8.10.2013, Nicolas Berlie / Illustration Shutterstock / JMiks
Après avoir surfé sur un site pour adultes, des internautes se sont retrouvés abonnés à un service payant.
En septembre, la FRC a reçu plusieurs témoignages épinglant les méthodes de certains sites pornos. Scénario: nos interlocuteurs consultent un portail de vidéos X depuis leur smartphone. Quelques jours plus tard, ils reçoivent un coup de fil; on leur demande leur adresse postale pour envoyer une facture de 79 fr. 90, taxe mensuelle d’abonnement à un service de vidéo à la demande (VOD). Derrière cette façon de faire très cavalière, la société Paypay, à Schwyz.
Olivier a ainsi été harcelé par le numéro 055 511 01 24. Quand on lui demande son adresse, il refuse d’obtempérer et conteste avoir conclu un abonnement. Retors, son correspondant lui dit que le seul moyen de résilier le contrat est d’accepter la facture puis de la contester. Le tort d’Olivier? Avoir transmis son numéro de portable en visitant un site coquin.
Le cas n’est ni isolé ni nouveau: il y a un an déjà, cas traité par la FRC, une dame s’était retrouvée dans la même situation, alors même qu’elle ne s’était jamais rendue sur internet! Idem en Suisse alémanique ce printemps: dans des cas relayés par l’émission Kassensturz, des personnes ont été trompées par des appels venant soi-disant de Swisscom ou de La Poste. Quelques jours plus tard, elles recevaient une facture de Paypay.
Une méthode contraire à la Loi contre la concurrence déloyale, relève le Secrétariat d’Etat à l’économie. D’ailleurs, il a envoyé une lettre d’avertissement à Paypay en mai. Néanmoins, face au regain d’activité de Paypay en Suisse romande, le Seco reste attentiste, estimant les «faits peu clairs».
Problème: Paypay (Obligo SA depuis août 2014) est une société de recouvrement, chargée de la facturation pour des sociétés de VOD comme Pulsira et Televox . Contrairement à un service facturé par un opérateur, l’Office de conciliation des télécommunications n’est pas compétent.
L’affaire pose aussi une question technique: dans un cas au moins, la victime n’a pas transmis ses coordonnées téléphoniques. Suffit-il donc de surfer avec son smartphone pour qu’un site puisse pêcher le numéro? Un scénario «suspect mais pas impossible», estime Pascal Junod, professeur à la HEIG-VD. «Beaucoup de navigateurs ont des bugs qu’un site peut exploiter.» Un scénario d’autant plus plausible sous d’anciennes versions d’Android ou d’iOS (iPhone 4 ou inférieur).