Article : Agriculture et OGM

Luigi D’Andrea: «Les scientifiques ne savent pas exactement ce qu’ils sont en train de modifier»

1.3.2016, Propos recueillis par Laurianne Altwegg / Le moratoire sur les OGM devrait inclure plantes et animaux modifiés par les nouvelles techniques ainsi que leurs produits - Shutterstock.com

Le secrétaire exécutif de l’Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique, nous éclaire sur les techniques basées sur le découpage de l’ADN et leurs dangers.



Au vu des risques existants quant à la sécurité des produits, l’Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique revendique que le moratoire sur les OGM inclue plantes et animaux modifiés par ces nouvelles techniques ainsi que leurs produits. Interview.

LD

Luigi D’Andrea, quels sont les dangers des produits issus de la mutagénèse dirigée?

En théorie, les techniques de mutagénèse dirigée permettent de modifier les séquences d’ADN à des endroits précis. Dans la pratique, il se peut que la séquence à modifier apparaisse aussi ailleurs dans le génome. Il se produit alors une mutation non souhaitée à un endroit lui aussi non désiré. Cela peut entraîner des effets non attendus (on parle de off target effects). Ces derniers sont peu étudiés… puisque l’on ne trouve en général que ce qu’on cherche. De plus, les mécanismes cellulaires à l’œuvre pour la réparation de l’ADN – qui introduisent les mutations – ne sont pas bien compris.

Plus important encore, l’ADN n’est qu’une information et non le «programme» de la cellule. En bref, les scientifiques savent où ils coupent mais ils ne savent pas exactement ce qu’ils sont en train de modifier. Car le programme qui permet à la cellule de fonctionner reste inconnu et ne semble pas être entièrement localisé dans l’ADN.

Il s’ensuit une fausse aura de précision, car si la technologie permet effectivement d’être précis dans le découpage au niveau de la séquence, l’objet à modifier n’est lui pas bien compris. C’est comme si vous utilisiez un correcteur d’orthographe dans un logiciel de traitement de texte qui vous permet d’être très précis dans la correction des lettres à modifier, mais que vous ne compreniez pas la grammaire du texte concerné.

Cela pose de sérieux problèmes quant à la sécurité du produit. D’une part, ces techniques sont récentes et peu d’argent est investi pour en étudier les risques. Ensuite, nous n’avons pas le recul pour pouvoir évaluer les conséquences de ces nouveaux bricolages génétiques. C’est pourquoi il est indispensable d’appliquer ici le principe de précaution.

Quels sont les principaux enjeux du débat sur la mutagénèse?

Actuellement, les partisans des biotechnologies font pression pour que ces nouvelles techniques de manipulation génétique échappent à la réglementation qui concerne les OGM. Ceci aurait pour conséquence que les variétés végétales et les races animales génétiquement modifiées échapperaient à toute évaluation environnementale et sanitaire et leurs produits à tout étiquetage.

L’argument principal consiste à dire que les modifications ne concernent que quelques lettres de l’ADN, et que cela pourrait tout à fait se produire dans la nature. Pour éviter que les produits issus de ces procédés ne soient considérés comme des OGM, le lobby essaie par ailleurs de faire en sorte que ce ne soit plus la technique (la mutagénèse) qui fasse l’objet d’une évaluation, mais uniquement les produits. Etant sous-entendu que ce n’est pas la manipulation génétique qui pose problème, mais uniquement certains produits en résultant.

Qu’en est-il des techniques plus anciennes comme la cisgénèse?

La cisgénèse ayant pour caractéristique d’utiliser les gènes d’une même espèce – contrairement à la transgénèse où le gène inséré est issu d’une autre espèce éloignée (par ex. bactérie) – les partisans des biotechnologies estiment que les organismes qui en résultent ne présentent pas de danger. Il y a donc aujourd’hui un lobbyisme important pour réévaluer ces techniques et les sortir de la règlementation qui concerne les OGM. Cependant, il n’y a pas que l’origine du gène qui importe, mais aussi la méthode d’insertion. Le mécanisme d’insertion des gènes pour la cisgénèse est le même que pour la transgénèse. Il est très invasif pour le génome et l’endommage. Les insertions se font aléatoirement dans le génome et peuvent perturber les processus de régulation génétique avec, à la clé, des répercussions potentielles pour l’organisme entier. Il faut un processus d’évaluation spécial pour ces organismes qui est assuré par la réglementation OGM.

Où en est la régulation sur ce sujet?

L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) et l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) travaillent à un système qui permettrait d’évaluer ces techniques. Mais comme elles font également l’objet d’une évaluation au niveau européen, la Confédération attendra certainement l’avis de la Commission européenne, prévu pour mars 2016, avant de prendre position.

En attendant, l’Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique travaille activement pour que le moratoire sur les OGM inclue aussi les plantes et les animaux modifiés par ces nouvelles techniques ainsi que leurs produits. Car ce n’est qu’ainsi que pourra être garantie la liberté de choix et la sécurité des consommateurs, tout comme la sécurité de l’environnement.

Comprendre les enjeux de la mutagénèse dirigée pour le consommateur.

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28.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
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29.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
29.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
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26.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
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