30.3.2023, Laurianne Altwegg
À l’heure actuelle, le secteur du numérique est responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) selon l’Agence française de la transition écologique (Ademe), soit plus que le transport aérien civil. Un chiffre qui pourrait doubler d’ici à 2025, dépassant les émissions actuelles des voitures. Quelques gestes pour limiter les activités le plus polluantes.
Selon l’étude publiée en 2022 par cette même agence et l’Autorité de régulation des communications, 78% de l’impact environnemental du numérique est lié à la phase de fabrication. Ceci en raison de l’extraction des métaux rares effectuée dans des pays où l’énergie provient majoritairement de ressources fossiles. Seuls 21% proviennent de la phase d’usage. Raison pour laquelle il est essentiel de faire durer au maximum son matériel – notamment en le réparant – et de ne pas forcément acheter du neuf (reconditionné, occasion ou location).
Du fait de notre utilisation quotidienne de ces appareils, ce premier article d’une série dédiée au numérique se concentre toutefois sur les gestes permettant de réduire rapidement l’empreinte liée à son usage.
Tout invisible qu’elle est, une donnée numérique n’est pas sans effet!
Les innombrables données produites par le numérique nécessitent de l’énergie pour transiter ou être stockées (routeurs, serveurs, datacenters, etc.). Rien qu’en Suisse, les serveurs et centres de données qui y sont hébergés consomment 2,1 milliards de kilowattheures (kWh), soit 4% de l’électricité. Une consommation qui pourrait prochainement atteindre les 3,5 milliards de kWh selon l’Office fédéral de l’énergie.
Frédéric Bordage, fondateur de l’association GreenIT et auteur de plusieurs ouvrages sur la sobriété numérique, estime qu’une seule minute sur internet dans le monde correspond à 70 000 heures de films regardés sur Netflix, 5 millions de vidéos vues sur Youtube, 600 000 photos envoyées sur Snapchat, 4 milliards de recherches Google, 500 000 tweets et 100 millions de spams! Des chiffres qui donnent le vertige.
Comment limiter l’explosion de données?
En commençant par limiter les activités les plus polluantes, c’est-à-dire:
Les vidéos
Ce sont 80% des données du web!
En regarder moins bien sûr, ou réduire la résolution et les regarder en wifi limite leur impact, tout comme le fait de les télécharger au lieu de les streamer. De manière générale, il est conseillé de désactiver la 4G autant que possible pour privilégier le wifi, jusqu’à 25 fois moins gourmand. Désactiver la lecture automatique dans les applications (p. ex. Netflix) limite aussi les données.
Les réseaux sociaux
Facebook pèserait à lui seul 645 millions de kg de CO2.
Il est conseillé de désactiver la lecture automatique des vidéos dans les applications, de réduire la qualité des photos et vidéos publiées et de mettre en place un économiseur de données. Marche-à-suivre.
Les e-mails
293 milliards de mails sont envoyés chaque jour dans le monde. Un simple mail émet 4g de CO2 et jusqu’à 50g avec une pièce jointe volumineuse.
La solution consiste à faire le ménage dans sa boîte, se désinscrire des listes de diffusion inutiles, installer un antispam, réduire au strict nécessaire le nombre de destinataires et limiter ou alléger les pièces jointes. Un conseil valable pour toutes les applications de messagerie.
Les moteurs de recherche
Il faut compter 1,66Wh pour chaque minute de recherche sur internet.
Eviter la recherche en tapant l’adresse du site ou en cliquant sur un favori divise par 4 les émissions de GES. Sinon, utiliser des mots-clés précis, se servir des flèches (p. ex. précédent) de la barre d’outils pour éviter le rechargement des pages ou encore choisir un navigateur plus économe (p. ex. Firefox).
Pour aller plus loin
L’outil mis en ligne par l’Ademe et récemment mis à jour permet de mieux connaître son empreinte numérique personnelle (matériel comme usage).
Rendez-vous sur longuevieauxobjets.gouv.fr