Lait
Les difficultés des producteurs perdurent
Archive · 04 avril 2017


Laurianne Altwegg
Responsable Agriculture, Énergie et Environnement
La situation des producteurs de lait ne s’est clairement pas améliorée, ce malgré un sommet réunissant tous les acteurs du secteur en mai 2016 et de multiples rencontres de la profession. Au contraire, le prix moyen payé au producteur a encore diminué de 2% depuis 2016. Seul le prix du lait bio a connu une légère augmentation (1%), alors que le lait de centrale et ceux transformés en fromage ont encore décliné. La situation interpelle d’autant plus qu’une étude allemande révélait en février dernier que les deux grands distributeurs suisses présentent les marges brutes sur les prix les plus élevées d’Europe. Bien qu’il soit impossible d’en déduire leur bénéfice – s’agissant du ratio entre les ventes et les coûts de production – et encore moins la marge réalisée sur les produits laitiers, il y a de quoi s’interroger sur leur capacité à soutenir un secteur en réelle difficulté.
Surtout, deux jours après ces révélations, l’Interprofession du lait (IP-Lait) annonçait qu’elle n’avait pas trouvé de consensus concernant la demande des producteurs d’augmenter le prix du lait A, c’est-à-dire celui de centrale destiné au marché suisse. Il reste donc inchangé à 65 ct/kilo pour le deuxième trimestre 2017, alors que les conditions du marché se sont améliorées: la production de beurre est en nette diminution, les livraisons de lait en forte baisse et les prix à la hausse dans les pays voisins. Raisons pour lesquelles la Fédération suisse des producteurs de lait (FPSL) avait demandé que ce prix soit revu à la hausse. Elle indique cependant dans un communiqué du 21 février que «malgré de longs et intenses débats, la demande d'augmentation du prix indicatif formulée par le groupe des producteurs n'a pas recueilli l'approbation du groupe des transformateurs et du commerce de détail». Une claque d’autant plus forte qu’il existe des écarts importants entre ce prix indicatif – donc non contraignant – et les prix effectivement payés aux producteurs sur lequel les acheteurs sont loin de tous s’aligner.
Faire pression
La situation interpelle aussi les consommateurs: nombreux sont ceux à avoir réagi suite aux multiples reportages parus dans les médias, particulièrement celui de Temps Présent consacré à la détresse paysanne. Plusieurs témoignages sont également parvenus à la FRC, laquelle a consacré une chronique radiophonique sur Rouge FM pour renseigner les consommateurs sur ce qu’ils peuvent faire pour soutenir les paysans suisses. Actuellement, du fait que les choses ne bougent pas du côté des transformateurs et des distributeurs, ses seules armes sont d’acheter des produits laitiers suisses en privilégiant les circuits courts – c’est-à-dire la vente directe, le marché, les coopératives de producteurs ou les marchés à la ferme – et de continuer à témoigner de son indignation auprès de la FRC pour lui permettre de faire pression sur les acteurs du secteur et les politiques.
Malgré le bilan négatif de l’année écoulée, une amélioration est peut-être en marche: certains producteurs constatent ainsi une croissance de leurs ventes au marché suite à la prise de conscience du grand public; parallèlement, des projets émergent du côté de la grande distribution – notamment chez Elsa – visant à mettre en place des programmes de durabilité qui pourraient également bénéficier aux producteurs. La FRC suivra de près ces développements dans les mois à venir.
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