Aires de jeu
Comprendre les normes de sécurité des places de jeu
Archive · 31 mai 2016

Peu importe les contusions ou les écorchures: tourniquets, toboggans et autres balançoires enchanteront toujours les plus jeunes. En effet, la place de jeux «n’est pas un cocon hermétique, mais un lieu dans lequel l’enfant va acquérir des capacités motrices et la conscience de son environnement», souligne Mark Williams, chef délégué pour le sud-ouest de la Suisse pour le Bureau de prévention des accidents (BPA).
Pour que le petit fasse cet apprentissage en sécurité, des critères internationaux ont été établis. La Suisse est soumise à la SN EN, un ensemble de normes européennes, en vigueur depuis 1999, et dont la dernière révision remonte à 2008. Non contraignantes, elles donnent des directives auxquelles les six chefs-lieux romands se conforment avec plus ou moins de facilité.
Car les respecter requiert de l’argent et des compétences techniques. Et si nos six villes sont au rendez-vous, toutes ne sont pas égales face aux finances. Genève a ainsi bénéficié d’une enveloppe de 5 millions en trois crédits pour sa centaine de places de jeux. Delémont n’a de son côté eu que 10 000 francs au budget jusqu’en 2013, avant d’obtenir «365 000 francs pour renouveler la vingtaine d’installations», précise David Siffert, ingénieur communal au Service des travaux publics de la ville. Fribourg dispose d’un crédit de 60 000 francs annuels pour l’entretien, «ce qui n’est pas un gros montant pour la trentaine d’aires dont nous disposons», affirme René Egger, collaborateur technique au Service d’urbanisme et d’architecture. Si elles respectent toutes les exigences les plus fondamentales, les six cités interrogées avancent au fur et à mesure de leurs moyens. «Nous remplaçons peu à peu les jeux de 2002 qui ne sont plus tout à fait en règle», explique ainsi Thierry Pasche, contremaître au Service des parcs et promenades de la ville de Neuchâtel.
A Sion, qui compte 25 places de jeux, «on rénove par tournus et selon le budget qu’on nous accorde. Les grandes sont refaites tous les dix à quinze ans, les petites plus souvent», selon Alain Pannatier, responsable des études au Service d’urbanisme de la ville, qui précise disposer d’un budget de 100 000 à 150 000 francs par an pour l’entretien.
Le parterre, nerf de la guerre
Choisir un sol adapté est «l’étape la plus difficile» du processus, selon Petra Meyer-Deisenhofer, responsable de la centaine d’aires que gère le Service des parcs et domaines de Lausanne. La sécurité prime: un sol trop dur mène à de graves accidents. D’autres critères entrent en compte lorsqu'il faut trancher entre copeaux de bois, gravillons ronds, sable ou sols synthétiques. Il y a l’hygiène. «Les animaux viennent facilement faire leurs besoins dans le sable ou les copeaux, qui sont aussi plus salissants pour les enfants», souligne René Egger, à Fribourg. L’entretien, aussi: les tessons de verre ou autres objets dangereux peuvent se glisser dans ces matériaux naturels, plus difficiles à nettoyer et inadaptés à un sol en pente. Enfin, les copeaux perdent 10% de leur volume chaque année; il faut donc les renouveler alors qu’«il en faut 30 centimètres au moins sous une plate-forme de jeux de moins de deux mètres de hauteur, et 40 centimètres au-delà de deux mètres de haut», précise Aurore Bel, technicienne en places de jeux auprès de l’entreprise Jacquet à Genève.
Pas de risque zéro
Le synthétique est beaucoup plus facile d’entretien. Composés de plusieurs épaisseurs allant de 20 à 100 millimètres – plus les jeux sont en hauteur, plus le terrain doit être mou – les sols sont de deux types: le revêtement amortissant en caoutchouc EPDM, élaboré à partir de granulés de caoutchouc, et le soft bound, un produit de recyclage plus rugueux, composé de bouts de pneus de chariots recyclés à l’apparence de copeaux. Ce dernier est en revanche moins esthétique et nettement plus cher: 130 à 280 francs le mètre carré contre 50 à 115 francs pour les copeaux ou le gravier.
Aux frais de rénovation et d’installation s’ajoutent ceux de la surveillance, accrue de mai à septembre. Des efforts qui réduisent encore le péril, même si «une place aux normes n’équivaut pas à un risque zéro», comme le souligne Isabelle Widmer, cheffe du Service des écoles et institutions pour l’enfance de Genève. Ils garantissent cependant que les bleus et les égratignures de nos chérubins ne seront rapidement plus qu’un mauvais souvenir.
Cet article est paru sous le titre "Sols sous surveillance" dans le numéro 89 du magazine
Nouveaux matériaux
Santé et environnement en question
Les composantes – colle et particules de caoutchouc – des matériaux synthétiques sont à première vue sans danger pour la santé. Elles ne font en effet pas partie de la liste des interdits par la norme européenne SN EN (art. 4.1.6) sur les places de jeux, sur laquelle figure l’amiante, le plomb, les carbonyles, les huiles de goudron, le formaldéhyde et les polychlorobiphényles. Les revêtements actuels ne posent donc «pas de problème pour la santé, à moins de malfaçons», estime Mark Williams, du BPA.
La fabrication industrielle des revêtements synthétiques ne répondant en revanche pas à des préoccupations écologiques, Lausanne ou Neuchâtel favorisent au maximum le sable, le gravillon ou les copeaux de bois, lesquels doivent par ailleurs être traités pour répondre aux critères d’inflammabilité de la norme.
«Même si budget, sécurité et environnement semblent difficilement conciliables, la tendance à privilégier des matières naturelles est encourageante. Car les sources renouvelables sont préférables aux fossiles, d’autant que l’innocuité de certains matériaux synthétiques font débat», relate Laurianne Altwegg, responsable environnement à la FRC.
Pratique
La place de jeux est aux normes, si…
- Les jeux comportent une plaquette signalétique indiquant 1999 ou 2008, les années d’homologation selon les normes européennes.
- La profondeur de la couche de copeaux ou de gravier est d’au moins 30 cm.
- Il n’y a pas de sol dur, notamment du gazon, là où les enfants peuvent tomber de plus d’un mètre.
- Les jeux sont séparés entre eux d’une distance de 1,5 m au minimum.
- Les lieux sont régulièrement nettoyés et entretenus (pas de canettes, de moisissure, de clous qui dépassent ou de boulons manquants).
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