25.3.2014, Nicolas Berlie / Batterie amovible, rajout de mémoire: des critères gages de durabilité. Photo: Ari N/shutterstock.com
L’amour dure trois ans, tout comme un ordinateur. Mais ce n’est pas une fatalité: nos conseils pour prolonger la durée de vie de vos machines.
«L’ordinateur le plus vert, c’est celui qu’on n’achète pas.» La phrase peut paraître lapidaire, mais elle résume dramatiquement la problématique. «La fabrication concentre près de 90% de l’impact environnemental, loin devant l’utilisation ou l’élimination», développe Frédéric Bordage, fondateur de Green IT (greenit.fr), blog spécialisé dans l’informatique durable.
Les chiffres donnent le tournis: il faut 2 kilos de matière et 30 litres d’eau pour fabriquer une puce électronique de 2 grammes, selon des chiffres de WWF France. Ou, selon un calcul de Swico Recycling, plus d’une tonne de matière pour fabriquer un téléphone portable de 170 grammes. C’est un peu la parabole du chameau qu’on fait passer par le chas d’une aiguille, version
Armageddon écologique. Plus que le recyclage ou une «conduite écolo», c’est donc bien l’acte d’achat – ou le non-achat – qui constitue le geste-clé.
Différer l’achat
Si votre utilisation se borne aux applications bureautiques et à internet, vous pouvez tirer votre machine bien au-delà des trois ans fatidiques.
Votre ordinateur marche au ralenti? Avant de passer par la case marteau-pilon, commencez par faire le ménage: supprimez les programmes inutiles (notamment au démarrage), voire réinstallez le système d’exploitation pour retrouver une machine virginale. Si la manœuvre vous paraît hors de portée, sachez que des sociétés effectuent ce genre de services.
De même, beaucoup de pannes sont réparables. Christophe Inaebnit, de La Bonne Combine, à Prilly (VD), reçoit d’ailleurs beaucoup de demandes, essentiellement pour des ordinateurs portables. «La plupart des problèmes concernent le disque dur, un choc reçu par l’écran ou le clavier. Mais aussi, plus problématique, la carte mère: dans ce dernier cas, la remplacer est souvent plus cher que de racheter un nouvel ordinateur.» (Pour trouver un réparateur près de chez vous, rendez-vous sur frc.ch/les-alternatives.)
Soyez aussi attentif à quelques critères au moment de l’achat: la batterie est-elle amovible, autrement dit, puis-je la changer facilement? Puis-je rajouter de la mémoire? A cet égard, Christophe Inaebnit conseille de ne pas se contenter de la quantité de base au moment de l’achat: «Les technologies changent rapidement. Si on rachète des barrettes de mémoire des années plus tard, elles risquent, au mieux, d’être beaucoup plus chères, au pire, indisponibles.»
Résister à la tentation
Microsoft cesse, le 8 avril prochain, le support de Windows XP, mettant prématurément au rebut des millions de PC, et forçant les consommateurs – et les entreprises – à acquérir des machines plus puissantes pour faire tourner son successeur, Windows 8.
Vraiment? «C’est un non-événement pour le grand public, note Frédéric Bordage. Windows XP est le système d’exploitation qui a été maintenu le plus longtemps. Il y a très peu de risques qu’il reste des failles critiques, et donc pas de raison de changer.» Le fondateur de Green IT appelle à résister au chant des sirènes des fabricants et des éditeurs, qui cherchent surtout à écouler leurs nouveaux produits.
Et la question prend une tournure politique: en France, le groupement EcoInfo du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) veut mettre le holà au diktat des éditeurs de logiciels, qui précipite l’obsolescence des machines. Un logiciel est par définition programmable, et donc réparable, explique en substance Jean-Daniel Dubois, du CNRS de Grenoble. «Soit le fabricant assume la maintenance, soit il fournit les moyens de le faire, en ouvrant le code-source ou en autorisant le reverse engineering.» On en est encore loin, mais le débat est lancé.
Privilégier l’occasion
«C’est étrange, il est plus dangereux d’acheter une voiture d’occasion qu’un ordinateur, pourtant il y a un blocage à niveau-là», regrette Frédéric Bordage. D’autant qu’il existe de vrais bons plans, comme acheter du matériel professionnel d’occasion, souvent de meilleure qualité que du matériel grand public neuf. «Ces ordinateurs sont plus solides, car faits pour une utilisation intensive.»
Seul souci, les filières sont seulement en train de se mettre en place, et l’offre reste relativement faible.
A Genève, deux adresses, Itopie (itopie.ch) et Réalise (realise.ch), sont actives sur ce créneau, récupérant et reconditionnant notamment des ordinateurs de l’Etat de Genève et de grandes entreprises.
Lire aussi LaRevueDurable N° 49, numéro spécial consacré aux technologies de l’information et de la communication (TIC).