Article : Sécurité alimentaire

Oxyde d’éthylène: le consommateur ne peut plus être tenu dans l’ignorance

Molécules indésirables dans les aliments

23.9.2021, Barbara Pfenniger / Du sésame contaminé, mais une Suisse qui a tardé à retirer les produits incriminés. Le système de retrait et d'information au consommateur doit être revu – Shutterstock

Des résidus ont été détectés dans du sésame, du curcuma, du gingembre, de l’amarante, du psyllium, de l’okra, des échalotes séchées, du riz et du thé. Plus récemment encore dans de la poudre de moringa, de la farine de graines de caroube et de la gomme xanthane. Face à pareille ampleur, la FRC demande que les autorités publient la liste des denrées et des numéros de lot concernés par les retraits. Le consommateur a le droit d’être traité comme un acteur à part entière du système alimentaire.



L’oxyde d’éthylène est une substance cancérogène et génotoxique interdite d’usage pour les denrées alimentaires. Alors que l’Europe a rappelé et retiré de la vente des milliers de produits contaminés depuis septembre 2020, la Suisse n’a compté qu’une quinzaine de rappels. Notre pays est-il un îlot de sécurité? Ou le consommateur y est-il moins bien informé?

Qu’est-ce que l’oxyde d’éthylène?

Il s’agit d’un gaz biocide qui endommage l’ADN. Il est utilisé contre les bactéries, les moisissures et leurs spores, mais également contre les insectes et leurs larves.

Quel est le problème?

Le dioxyde d’éthylène est cancérogène et toxique pour les gènes et pour la reproduction. Comme aucune valeur indicative sans risque pour la santé ne peut être établie, l’Institut allemand pour l’évaluation des risques (BfR) estime que tout résidu est indésirable.

Pourquoi ne pas l’interdire totalement?

Son usage est interdit en Europe pour stériliser des aliments et des objets en contact avec les denrées. Il est toutefois encore utilisé dans des pays tiers pour stériliser notamment des herbes aromatiques, des épices ou le sésame. Ce dernier peut être contaminé par des bactéries (p.ex. salmonelles) ou des moisissures. Normalement les bonnes pratiques dans le pays producteur devraient diminuer ce risque. Désinfecter le contenu des conteneurs par un gaz biocide est un moyen plus facile et moins cher, mais inadmissible pour venir à bout de ce problème. Comme les engagements internationaux ne permettent pas d’interdire totalement les résidus sur les denrées importées, un seuil de 0,05 mg/kg à ne pas dépasser a été fixé.

Dans quels produits a-t-il été détecté?

Des résidus ont été détectés dans du sésame, mais également dans d’autres matières premières comme du curcuma, du gingembre, de l’amarante, du psyllium, de l’okra, des échalotes séchées, du riz et du thé selon le rapport annuel du système d’alerte rapide RASFF qui compte 667 notifications à ce sujet en 2020. Plus récemment encore, il a été question de poudre de moringa, de farine de graines de caroube (E410) et de gomme xanthane (E415). En 2021 s’y sont ajoutés la poudre de moringa et surtout deux additifs, des liants utilisés dans de nombreux produits: la farine de graines de caroube (E410) et la gomme xanthane (E415).

Pourquoi n’a-t-il pas été repéré plus tôt?

Les contrôles des aliments sont basés sur les risques. Donc un aliment qu’on consomme traditionnellement peu est moins contrôlé qu’un autre qu’on mange beaucoup. La Commission européenne a mis près de deux mois pour augmenter la fréquence des contrôles obligatoires du sésame en provenance d’Inde.

Comment fonctionnent les contrôles?

Les pays de l’Union se partagent les contrôles des produits venant de pays tiers lorsqu’ils arrivent en Europe. Chaque pays organise encore des contrôles selon ses propres planifications, mais ce sont surtout les entreprises qui font des analyses dans le cadre de leur autocontrôle. En cas de problème, la traçabilité obligatoire doit permettre de remonter à la source de la matière première ou de retrouver où a été livré un lot contaminé.

La Suisse est-elle aussi bien renseignée que les pays de l’UE?

Les contaminations d’aliments sont notifiées sur la plateforme d’alerte rapide RASFF. Comme la Suisse n’est pas membre de l’UE, elle a accès aux notifications comme tous les pays tiers. Les notifications indiquent si un produit problématique y a été livré. Toutefois, contrairement à l’Islande et la Norvège, la Suisse ne peut pas participer aux réunions comme celles concernant la farine de graines de caroube, utilisée dans de nombreux lots de crèmes glacées. La FRC avait demandé que la Suisse soit membre à part entière de la plateforme pour être informée encore plus rapidement, mais pour le moment elle est uniquement membre partiel. Les relations turbulentes actuelles de la Suisse avec l’Union européenne ne doivent en aucun cas compromettre cet accès.

Quand le consommateur est-il informé qu’un produit est contaminé?

Les autorités font la différence entre un produit qui contient un ingrédient contaminé par plus de 0,05 mg/kg d’oxyde d’éthylène et le produit dépassant lui-même la limite maximale de résidus. Dans le premier cas, le produit est interdit de vente et retiré du commerce. Les autorités n’en informent pas le consommateur. Dans le deuxième cas, le produit est également interdit de vente et un rappel est publié via la plateforme RecallSwiss de la Confédération.

D’autres pays comme la France publient les numéros de lot de tous les produits retirés. Le client peut ainsi contrôler si un aliment a été incriminé ou si le distributeur a oublié de le retirer. Cette publication facilite également la tâche des distributeurs qui ne sont pas toujours bien informés. Des cas en Allemagne et en Suisse l’ont montré, où les glaces Snickers et Bounty contenant l’additif contaminé étaient restées en vente.

Le consommateur est-il suffisamment informé?

Clairement non. Alors, qu’entre juillet et août 2021, RASFF indique que 18 produits contaminés ont été livrés en Suisse – notamment des compléments alimentaires tels qu’extrait de gingembre, de poivre, de curcuma, de poudre de moringa, ainsi que diverses glaces, du fromage frais, un ingrédient de cheesecake, des nouilles instantanées – le consommateur n’ a eu connaissance que de deux produits: du pesto et un complément alimentaire. Or, pour consommer sereinement, le client doit pouvoir accéder à l’information de tous les produits retirés et pas seulement de ceux qui sont rappelés.

Les distributeurs sont-ils suffisamment informés?

A la demande de la FRC, Manor est le seul distributeur à donner une réponse chiffrée: neuf produits ont été rappelés et quatre retirés de la vente depuis le début de la crise du sésame. Aldi et Lidl restent très évasifs. Migros et Coop donnent un peu plus d’informations, notamment ne pas avoir eu ou avoir eu peu de problèmes avec leurs produits de marques propres. Le nombre de rappels officiels et de retraits effectués par les distributeurs pendant une année est donc sans aucune mesure avec les milliers de notifications publiées par la France pendant la même période.

La FRC demande d’améliorer la qualité de l’information

Le retrait des produits de marque s’effectue à la demande du fabricant externe. Coop et Manor ont par exemple été informés par Mars des lots de glace qu’ils devaient retirer de la vente, le client n’en a rien su. Face à pareil manque de transparence, un exemple sort du lot démontrant que de bonnes pratiques sont possibles: l’entreprise Provamel offre publiquement de rembourser un lot de sa crème au soja pour la cuisine qui contient du E410 contaminé, mais dont la teneur totale ne dépasse pas la limite qui fait agir les autorités.

La FRC demande donc que les autorités soient toujours informées des retraits de produits et qu’elles publient la liste des denrées et des numéros de lot concernés par les retraits. Le consommateur a le droit d’être informé et, surtout, d’être traité comme un acteur à part entière du système alimentaire afin de pouvoir décider lui-même de ses choix.

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Interpellation des grands distributeurs

 
Nous demandons aux distributeurs

  • cesser le marketing agressif sur les fraises, mais également sur d’autres denrées hors saison, que ce soit en rayon ou dans les différentes publications destinées à vos clients (catalogues, magazines, journaux, newsletter, etc.) ;
  • renoncer à disposer les fraises espagnoles aux endroits stratégiques de vos points de vente, à savoir en face de l’entrée, sur des ilots dédiés, ou en tête de gondoles ;
  • ne pas recourir à des mises en scène pour vendre la fraise hors saison (à savoir jusqu’en avril), en l’associant par exemple à de la crème et des tartelettes. Une demande valable aussi pour d’autres denrées, comme les asperges du Pérou associées à de la mayonnaise, viande séchée ou autre ;
  • indiquer clairement, de manière bien visible et transparente le pays de provenance ainsi que les noms des producteurs de fraises importées, que ce soit sur les affichettes qui accompagnent ces fruits en rayon, dans les publicités ou sur le dessus des barquettes ;
  • ne plus utiliser de formulations qui peuvent induire en erreur le consommateur sur la saison de la fraise en Suisse. Une demande valable pour la mise en rayon, ainsi que toute publication ;
  • être en mesure de prouver toute allégation de durabilité concernant l’assortiment.

Les dates de la tournée romande #Ramènetafraise

29.05.21Marché de Boudry (NE)
01.06.21Marché de Neuchâtel (NE)
02.06.21Marché de La Chaux-de-Fonds (NE)
04.06.21Marché de Fleurier (NE)
05.06.21Gare de Lausanne (VD)
12.06.21Gare de Genève (GE)
08.06.21Place fédérale (BE)
12.06.21Marché de Delémont (JU)
15.06.21Gare de Delémont (JU)
19.06.21Marché de Fribourg (FR)
27.09.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
29.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
29.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
09.09.21Semaine du goût Sion (VS)
25.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
26.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
05.10.21Les Jardins du Flon, à Lausanne (VD)
16.10.21Epicerie fine Côté Potager, à Vevey (VD)