3.7.2018, Laurianne Altwegg / L’idéal, une simple étiquette autocollante marquant le bio plutôt que de trop emballer. Photo: Jean-Luc Barmaverain
Mise à jour le 16.07.2018
Les solutions pour se libérer du pétrole existent et elles sont souvent plus respectueuses de l’environnement. Les explications de Bio Suisse.
Pas plus d’emballage que nécessaire, et aussi peu que possible: le credo de Bio Suisse semble bien peu appliqué dans les rayons bio des supermarchés où le plastique est omniprésent. Eclairage de Pascal Olivier, responsable de l’Antenne romande du label au Bourgeon.
Utiliser du plastique pour emballer les produits bio: est-ce une exigence légale?
Non, la loi n’impose aucun matériau d’emballage. Elle exige uniquement d’identifier et de différencier les produits bio tout au long de la chaîne de production (transport, stockage, distribution) afin de garantir leur qualité et leur traçabilité. Cela peut donc être fait différemment.
Quelles sont les exigences de Bio Suisse en matière d’emballage?
Nos directives sont plus exigeantes que la loi, mais concernent seulement les produits Bourgeon (à part Coop qui est preneur de licence, les autres distributeurs possèdent leurs propres labels, ndlr). Bio Suisse décide quels matériaux peuvent être utilisés et axe le choix sur le type d’emballage le plus écologique possible, notamment les systèmes réutilisables et les matériaux à base de matières premières recyclables ou renouvelables (verre ou carton par exemple). Il n’y a toutefois pas de consigne particulière concernant le plastique.
Bio Suisse n’impose donc pas les emballages plastique aux distributeurs?
Non, les preneurs de licence décident seuls comment ils souhaitent respecter la loi et le cahier des charges de Bio Suisse. Ce qui explique d’ailleurs pourquoi on trouve des produits bio non emballés dans de petites enseignes ou dans la vente directe. A part ce qui est spécifiquement interdit (suremballage ou matériaux contenant du chlore p. ex.), les formules ne sont que potestatives.
Quelles sont les alternatives possibles?
Dans bien des cas, il est possible d’utiliser des étiquettes. Une étude de 2012 a démontré qu’il s’agit là de la solution la plus écologique, même si le matériau utilisé est rarement compostable et que le consommateur doit prendre le réflexe de les décoller avant de mettre ses épluchures au compost. Pour certains fruits à peau dure, il existe aussi le marquage au laser, une solution d’avenir mais qui n’est pas encore utilisée pour les produits Bourgeon. Pour limiter le plastique, on peut aussi entourer le fruit d’un bandeau (avocat), se servir de barquettes en carton (denrée fragile comme l’abricot, la fraise) ou encore de filets. Il est important de choisir l’emballage le plus approprié selon la fonction recherchée (sécurité, hygiène, etc.).
Est-il vrai qu’il peut y avoir des transferts si un légume bio touche un légume conventionnel?
Les contaminations existent, mais nous n’avons pas mené d’étude à ce sujet. Il semblerait qu’elles surviennent principalement lors de la manipulation des fruits et légumes, donc via les mains des employés ou des clients. D’où l’intérêt d’emballer les aliments pour garantir l’absence de tout résidu de pesticide.
Quel regard porte Bio Suisse sur les écobilans favorables au plastique, utilisés pour justifier ce choix?
Les résultats dépendent de la pondération et de l’appréciation des facteurs pris en compte. Du point de vue de Bio Suisse, les matériaux plastique ne constituent pas forcément un problème s’ils sont correctement éliminés et recyclés. Le label recommande toutefois la diminution de notre dépendance au pétrole y compris dans le domaine des emballages.