1.9.2015, Laurianne Altwegg – collaboration Nicolas Berlie / Photo: Jean-Luc Barmaverain
PET, PVC, polystyrène, bioplastiques: le consommateur ne sait plus reconnaître la matière à laquelle il a affaire, ni comment s’en défaire.
Un million de tonnes: c’est la quantité de plastique consommée chaque année en Suisse, selon l’Office fédéral de l’environnement. Et la part la plus importante (37%) est constituée par les emballages, dont la majeure partie auront une durée de vie de moins d’un an et finiront incinérés. Du point de vue des particuliers, chaque habitant consomme annuellement 28 kg d’emballages, selon SwissRecycling. Et il les paie deux fois: à l’achat puis à l’élimination.
De quoi s’interroger sur le gaspillage des ressources, qu’il s’agisse de celles de la planète ou de celles, financières, du consommateur. Pourquoi, dans une Suisse qui se veut championne du recyclage, existe-t-il de tels retards dans la mise en place d’un système de collecte national?
Le plastique ? Non, les plastiques !
Premier problème, il n’y a pas un plastique, mais une multiplicité de plastiques: il en existe plus de 5600 sortes, dont 99% sont fabriqués à partir de pétrole et de gaz naturel. Plus rares, certains sont fabriqués à base de matières végétales comme le maïs, la pomme de terre ou même l’éthanol de canne à sucre. Chaque plastique a des propriétés adaptées à son contenu, d’où la variété.
Bien sûr, il est impossible de reconnaître ces plastiques du premier coup d’œil. Le consommateur attentif aura toutefois remarqué que la plupart arborent un pictogramme composé d’un numéro entouré de trois flèches formant un triangle. A quoi fait référence ce logo, qui laisse penser, à tort, que la matière est recyclable? Il s’agit d’un système d’identification des résines développé par la Société de l’industrie plastique du Canada pour promouvoir le tri et le recyclage. Toutefois, repris en Europe, ce système ne signifie malheureusement pas que votre Commune collecte et valorise ces matières. Son apposition n’est même pas obligatoire.
Un parfum de «greenwashing»
Dans ce système de classification, les résines sont regroupées en sept familles de matières plastiques (voir encadré ci-dessous). Aux polyéthylènes, PVC, polypropylènes et polystyrènes, les plus répandus, il faut ajouter les bioplastiques ou plastiques bio-sourcés, issus de sources végétales, tel que le PLA (un polymère issu par exemple de l’amidon de maïs).
Ceux-ci sont aujourd’hui très tendance, mais génèrent-ils un réel progrès environnemental? Pas si évident, à en croire une enquête de nos confrères français de UFC-Que choisir. Non seulement ces matériaux sont en général mélangés avec du plastique issu de la pétrochimie (c’est le cas des bouteilles Volvic ou Vittel), mais leur bilan est en soi discutable. Si leur utilisation réduit la consommation de ressources non renouvelables et les émissions de gaz à effet de serre, leur production n’est pas pour autant indolore, puisqu’elle implique la réaffectation des sols, la ponction des ressources en eau et l’utilisation de pesticides pour traiter les cultures.
Pis, quand il est mélangé au pétrochimique, le bioplastique est recyclé dans les mêmes filières que les emballages issus du pétrole. Il n’est dès lors ni biodégradable ni compostable. Bref, on peut sentir là comme une odeur de greenwashing…
Pour rappel, les seuls bioplastiques compostables et réellement biodégradables sont les sacs arborant au moins un des deux logos officiels et présentant un quadrillage blanc-vert sur toute la surface. A l’inverse, un sac dit «oxo-dégradable» est un plastique auquel ont été ajoutés des additifs qui accélèrent sa fragmentation. Jetés dans la nature, ces sacs deviennent invisibles mais des microparticules toxiques subsistent.
Composition: décryptez les sigles
L’emballage de votre gel douche est-il à classer dans la famille N° 4 ou N° 7? Impossible de le savoir d’un simple regard, d’autant que la classification autorise aussi les sous-groupes. Armez-vous d’une loupe et scrutez-le sous toutes les coutures! Si le sigle identifie le type de matière, il ne dit pas encore dans quelle filière le recycler.
PET | ![]() | Matière la plus connue puisque la seule à faire l’objet d’une collecte séparée en Suisse; seules les bouteilles de boissons sont recyclées, alors que beaucoup d’autres emballages sont en PET (comme les barquettes). | ![]() |
PE-HD | ![]() | Ce matériau se rencontre surtout sous forme de bouteilles semi-rigides, souvent opaques, telles que bouteilles de lait, de jus de fruits, de lessive ou de shampoing. | ![]() |
PVC | ![]() | Très utilisé dans la construction, notamment pour les tuyaux, les gaines électriques ou les cadres de fenêtre, mais aussi dans les jouets souples pour enfants (poupées) et les cartes de crédit. | ![]() |
PE-LD | ![]() | Plastique souple entrant dans la fabrication de toutes sortes de tubes (cosmétiques, colle, etc.). Compose également nos sacs-poubelles. | ![]() |
PP | ![]() | Ce matériau permet de produire des objets en plastique dur tels que seaux ou meubles de jardin. Aussi utilisé pour conditionner les produits gras tels que le beurre ou la charcuterie. | ![]() |
PS | ![]() | Il existe trois types de polystyrène au moins: sous sa forme «cristal», il est cassant, du type boîtier pour CD; les gobelets de yogourt ou jetables sont en polystyrène «choc»; sa forme expansée (EPS) est connue sous l’appellation «sagex». | ![]() |
O | ![]() | O comme «OTHER». La septième famille comprend tous les autres types de plastiques, parmi lesquels on trouve les matières compostables ou issues de sources végétales comme le PLA. | ![]() |
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