opacité du métier

Le flou qui entoure les prestataires ne facilite pas la vie du client dans ses choix éthiques.

Alimentation

27 mai 2020

Bien qu’ils soient omniprésents dans les villes, il règne autour des livreurs de repas à domicile une certaine opacité, en particulier concernant leurs conditions de travail. Employés de la société quand ils sont embauchés par des plates-formes comme Smood ou Takeaway, ils bénéficient d’assurances sociales, d’horaires de travail déterminés à l’avance et de salaires fixes.

Dans d’autres structures, comme Uber Eats, les livreurs ont un statut d’indépendant. «Le problème principal, c’est que ces plates-formes n’assument pas leur rôle d’employeur, estime Jean Christophe Schwaab, spécialiste en droit du travail et membre du Comité directeur de la FRC. Mais vu le contrôle, la surveillance, les contraintes décidées par le site, la relation de dépendance et de subordination, il est aberrant de parler d’indépendant. En agissant de la sorte, ces plates-formes reportent le coût sur la collectivité puisque les livreurs n’ont souvent ni deuxième pilier ni assurance contre la perte de revenus en cas de maladie.»

Uber Eats, de son côté, fait l’éloge de la souplesse du système, puisque les livreurs sont «libres de se connecter si, où et quand ils le veulent» et qu’en Suisse, «40% des livreurs utilisent l'application Uber Eats moins de 5 heures par semaine et 75% des coursiers utilisent l'application moins de 15 heures par semaine», explique un porte-parole.

C’est le cas de Joël (nom connu de la rédaction), qui travaille parfois pour la plate-forme américaine pour arrondir ses fins de mois. Lui apprécie cette liberté, mais seulement parce qu’elle s’adapte à ses horaires et à son train de vie d’étudiant. «C’est flexible mais quand même assez contraignant, et surtout je ne sais jamais vraiment à l’avance combien je serai payé», explique le Genevois. Le porte-parole précise: «Les revenus varient selon les jours de la semaine, les heures de connexion et d'autres facteurs. En outre, il existe des primes et des systèmes de rémunération spéciaux à certains moments de la journée où les salaires sont encore plus élevés.» Un système assez compliqué, au final.

Transparence souhaitable

Au plus fort de la crise sanitaire, le syndicat Unia voulait faire suspendre les activités de livreurs de repas à domicile à Genève, estimant que leur santé n’était pas assez protégée. Uber Eats affirme quant à lui soutenir tout livreur diagnostiqué positif au Covid-19 ou placé en quarantaine individuelle par une autorité de santé publique. «Les livreurs qui se trouveraient dans ces situations recevront une indemnisation pendant une période pouvant aller jusqu'à 14 jours.»

Au vu du manque de transparence, il est difficile en tant que consommateur de se positionner. «On peut essayer de choisir un service qui traite correctement ses employés pour soutenir un modèle respectueux, conseille Jean Christophe Schwaab. Cela permet également d’avoir un partenaire contractuel vers qui se tourner en cas de problème plutôt que de devoir chercher le livreur indépendant.» Un choix pourtant compliqué au vu du manque de transparence des plates-formes sur cette information. «Quand on paie, on ne sait pas qui reçoit quoi entre le restaurant, le livreur et le service.»

Pour aller plus loin: notre dossier Economie du partage

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