Expérience
Mon (pénible) mois sans sucre
Archive · 01 septembre 2015

Il n’y a pas que le «no poo» qui soit tendance, le sans-sucre l’est aussi. Tout a donc commencé avec une notification sur mon mur Facebook. On me proposait de participer à un «défi sugar-free». Le terreau était favorable: quelques best-sellers avaient déjà défrayé la chronique outre-Atlantique en 2014. Et, en mars, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) diminuait sérieusement ses recommandations quant à la quantité de sucres ajoutés dans l’alimentation, pour les ramener à moins de 50 g par jour en moyenne (l’idéal étant de 25 g) pour un adulte consommant 2000 kcal au quotidien. Sensible au sujet, j’ai saisi ce mois comme une chance de revoir mes habitudes.
Dénicher l’ennemi
Premier constat: se passer de sucres ajoutés n’est pas une sinécure. On pense forcément à supprimer les crèmes glacées, les gâteaux et les chocolats. Je m’attendais aussi à devoir éviter les plats préparés et l’alcool. Mais en lisant les étiquettes... surprise! Adieu également à bon nombre de légumes en boîte, viande sous vide, moutarde, sauce soja et autres condiments! Le sucre ajouté est souvent utilisé dans les produits transformés «comme exhausteur de goût, pour permettre d’utiliser moins d’ingrédients coûteux, comme le chocolat, voire pour masquer l’utilisation de fruits ou de légumes moins mûrs», comme l’analyse Barbara Pfenniger, responsable Alimentation à la FRC. Le but est-il de nous rendre tous accros à la saveur rassurante du sucre? «L’addiction au sucre n’a pas encore été scientifiquement prouvée, hormis sur des souris. Mais le procédé est trompeur, c’est ajouter des ingrédients que les consommateurs n’auraient jamais choisis.»
Pour faire le tri, encore faut-il savoir comprendre les étiquettes... Le fructose, le saccharose, le lactose, d’accord, mais les sucres ajoutés se dissimulent aussi derrière «sirop de maïs», «lait concentré» (qui contient du lactose), «malt d’orge», «jus de fruits concentré» (essentiellement du sucre). Je découvre que la liste d’ingrédients figure sur tous les produits en ordre décroissant, selon leur concentration. Si la liste commence par trois termes désignant du sucre, autant reposer le produit... Un repère: «Sur 100 grammes, la Food Standards Agency considère que de 12 à 22 g sont acceptables. Au-delà, il s’agit d’un aliment à consommer avec modération», m’explique Barbara Pfenniger.
Changer ses habitudes
Au départ, il faut s’armer de courage au supermarché, jusqu’à repérer les – rares – étiquettes «sans sucres ajoutés» et les produits, le plus souvent bruts, qui ne feront pas échouer ce fameux défi: céréales complètes, yoghourts nature, fruits et légumes frais, fromage, viande, poisson... Autant aller au marché! Pour les boissons, le choix est très restreint. En revanche, se passer de tous les produits industriels est particulièrement bénéfique pour le porte-monnaie.
Une fois l’ennemi débusqué et supprimé, il faut tout de même se mettre à table! Là, internet s’est révélé fort utile pour dénicher sauces, petits plats, recettes, substituts aux ingrédients classiques... Ces idées étaient bienvenues car il est impossible d’aller au restaurant ou d’acheter des plats ou des sandwiches tout prêts sans perdre mon pari.
Les premiers jours ont été réellement pénibles – totalement fatiguée et constamment «en manque». Astuces et découvertes ont agréablement transformé l’expérience, et, au bout de trente jours, le regain d’énergie était réellement palpable. Vivre sans sucre est donc possible... mais demande une sacrée organisation.
Et maintenant ?
Le «no sugar» peut-il devenir un mode de vie? Existe-t-il des recommandations en ce sens? Dans le doute, j’ai contacté Wafa Badran-Amstutz, diététicienne à la Société suisse de nutrition. Pour elle, il n’est jamais pertinent de rendre un aliment responsable de tous les maux; d’ailleurs, la SSN ne conseille aucun régime. En revanche, «modérer son apport en sucres est recommandé». Un conseil facile à suivre en réalité, à condition de limiter les «bombes à calories», comme les boissons sucrées, les chocolats, les viennoiseries, etc. Et, pour les identifier, il n’y a qu’une solution: se pencher sérieusement sur les étiquettes. «C’est là, le vrai pouvoir des consommateurs», rappelle Barbara Pfenniger.
Lire aussi Un mois, un défi: vivre sans chocolat? À dose homéopathique, alors! (défi de Sophie en 2022)
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