7.3.2023, Propos recueillis par Anne Onidi
Facteurs de risques, traitements, moyens de prévention, prise d’antibiotiques: un spécialiste nous dit tout sur les infections urinaires.
Nuno Grilo est médecin cadre au service d’urologie et responsable du Centre de neuro-urologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), à Lausanne.
Que pouvez-vous dire sur cette pathologie?
C’est une affection très fréquente et l’une des principales raisons de consultation en urgence un peu partout dans le monde. Elle est donc responsable de la consommation d’une bonne partie des ressources des systèmes de santé. Elle a un impact important sur les personnes qui en souffrent, particulièrement celles qui ont des formes récidivantes. On parle de forme récidivante dès qu’il y a au moins trois infections urinaires par an.
Quelles personnes touche-t-elle le plus?
Elle atteint beaucoup plus les femmes que les hommes. La raison est anatomique: comme leur urètre est considérablement plus court, la colonisation bactérienne y est plus facile. Il y a différents facteurs de risques. Chez les femmes jeunes, ce sont le degré d’activité sexuelle, le changement de partenaires et une prédisposition familiale. La ménopause et l’âge en général constituent un risque également car, avec le vieillissement, il y a une atrophie et une altération de la flore vaginale.

Nuno Grilo, médecin cadre au service d’urologie et responsable du Centre de neuro-urologie du CHUV.
Considérant le problème des bactéries multirésistantes, le corps médical prescrit-il systématiquement des antibiotiques?
Cette question se pose de plus en plus. Nous avons diminué la durée de traitement pour la plupart des pathologies. Dans le cas des infections urinaires récidivantes, quand il n’y a plus le choix, on va privilégier des schémas thérapeutiques courts. On va chercher à agir sur les causes de ces infections. Peut-être s’agit-il de problèmes organiques ou de troubles comportementaux, comme une hydratation inadéquate (moins de 1,5 litre par jour). On va aussi vérifier qu’il s’agit bien d’infections urinaires et non d’une autre affection générant les mêmes symptômes. Certaines personnes consomment parfois énormément d’antibiotiques à tort car on ne soigne pas les bonnes causes. Citons par exemple le syndrome de la vessie douloureuse, une maladie inflammatoire mimant l’infection urinaire mais ne répondant pas aux traitements antibiotiques.
Existe-t-il des méthodes de traitement alternatives?
Lorsque les premiers symptômes sont tolérables, on peut tenter de faire passer l’infection en augmentant l’hydratation (environ 3 à 4 litres par jour pendant deux à trois jours). Et pour diminuer les douleurs, les anti-inflammatoires s’avèrent généralement efficaces.
L’impact sur les personnes souffrant de formes récidivantes est important.
Et quels sont les moyens de prévention?
Boire suffisamment d’eau, au moins 2 litres par jour. Veiller à uriner dès qu’on en a besoin et à uriner également après les rapports sexuels. Laver la zone intime au maximum une fois par jour avec un produit doux, au pH acide de préférence et éviter toute solution désinfectante. Porter des sous-vêtements en coton pas trop serrés. Limiter l’utilisation de protections hygiéniques contenant des produits chimiques qui peuvent altérer la flore vaginale et donc favoriser les infections urinaires. Les traitements non antibiotiques qu’on peut proposer sont les probiotiques, par voie orale ou vaginale. Et les œstrogènes par voie vaginale chez les femmes ménopausées. Quant au D-mannose, c’est un traitement que recommandent les sociétés savantes dans les cas d’infections récidivantes. Dans ma pratique clinique, je le propose ainsi que la canneberge, en précisant que le succès n’est pas garanti mais que certains patients arrivent à un bon résultat avec l’un ou l’autre.
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