30.9.2014, Sophie Reymondin / Photo: Jean-Luc Barmaverain
En 2012, le géant jaune s’était engagé à retirer les sucreries de ses rayons. Notre enquête montre qu’ils sont toujours aussi bien garnis.
Que La Poste diversifie son offre en proposant des articles de papeterie, des livres ou des gadgets folkloriques, soit! La diversification commerciale est dans l’air du temps et, comme le rappelle sa porte-parole Nathalie Dérobert Fellay, «le fonctionnement du réseau d’offices de poste engendre un déficit annuel d’environ 100 millions de francs». La stratégie commerciale visant spécialement les mômes, qui place toutes sortes de sucreries excitant leur convoitise à portée des petites menottes, est plus discutable. Les parents se retrouvent en effet coincés dans la file d’attente, harcelés par leur progéniture, dans un contexte social où l’obésité et le surpoids sont devenus un vrai problème de santé publique puisqu’ils concernent déjà un enfant sur cinq.
Après les supermarchés
En 2011 déjà, la FRC dénonçait cette dérive, après avoir réalisé une enquête dans la grande distribution (Migros, Coop, Manor, Denner, Globus, Aldi, Lidl, PAM et Casino) et dans cinq offices postaux. A cette époque, parmi les 284 caisses recensées dans les 36 supermarchés visités, presque 90% proposaient des friandises à hauteur d’enfant. Quant aux cinq offices postaux, ils exhibaient tous des bonbons et du chocolat facilement accessibles.
Quatre ans plus tard, la FRC est repartie sur le terrain avec ses consoeurs du SKS, en Suisse alémanique, et de l’ACSI, au Tessin. L’Alliance des organisations de consommateurs a conduit une enquête portant, cette fois, sur 74 offices postaux, répartis sur tout le territoire helvétique, dont 38 en Suisse romande. Or, à l’exception des deux petits bureaux de Venthône (VS) et de Vuadens (FR), toutes les adresses visitées sont largement pourvues en sucreries, présentées à la clientèle sur deux à quatre rayons en moyenne. Les enquêteurs ont comptabilisé jusqu’à sept rayonnages dans le plus grand office du test, soit celui de la place Saint-François à Lausanne.
Les parents captifs
Suite à notre précédente enquête, La Poste s’était pourtant engagée à retirer les sucreries de ses offices par étapes successives «pour recentrer son offre sur la vente de produits de télécommunication et pour renforcer la présence de Postfinance». Aujourd’hui, le discours officiel se prévaut d’une stratégie commerciale. «La majorité des réactions de la clientèle concernant ces articles de confiserie sont positives, nous a affirmé la porte-parole. Les ventes confirment d’ailleurs l’acceptation de cette offre.» Pas sûr que les parents partagent cet avis.