5.7.2016, Photo: Jean-Luc Barmaverain
Deux modèles pour enfants contiennent des doses massives d’un solvant nocif par inhalation.
Plage de sable ou de galets, soleil et crème glacée… Voilà qui résume l’évasion estivale pour bon nombre de familles. Les vacances au bord de l’eau, c’est aussi l’occasion de sortir les accessoires dédiés à la vie aquatique, dont les tubas, masques et palmes. Presque uniquement constitués de plastique, ces outils de plongée exhalent souvent de puissantes odeurs de chimie. Quelles sont ces substances? Sont-elles toxiques? Nous avons confié dix échantillons à un laboratoire spécialisé pour y répondre.
Dans les tubas et kits analysés, les chimistes se sont intéressés à l’embout qui se place dans la bouche, au tube ainsi que, pour les masques, à la partie recouvrant le nez. Dans ces zones stratégiques, en contact avec les voies respiratoires, ils ont traqué 19 molécules problématiques, entre substances cancérogènes et perturbateurs endocriniens.
Ces corps appartiennent à deux familles distinctes: les composés organiques volatils (COV en abrégé, qui recouvrent 13 molécules) et les phtalates (6). Les premiers sont des produits qui, comme leur nom l’indique, s’évaporent et pénètrent dans le système respiratoire. La plupart sont nocifs par inhalation, les autres sont irritants pour les yeux et la peau. Deux sont cancérogènes (benzène) ou potentiellement cancérogènes (éthylbenzène). Les phtalates ne s’évaporent pas, mais migrent du plastique dans la salive et pénètrent dans le corps par les muqueuses de la bouche. L’effet perturbateur endocrinien de plusieurs de ces molécules a été prouvé.
Des résultats inquiétants
Au rayon des bonnes nouvelles, le laboratoire n’a détecté aucune molécule cancérogène, et trois modèles – deux pour enfants, un pour adultes – sont même dotés d’une composition impeccable. Le reste est beaucoup moins réjouissant. Cinq produits ont montré la présence de un à six composés dans des proportions raisonnables, car n’excédant pas une dizaine de milligrammes par kilo. Le solde, deux articles de la marque Intex destinés aux enfants, renferme quatre substances de la famille des COV. Plus grave, l’une d’entre elles, la cyclohexanone, figure en quantité si importante que les appareils de mesures, saturés, ne sont pas parvenus à les chiffrer! Sur ces deux échantillons, elle se loge en quantité massive dans le nez du masque (supérieure à 2500 mg par kilo), et en quantité moindre dans le tuba. La nocivité de la cyclohexanone par inhalation ayant été prouvée, sa présence dans des accessoires de respiration subaquatique, de surcroît destinés aux juniors, dérange forcément.
Retrait demandé
Le taux de COV dans le plastique n’étant pas réglementé, on ne peut donc pas se prononcer sur l’éventuelle non-conformité des deux produits commercialisés chez Coop. Selon le laboratoire qui a réalisé les analyses, une chose est sûre, en revanche: «Le taux de cyclohexanone 2500 fois supérieur à celui des autres échantillons est susceptible de poser un risque pour la santé puisque cette substance est nocive par inhalation.» Parce que des produits exempts de molécules à risques existent et parce que des taux aussi élevés de cyclohexanone sont potentiellement dangereux et évitables, la FRC a demandé le rappel de cette marchandise.
Lire le test sur test.frc.ch
Produits Intex – Coop fait machine arrière
Mise à jour, août 2016
Suite aux résultats de notre test, Coop a retiré de la vente les deux kits pour enfants de la marque Intex, dont le plastique contient de grandes quantités de cyclohexanone, un composé organique volatile, nocif pour les bronches dès lors qu’il est inhalé. Il s’agissait pour le distributeur d’une mesure provisoire visant à vérifier que le taux de substances inhalées à travers le tuba ne dépasse pas les normes admises.
Les analyses du fournisseur ayant démontré la conformité des deux produits dénoncés, Coop a décidé de remettre les kits en rayon. Une décision que la FRC déplore, la mauvaise composition des plastiques utilisés dans la fabrication de ces accessoires de plongée ayant été clairement mis en évidence. En comparaison avec les autres modèles de notre panel, ces deux-là sont nettement inférieurs en qualité, la FRC déconseille donc formellement de les acheter.
Le choix de la rédaction
![tuba](https://www.frc.ch/wp-content/uploads/2016/07/tuba.png)
Aqualung Sport Junior et Mares Jiji adultes
Ces deux modèles allient prix doux et sécurité. Les éprouvettes de notre laboratoire sont formelles: aucune des 19 substances problématiques ne se trouve dans ces tubas. De quoi barboter en toute quiétude.
Les crèmes solaires pour enfants: prudence!
Plainte déposée
L’été ne sera pas sans danger pour nos têtes blondes! Après les tubas, voici que les crèmes solaires pour enfants posent de graves problèmes! L’association française de défense des consommateurs a publié publie un test particulièrement inquiétant sur ces produits. Au vu de la très faible protection aux UVA constatée sur près d’un tiers des produits testés, l’association alerte les parents et dépose plainte contre les 5 fabricants concernés pour pratique commerciale trompeuse et tromperie. Les marques concernées par cette plainte: CLARINS, BIODERMA, BIOSOLIS, ALGA MARIS et LOVEA. Prudence: certains de ces articles sont aussi vendus en Suisse!