31.10.2008, Luc-Olivier Erard
Trois ans après notre dernier relevé, et malgré l'agacement de Berne,aucune embellie ne s'annonce sur le prix des films en Suisse romande.
Trop cher, le cinéma? Depuis notre dernière enquête, en 2005, le prix d’une séance a encore augmenté. A fin 2007 pourtant, Monsieur Prix tirait les conclusions de sa propre enquête: oui, le billet de cinéma est trop cher par rapport aux prix européens, disait le gendarme des étiquettes (cf. encadré). Dans notre relevé réalisé par les enquêteurs de la FRC lors du premier semestre 2008, environ un quart des cinémas parmi 75 établissements observés avaient relevé leurs prix, en moyenne de 7%.
Cinéma des villes, cinéma des champs Les disparités régionales sont, sans surprise, assez marquées. Le prix moyen du ticket est de 13 fr. (inchangé depuis 2005) dans le Jura, alors qu’il monte à près de 16 fr. (+1 fr. par rapport à 2005) dans le canton de Neuchâtel, dont toutes les salles, à l’exception d’un cinéma associatif, appartiennent à la même société. A Genève, le prix moyen est un peu inférieur, 15 fr. 28 contre 15 fr. 22 en 2005. Mais il faut noter que ce prix moyen n’est pas pondéré par le nombre de sièges, le prix est donc légèrement sous-évalué en raison du poids de petites salles indépendantes. Ce type d’établissements, dont certains ont pour vocation d’offrir une programmation créative, à l’écart des grands circuits commerciaux, s’en sortent d’ailleurs honorablement, leur prix moyen sur le plan romand se situant à 13 fr. 88. Ce prix reflète aussi un large recours au bénévolat.
Salles indépendantes
Mais, plus important encore, ce sont les salles indépendantes, présentes aussi bien en ville que dans les campagnes, qui permettent de maintenir une offre dans toutes les régions. Les Romands ne désertent pas les salles obscures. Toutefois, le nombre d’entrées diminue, passant de 4 411 200 en 2005 à 4 045 200 en 2007, soit une baisse de 8,3% (source: OFS, Suisse romande, sauf Jura bernois). Les quelques cinémas fermés en Suisse romande sont pour l’essentiel des salles isolées, les nouveaux établissements sont de grands complexes multisalles situés en zone urbaine. Une industrie bourrée de complexes Si le tarif plein adulte permet de comparer les prix, il ne reflète qu’imparfaitement ceux-ci.
Se faire une toile à moindre coût reste possible. Les offres « alternatives » sont variées, et le cinéma est l’une des activités à offrir encore systématiquement des tarifs allégés pour rentiers, étudiants, enfants ou, tout simplement, passionnés. De la simple carte de fidélité offrant un rabais aux formules élaborées avec repas, en passant par des tarifs abaissés les jours de faible affluence, la séance à 10 francs reste possible.
>> Lire l’entretien avec Claude Ruey, Conseiller national et président de ProCinema