Enquête : Epices

Le safran met les papilles en émoi

2.7.2013, Huma Khamis / Photo: Gts/shutterstock.com

L’épice la plus chère du monde intrigue, enivre et suscite aussi la convoitise des fraudeurs.



Trois stigmates rouges prélevés délicatement à la main dans la fleur d’un crocus. Il en faudra 150 000, cultivés sur près de deux terrains de football, pour obtenir 1 kilo de safran sec. Et si le Crocus sativus pousse volontiers du Cachemire aux Alpes, dans des climats semi-arides, tout en supportant des hivers rigoureux, la plante ne dévoile sa charmante corolle violacée que quelques jours par an, à sa floraison, en automne. Il est inutile de laisser faire la nature: le crocus à safran, qui a probablement été obtenu par hybridation de différentes espèces, est stérile et n’existe pas à l’état sauvage. Il dépend donc entièrement de l’homme, qui devra le replanter chaque année.

On produit 300 tonnes de ce fameux or rouge par an au niveau mondial, majoritairement en Iran, mais aussi en Espagne, en Inde, au Cachemire (la variété la plus prisée), au Maroc et en Italie. A titre de comparaison, le village de Mund, dans le Haut-Valais, en produit 2 à 4 kilos chaque année, une rareté au bénéfice d’une AOC depuis 2002.

Si cette épice fait saliver les gastronomes, elle séduit aussi les fraudeurs attirés par un commerce qui peut s’avérer très lucratif. Fibres de soie teintes en rouge et morceaux de viande séchée dans les safrans vendus en filaments, curcuma, fleurs de carthame ou colorants artificiels dans les poudres… Notre consœur tessinoise de l’ACSI a donc fait analyser une dizaine d’échantillons de cette épice qui agrémente délicieusement le risotto. Le safran est classé en trois catégories, selon ses qualités: son goût, déterminé par sa concentration en pirocrocine, son potentiel aromatique, conféré par le safranal, et son pouvoir colorant, qui dépend de sa concentration en crocine.

Trois catégories et un safran recalé

Les mesures photométriques effectuées en laboratoire permettent ainsi de distinguer un safran de catégorie I (le meilleur) d’une poudre de moindre qualité. En clair, un excellent safran sera riche en arôme et en couleur. Bonne nouvelle, c’est le cas de tous les produits. Notre laboratoire a également recherché la présence de colorants artificiels afin d’exclure toute contrefaçon. Mauvais point pour le safran Bio Natur plus de Manor, qui présente des traces de colorant tartrazine et se voit ainsi déclassé. Informé, le magasin l’a immédiatement retiré de son assortiment et a demandé des explications à son fournisseur.

Côté provenance et origine, la mention fait défaut sur les produits Coop et Lidl. A noter qu’elle n’est pas obligatoire dans les pays européens. Autre aspect important, vu le prix exorbitant des petits sachets (variant de près de 6800 francs le kilo à plus de 12 000 francs!), l‘humidité résiduelle dans les échantillons, limitée à 10%. Et, heureusement, tous les produits sont conformes pour ce paramètre. Il serait en effet extrêmement désagréable de payer de l’eau à la place du safran à ce tarif-là.

Voir les résultats du test de 7 safrans vendus dans le commerce

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Interpellation des grands distributeurs

 
Nous demandons aux distributeurs

  • cesser le marketing agressif sur les fraises, mais également sur d’autres denrées hors saison, que ce soit en rayon ou dans les différentes publications destinées à vos clients (catalogues, magazines, journaux, newsletter, etc.) ;
  • renoncer à disposer les fraises espagnoles aux endroits stratégiques de vos points de vente, à savoir en face de l’entrée, sur des ilots dédiés, ou en tête de gondoles ;
  • ne pas recourir à des mises en scène pour vendre la fraise hors saison (à savoir jusqu’en avril), en l’associant par exemple à de la crème et des tartelettes. Une demande valable aussi pour d’autres denrées, comme les asperges du Pérou associées à de la mayonnaise, viande séchée ou autre ;
  • indiquer clairement, de manière bien visible et transparente le pays de provenance ainsi que les noms des producteurs de fraises importées, que ce soit sur les affichettes qui accompagnent ces fruits en rayon, dans les publicités ou sur le dessus des barquettes ;
  • ne plus utiliser de formulations qui peuvent induire en erreur le consommateur sur la saison de la fraise en Suisse. Une demande valable pour la mise en rayon, ainsi que toute publication ;
  • être en mesure de prouver toute allégation de durabilité concernant l’assortiment.

Les dates de la tournée romande #Ramènetafraise

29.05.21Marché de Boudry (NE)
01.06.21Marché de Neuchâtel (NE)
02.06.21Marché de La Chaux-de-Fonds (NE)
04.06.21Marché de Fleurier (NE)
05.06.21Gare de Lausanne (VD)
12.06.21Gare de Genève (GE)
08.06.21Place fédérale (BE)
12.06.21Marché de Delémont (JU)
15.06.21Gare de Delémont (JU)
19.06.21Marché de Fribourg (FR)
27.09.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
29.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
29.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
09.09.21Semaine du goût Sion (VS)
25.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
26.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
05.10.21Les Jardins du Flon, à Lausanne (VD)
16.10.21Epicerie fine Côté Potager, à Vevey (VD)