Contrefaçon

Montres: remettons les pendules à l’heure

C’est désormais sur les réseaux sociaux que le trafic d’imitations sévit. La Fédération horlogère mène un combat sans merci contre ce phénomène. Et met en garde les amoureux des montres, attirés par des affaires aussi juteuses que trompeuses.
Pub et arnaques Arnaques

Archive · 02 février 2016

Photo: Jean-Luc Barmaverain

Vous «chattez» sur Facebook quand une pub apparaît à l’écran. La montre est superbe. Vous cliquez et atterrissez sur un site où vous l’achetez à 200 dollars. La bonne affaire? Quelques semaines plus tard, les douanes vous informent que vous avez acquis la copie d’une grande marque. Résultat, le colis est détruit, vous devez régler 270 francs de frais aux douaniers et vous engager par écrit à ne pas récidiver. Pourtant, vous étiez de bonne foi.

Les expériences comme celle-ci sont aussi désagréables que répandues: en Suisse, les fausses montres représentent 9% des saisies douanières, ce qui fait de l’horlogerie la deuxième victime de la contrefaçon après le textile, selon la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH). «Tout se copie, donc tout est copié», remarquait Christophe Darbellay, chef de subdivision à l’Administration fédérale des douanes de l’aéroport de Genève dans un reportage que nous consacrions à ce sujet en 2013. Trois ans plus tard, si les sites et les plateformes sont un peu plus «propres», c’est sur les médias sociaux que se joue la bataille contre les contrefaçons.

Les victimes: des hommes de tous âges

En 2015, ces supports accueillaient 67% des annonces supprimées du web par la FH. Internet en est inondé: la FH y a déniché l’an dernier plus de 600 000 plateformes et publicités. «Facebook permet aux annonceurs de cibler de manière très précise les utilisateurs auxquels ils proposent leurs produits, ce qui facilite la tâche des contrefacteurs. Des milliers de critères sont proposés: vous pouvez même demander à atteindre les gens qui s’apprêtent à déménager», explique Carole Aubert, responsable de la cellule internet qui lutte contre la contrefaçon pour le compte de la FH.

Le profil-type des victimes? Des hommes «de tous les âges. Mon collègue a eu affaire aux parents d’adolescents mineurs. Les femmes, elles, sont davantage concernées par la vente de sacs à main, par exemple», explique-t-elle. La responsable estime qu’il faut rester très vigilant pour ne pas se faire duper. «Les sites d’arnaques peuvent être confondus avec ceux qui proposent avec honnêteté des articles dégriffés. Et puis, j’imagine que beaucoup de gens ne connaissent pas le prix réel d’une Rolex. Ils imaginent qu’il est réaliste de débourser 200 dollars pour en acquérir une.»

Ce qui complique encore l’affaire, c’est que les ambitions criminelles des contrefacteurs ne s’arrêtent pas à la vente d’un faux. «Bien souvent, il s’agit aussi de blanchir de l’argent sale et de détrousser les clients en détournant leur carte de crédit», souligne Yves Brouze, collaborateur scientifique qui travaille au sein de la même cellule. L'Asie reste la plaque tournante de ce trafic. Lorsque les acquéreurs sont pincés par la douane qui intercepte le colis, les imitations sont détruites, le montant versé n'est pas remboursé et les acquéreurs doivent payer les coûts de l’intervention des douaniers. Des mesures qui restent peu dissuasives...

Un combat particulièrement âpre

Lutter contre la vente d’imitations sur les réseaux sociaux est particulièrement difficile, déplore de son côté Carole Aubert. «D’abord, on ne trouve pas facilement les annonces parce qu’il faut avoir un certain profil pour qu’elles s’affichent. Ensuite, elles n’apparaissent que sur la version mobile de Facebook: il est impossible de les identifier et les faire disparaître à partir d’un support classique. Enfin, soit l’annonce mène à un site qui n’est pas répertorié par les moteurs de recherche, soit elle mène à une page Facebook quasi vide, très difficile à faire disparaître», détaille la responsable.

Pour autant, pas question pour la FH de baisser les bras. «Nous agissons tant au niveau des contrefacteurs qu’auprès des intermédiaires. Nous avons pris contact avec Facebook pour bloquer les annonces et sommes intervenus auprès de Visa pour que les transactions soient bloquées. Nous sommes aussi en train de tester une solution pour détecter les fausses annonces», explique encore la responsable.

Un autre phénomène, récemment apparu, s’avère également difficile à combattre: la multiplication des sites qui ne proposent des imitations que d’une marque. «Lorsque plusieurs grands noms de l’horlogerie sont concernés, on peut faire une action collective. Le souci, c’est que la procédure coûte très cher», explique Carole Aubert. Sa cellule est en train de faire une cartographie de ce genre de sites afin de les attaquer en une fois, mais cela prend du temps. «Par ailleurs, les contrefacteurs ne mettent pas tous leurs œufs dans le même panier et multiplient les extensions de domaine exotiques comme .cn ou .co pour la Chine et la Colombie».

Pour aller plus loin: stop-piracy.ch

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