4.3.2025, Anne Onidi / Dix-neuf mélanges et un constat: la clientèle ne sait finalement pas ce qu'elle achète!
Sept paquets sur dix-neuf indiquent la composition: très maigre récolte d’information! La part de plantes indigènes pourrait être meilleure.
Il va être temps de semer quelques plantes annuelles qui nourriront les insectes. La FRC a acheté 19 mélanges de graines, en magasin et en ligne. Certains sont destinés aux abeilles sauvages ou domestiques, papillons et autres auxiliaires. Sept pochettes annoncent clairement leur composition avec la liste des espèces présentes. Pour d’autres, l’information se trouve sur le site web du fabricant. Pour les dernières, il a fallu demander. Question restée sans réponse pour le produit Mauser, exclu du classement.
Si l’on se fie aux informations reçues, les sachets renferment des semences de 7 à 34 espèces. À voir ce qu’elles produisent une fois semées; en effet, en se prêtant à cet exercice en 2021, l’émission alémanique Kassensturz avait eu de drôles de surprises… en découvrant, par exemple, que seul un tiers des espèces indiquées avaient germé et que treize autres étaient apparues!
Pour qui veut favoriser la biodiversité, les espèces indigènes sont à privilégier. Ervan Rutishauser, directeur adjoint d’InfoFlora, centre d’information sur les plantes sauvages, et président de Pro Natura Genève, a donc examiné nos mélangespour savoir s’ils en contiennent en suffisance. Les taux varient beaucoup d’un paquet à l’autre: certains contiennent 20% de plantes indigènes, d’autres 100%. Idéalement, les graines devraient être d’écotype suisse (avoir les caractéristiques des plantes sauvages du pays). Mais cette information, seul le paquet de Select Fleurs sauvages des champs la donne. Or l’indication est précieuse pour un achat.
Le biologiste a par ailleurs noté la présence d’espèces problématiques. D’abord, le lupin, interdit en Suisse sous sa forme Lupinus polyphyllus, en raison de son caractère envahissant. Les mélanges Zollinger pré fleuri pour auxiliaires et Kiepenkerl Bienenfutterpflanzen contiennent du lupin. Zollinger a répondu que celui de son mélange est du Lupinus angustifolius, une variété non envahissante. Kiepenkerl n’a pas apporté de précision, le doute subsiste donc.
Ensuite, le Coreopsis grandiflora, présent dans le mélange pour papillons de Zollinger. Cette espèce a nouvellement été décrite comme envahissante au Tessin; et cela pourrait s’étendre à tout le pays. D’autres mélanges contiennent une forme de Coreopsis différente, non envahissante. Enfin, l’Impatiens balsamina du Nectar pour insectes de Select pose problème, car il s’agit potentiellement d’une espèce interdite en Suisse, toujours pour la même raison.
Plantes mellifères: le grand écart
De son côté, la FRC a recherché dans les compositions les espèces favorables aux abeilles sauvages référencées par Wildbiene + Partner. Et retenu celles que l’Office fédéral de l’agriculture intègre dans ses mélanges pour organismes utiles. Nous avons comptabilisé entre 18 et 79% d’espèces bénéfiques pour les insectes. Fait surprenant: les mélanges pour abeilles ne sont pas toujours les plus riches. Si l’Apéro pour les abeilles (oui, c’est bien son nom et il est tout trouvé!) en contient bien 79%, le mélange Bienenfutterpflanzen n’en recèle que 20%.
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