28.5.2014, FRC / Shutterstock.com
Ce 28 mai, M. Prix sort un rapport sobrement intitulé «Prix et coûts». Le document met en lumière dix facteurs qui contribuent à maintenir des prix élevés en Suisse. Cet état des lieux va permettre à la FRC de déployer des mesures pour maintenir la pression.
Jusqu’ici, la FRC avait le Baromètre des prix comme outil pour dénoncer les prix pratiqués sur plus de 1800 produits en Suisse et les écarts les plus choquants avec l’étranger; désormais, votre association peut aussi s’appuyer sur le catalogue de mesures publié par le Surveillant des prix pour renforcer la pression sur les fabricants et les distributeurs. Le 28 mai, M. Prix vient en effet de diffuser un état des lieux des facteurs qui contribuent à maintenir de manière surfaite des tarifs plus élevés à l’intérieur des frontières helvétiques et son plan d’action en 10 points. Une première, qui complète judicieusement nos pointages réguliers. Petit échantillon des éléments saillants aux yeux de la FRC.
Le mythe des salaires élevés
Le poids de la masse salariale, c’est l’éternelle excuse des patrons pour justifier des prix élevés en Suisse. Il est vrai que les salaires bruts y sont plus élevés, néanmoins le coût unitaire de la main-d’œuvre est proche de celui des pays voisins, la productivité du travail helvétique est élevée et le marché est plus souple en matière de règlementations du travail, réduisant considérablement le poids cet argument. Dans le même ordre d’idées, fabricants et distributeurs nous assènent également comme motifs des prix des loyers et de l’immobilier beaucoup plus coûteux. C’est oublier un peu rapidement des taux hypothécaires bas et attractifs qui compensent partiellement ces inconvénients, relève le rapport.
Le poids de la pub
On ne parle jamais de ce facteur dans la fixation des prix. Or, en Suisse, la dépense publicitaire par habitant est de 730 francs contre 200 à 300 francs en Allemagne, par exemple. Les producteurs interrogés anonymement dans le cadre du rapport font état de frais très élevés puisque la moitié du coût d’un produit serait imputable aux seuls frais du marketing. Mais, mauvaise pioche: il se trouve que le consommateur suisse est friand de produits de marque, auxquels il reste fidèle. Dès lors, la FRC estime légitime de se demander si les marques ne surinvestissent pas ce segment d’activité.
Le dédouanement
Le secteur des douanes est un champion des lourdeurs administratives. A titre d’exemple, un transporteur ne peut pas se présenter au poste de douane qu’il souhaite; il en résulte des heures d’attente qui renchérissent le coût des produits à dédouaner. La mesure la plus simple consisterait donc à faciliter le dédouanement commercial des importations, et, par conséquent, à créer davantage de concurrence. Plusieurs motions parlementaires traitant de simplifications de procédure pour les PME sont en cours, reste qu’il est impossible aujourd’hui de pronostiquer leur calendrier politique…
Le transport
Il paraît absurde qu’un transporteur ne puisse pas faire Paris-Genève-Zurich. Et pourtant, cela fait l’objet d’un accord bilatéral sur les transports terrestres avec l’Europe. On appelle cela le cabotage. Le transport d’un Etat de l’Union européenne vers un autre – le grand cabotage – a été libéralisé en 2005. Mais le cabotage national, à savoir le fait d’avoir deux points de chute dans le même pays, reste interdit, en Suisse comme en Europe. Aujourd’hui, rien ne permet de remettre cet accord en question.
Et le consommateur dans tout cela?
«Promettre que le plan d’action de M. Prix puisse se répercuter sur le prix que paiera le client final est impossible, prévient Nadia Thiongane, économiste à la FRC. Tout le défi consiste à décloisonner un marché pour développer la concurrence et faire baisser les prix. Ce rapport a cependant le mérite de mettre le doigt sur les facteurs sur lesquels la FRC va pouvoir agir.»