Adolescence

Le poids de l’image

Environ 20% des enfants ont des problèmes de poids. La prévention des dérèglements alimentaires table sur une approche pluridisciplinaire.
Santé Maison et loisirs

Archive · 01 juillet 2014

41% des filles de 15 ans s’estiment trop grosses. Photo: Nikita Vishneveckiy/shutterstock.com

Certains chiffres peuvent faire l’effet d’un couperet. Comme la formule 90-60-90, censée quantifier les mensurations idéales, et que seules six femmes sur 10 000 atteindraient en réalité. Ces normes esthétiques, incarnées par des mannequins filiformes, ont pourtant un poids considérable sur l’estime de soi. En témoigne une étude expérimentale menée par l’Université de Fribourg. «Des jeunes femmes ont consulté un magazine de mode ainsi qu’une revue de voyage. C’est seulement après la lecture du premier qu’elles se sont montrées moins satisfaites de leur physique. Leur moral était clairement à la baisse», note Andrea Wyssen, psychologue et responsable de cette recherche en Suisse.

Vulnérabilité des jeunes

Parmi les personnes les plus vulnérables face à leur image corporelle, les jeunes, et les adolescentes en particulier. Certes, le surpoids et l’obésité sont un véritable problème de santé publique: dans notre pays, il touche environ 20% des enfants. Mais l’étude HBSC (pour Health Behaviour in School-Aged Children) de l’OMS consacrée à la Suisse fait état de 41% des filles de 15 ans «se jugeant trop grosses» (22% des garçons). Autre statistique nationale, celle de SMASH (Swiss Multicenter Adolescent Study on Health): 40% des filles âgées de 16 à 20 ans qui ont été interrogées se sont déclarées insatisfaites de leur apparence (18% des garçons).

C’est la porte ouverte à des comportements alimentaires inadéquats, comme des régimes excessifs, pratiqués par 21% des jeunes filles, selon l’OMS. «L’image corporelle négative n’est pas uniquement le fait de jeunes à problèmes (en surpoids ou en sous-poids), mais l’insatisfaction peut porter également sur des corps «normaux», relève Promotion Santé Suisse dans un rapport intitulé Image corporelle saine. Pour l’un de ses auteurs, Chiara Testera Borrelli, les causes de ce mal-être sont à chercher entre autres du côté d’une société de plus en plus visuelle (télévision, ordinateur, internet, etc.), ainsi qu’auprès de la publicité, des médias et de l’industrie de la mode. La famille a également une influence, diverses études montrant que des mères adeptes de régimes extrêmes ont souvent des filles qui suivent le même chemin nutritionnel.

Autre domaine: les réseaux sociaux, qui diffusent les normes esthétiques auprès des adolescents. «L’image corporelle saine est une dimension importante du rapport à son propre corps, ajoute Chiara Testera Borrelli. En matière de prévention, il s’agit de promouvoir un style de vie sain dans sa globalité, en ne mettant pas la focale sur le poids.»

Manger ensemble

Un rapport à la nourriture qui dépasse le seul calcul rationnel des calories, c’est aussi l’avis de Yoann Moreau, anthropologue au Centre Edgar-Morin, EHESS/CNRS à Paris, et conseiller scientifique du spectacle Manger seul, présenté en novembre au Théâtre de l’Arsenic, à Lausanne. «La commensalité, soit le fait de manger ensemble, est une constante anthropologique», avance-t-il. Un moment d’échange de nourriture et de conversation, et un endroit, la table en général, où chacun a sa place.

Mais, dans les sociétés riches, manger s’est mué en un acte individuel. L’augmentation des troubles alimentaires découlerait-elle aussi de la perte de cette «part commensale» dans les repas, s’interroge l’anthropologue, qui plaide pour que les recherches interdisciplinaires s’attellent à renouer un lien amical avec la nourriture, lien perdu au fil des scandales alimentaires, des élevages intensifs et de la malbouffe industrialisée.

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