9.5.2017, Anne Onidi / Photo: shutterstock.com
Son prix bas cache de sérieux problèmes sociaux et environnementaux. De plus, notre laboratoire a détecté la présence de jus de mandarine, non conforme à la loi.
Vingt litres par personne, c’est la consommation annuelle des Suisses, deuxièmes plus grands buveurs de jus d’orange du monde après les Allemands. Que cache cette boisson tant prisée et disponible entre 1 fr. 20 et 4 fr. 85 le litre dans notre sélection? C’est ce que nous avons voulu découvrir en scrutant les étiquettes de douze briques et bouteilles de la grande distribution et en soumettant les breuvages aux experts de notre laboratoire. Ils étaient chargés de déceler la trace d’ADN de mandarine. Si l’ajout de cet agrume meilleur marché n’est pas interdit en soi, il doit toutefois être signalé sur l’étiquetage. Ce qui n’était pas le cas de nos douze échantillons. Pourtant, trois d’entre eux en contiennent, entre 1% et 5%, et n’obéissent pas à la législation en vigueur.
A l’annonce de ces résultats, Aldi, Denner et Nestlé – propriétaire de Granini – ont commandé des contre- analyses. Nous en communiquerons l’issue dans notre prochain numéro. Si Aldi et Denner déclarent que leurs fournisseurs n’utilisent pas de mandarine dans la fabrication de leurs jus d’orange, le discours de la porte-parole de Nestlé s’avère plus nuancé: «La possibilité qu’un transfert ait eu lieu à un stade de la chaîne d’approvisionnement entre le pays d’origine et notre usine d’embouteillage ne peut être exclue avec certitude.» Et de mentionner une directive de l’Association européenne des jus et nectars de fruits expliquant l’importance des contrôles, dans un contexte où la contamination accidentelle et la fraude sont difficiles à distinguer. Dans le cas de ces trois échantillons, l’origine de la présence de mandarine dans des jus 100% orange est donc inconnue.
Un cruel manque d’éthique
Pour juger l’authenticité des produits, nous les avons comparés avec une orange pressée. Sont donc pénalisés sur ce point les jus fabriqués à partir de concentré et auxquels de la vitamine C synthétique a été ajoutée. Nous avons par ailleurs évalué l’honnêteté et l’exhaustivité des informations données sur les étiquettes. L’appellation «100% jus» sur un breuvage issu de concentré induit en erreur. La provenance des oranges devrait, quant à elle, être mentionnée.
Enfin, nous nous sommes intéressés aux problématiques humaines et environnementales. Actuellement, le Brésil fournit plus de 50% des oranges à jus. En 2014, une enquête financée notamment par l’Union européenne a mis en lumière les dessous de cette filière. Cultivateurs exploités et sous-payés, monocultures intensives, prix extrêmement bas imposés par quelques grandes multinationales… Un sombre tableau. En tête de notre classement figurent donc des jus issus d’exploitations plus équitables (Fairtrade) ou plus respectueuses de l’environnement (Bio bourgeon, Bio Migros ou Rainforest). Reste que le jus d’orange industriel idéal n’existe pas; pour mettre du soleil dans son verre, mieux vaut opter pour une orange bio européenne fraîchement pressée.
Cet article est paru dans FRC Mieux choisir sous le titre «Pas un concentré d’authenticité»
Voir le test des jus d’orange sur test.frc.ch