3.12.2013, Pascal Vermot / Photo: Jean-Luc Barmaverain
Les nouvelles cartes sont dotées de puces NFC. Les banques poussent ainsi leurs clients à courir des risques supplémentaires en cas de perte ou de vol.
Si vous êtes titulaire d’une carte de crédit, ne vous étonnez pas d’en recevoir une nouvelle avant même que la vôtre arrive à échéance. Car les banques et les émetteurs de cartes font le forcing pour imposer une nouvelle forme d’argent plastique, dotée de la technologie NFC (pour Near Field Communication), permettant le paiement sans contact pour les achats de moins de 40 francs… cela sans que votre code personnel vous soit demandé.
Un «progrès» qui a du mal à passer pour certains clients. «Il est possible de réaliser trois transactions de 40 francs jusqu’à la demande du code personnel (PIN). On met ainsi 120 francs à disposition des «arracheurs de sacs», comme s’il s’agissait d’argent liquide. N’est-ce pas une incitation supplémentaire au vol?» s’interroge l’une de nos adhérentes.
Incitation à l’achat
Sur le papier, la technologie NFC peut séduire. Il suffit de placer la nouvelle carte de crédit à proximité immédiate d’un lecteur adapté sans avoir à s’authentifier. «Pour les montants de moins de 40 francs, on gagne du temps à la caisse, en toute sécurité», soutient Monika Weibel, porte-parole de la Fédération des coopératives Migros. Le géant orange vient d’introduire cette possibilité à l’ensemble de ses 8500 terminaux de paiement. Il rejoint en Suisse des chaînes comme McDonald’s ou k kiosk. Quant à Coop, le groupe s’apprête à lancer au printemps 2014 une solution non par carte de crédit mais via smartphone (lire ci-dessous).
Sous les noms PayPass, payWave ou Payexpress, les banques et les organismes de crédit ont commencé il y a deux ans déjà à distribuer à leurs clients des cartes munies de puces NFC. Viseca, le leader du secteur, a même joué les précurseurs en introduisant dès 2007 les premières MasterCard PayPass des banques cantonales. Depuis, ces cartes ont conquis nos porte-monnaie. Peut-être en détenez-vous-en une sans même le savoir. Pour en avoir le cœur net, cherchez le sigle dédié sur votre carte.
Les promoteurs des cartes de crédit ont tout intérêt à convaincre leur clientèle de préférer ce type de paiement aux cartes de débit. «Certaines études démontrent que les consommateurs dépenseraient plus d’argent en raison de la facilité et de la rapidité des petites transactions, note Iohan Colarusso, expert financier et fondateur de la société CC Crédits Conseils, sur son blog d’actualité. Pour les banques, cela se traduit par une augmentation du volume de transactions, une réduction des paiements en espèces, et donc une augmentation des commissions perçues.»
Coûteux manque de vigilance
Reste la question de la sécurité. Pour UBS, la disparition de l’utilisation du code PIN pour les petits montants ne pose pas de problème. «Pendant le processus de paiement, la carte reste dans la main de l’utilisateur. Une seule transaction est possible à la fois, car la puce de la carte génère un code unique à chaque paiement. Enfin, seules les données techniques, comme le numéro de la carte, sont transmises. Pas le nom du possesseur», explique Jean-Raphaël Fontannaz, porte-parole.
En cas de perte ou de vol de la carte de crédit, l’obligation de diligence du client est toutefois une vertu cardinale. Les conditions générales d’UBS, par exemple, précisent que le possesseur d’une carte Visa est tenu d’avertir sans délai le service clientèle; il est tenu «pour responsable de la totalité des transactions autorisées (…) jusqu’au blocage éventuel de la carte». L’ensemble des banques et des organismes de crédit mettent en avant cette obligation.
Tout manque de vigilance peut coûter cher. Dans le cas de la carte Visa UBS, une personne mal intentionnée peut cumuler non jusqu’à 120 francs, mais jusqu’à 200 francs de dépenses – fractionnées en transactions de moins de 40 francs – sans qu’on lui demande le moindre code. «Pour autant qu’il ait respecté toutes les mesures de précaution, le client a toujours la possibilité de contester une transaction frauduleuse dans un délai de trente jours», note Jean-Raphaël Fontannaz. A charge donc pour le titulaire de se renseigner auprès du service clientèle concerné afin de connaître les risques qu’il encourt en utilisant le paiement sans contact.