Inspection
«Les chimistes cantonaux unissent leurs laboratoires»
Archive · 04 septembre 2012

Epices dont la teneur en pesticides donne des sueurs froides, métaux lourds dans les bijoux, boissons bourrées d’additifs, compléments alimentaires synonymes de poudre de perlimpinpin ou basmati dont on recherche encore l’existence dans des grains de riz vendus comme tel… Voilà un échantillon d’analyses effectuées par les chimistes cantonaux. D’ici à fin 2012, le travail de ces gendarmes des étals devrait connaître un nouvel essor grâce à une meilleure coordination entre les six cantons romands dans le contrôle des denrées alimentaires et des produits, ainsi que des services vétérinaires. Explications de Patrick Edder, le chimiste cantonal genevois.
Vous avez mis en place une base de données commune. Qu’est-ce que cela va changer?
Ce système informatique unifié, l’une des concrétisations d’un accord intercantonal signé fin 2010 par les chimistes romands, simplifiera grandement les processus, harmonisera les inspections et évitera les doublons inutiles. Exemple: dans le cadre d’échanges d’échantillons, où auparavant un laboratoire faisait des prélèvements, saisissait des données puis envoyait le tout à un autre laboratoire cantonal qui effectuait de son côté les mêmes tâches. Désormais, les rapports d’analyses et d’inspection seront identiques. L’information entre nous circulera mieux et plus rapidement.
Qu’est-ce qui a motivé cette coopération entre chimistes?
L’objectif était de pouvoir répondre aux exigences de Berne de manière coordonnée, voire de Bruxelles, qui demandaient à avoir accès à certaines informations de manière concertée. Je précise qu’il s’agit de la mise en place d’un réseau et non d’une fusion. Ainsi chaque canton peut développer ses pôles de compétence et ses spécialisations. De plus, cela nous permet de mieux rentabiliser les investissements en infrastructures et en personnel, aussi bien au niveau des laboratoires, des inspections que des services des vétérinaires cantonaux.
En quoi est-ce bénéfique pour les consommateurs?
Cela élargit considérablement la palette des contrôles, notamment parce que chaque canton peut profiter du savoir-faire des autres, et permet de se pencher plus rapidement sur de nouveaux domaines, telles les nanotechnologies, un secteur appelé à se développer. Autre avantage pour les consommateurs: une meilleure analyse des risques avec une vision statistique puisque, au lieu de se limiter à vingt échantillons, par exemple, on en analysera une centaine. Enfin, les contrôles ne s’arrêtant pas aux limites du canton, il y aura moins de risques qu’un produit défectueux soit vendu dans une autre partie de la Suisse romande.
En 2011, vous aviez mis un accent sur les compléments alimentaires. Et cette année?
Pour rappel, les six laboratoires romands échangent des analyses portant sur 2000 à 3000 produits chaque année. En 2012, nous allons notamment contrôler à nouveau les riz basmati, en raison des mauvais résultats obtenus en 2011 (ndlr: 67% étaient non conformes), mais aussi un grand nombre d’aliments, tels que les viandes, les poissons et les fruits de mer (authenticité des espèces ou toxines), les miels (antibiotiques), les aliments bio (recherche de pesticides), les fromages AOC (lysozyme). Dans les autres branches, les contrôles sont aussi très diversifiés, de la recherche de phtalates ou de formaldéhyde dans la vaisselle en plastique en passant par les solvants volatils dans les maquillages de carnaval.
Comment les consommateurs sont-ils au courant des problèmes que vous découvrez lors de vos contrôles?
Toutes les informations ne remontent pas jusqu’aux consommateurs. Généralement, nous réglons les problèmes directement avec les entreprises concernées, qui, en cas de mise en danger immédiat de la santé, peuvent être contraintes de retirer les produits incriminés du marché. Il ne faut pas lancer des alertes de manière trop précipitée. J’en veux pour preuve le «concombre tueur» d’Espagne, l’été dernier. Au final, ces intoxications alimentaires, parfois mortelles, survenues en Europe, étaient dues à des graines germées de fenugrec.
Quelles sont les sanctions que les entreprises encourent de votre part?
Les dispositions divergent d’un canton à l’autre. Certains chimistes cantonaux peuvent infliger directement à l’entreprise une amende pouvant s’élever jusqu’à 40 000 francs, d’autres doivent passer par une dénonciation au préfet. Mais les sanctions sont loin d’être un but en soi. Les chimistes cantonaux disposent aussi d’un certain nombre de mesures administratives – modification des procédés de fabrication, renouvellement des infrastructures, rappel des produits, fermeture d’un commerce… Notre mission est de protéger les consommateurs tout en nuisant le moins possible à l’économie. En Suisse, où les contrôles sont plus fréquents que dans d’autres pays voisins, notamment dans la restauration, le système est, à mon sens, globalement efficace.
Les consommateurs peuvent-ils directement faire appel à vos services?
Une personne peut en effet déposer une plainte, de façon non anonyme, ce qui représente pour les chimistes cantonaux une source d’informations intéressante. Nous ne répondons pas, par contre, personnellement aux plaignants et ne faisons pas de contrôles de qualité pour savoir, par exemple, si tel produit Migros est meilleur que celui de Coop!
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