25.11.2014, Elisabeth Kim / Photo: Jean-Luc Barmaverain
Une écrasante majorité de jeunes possèdent leur propre smartphone. Mais comment prévenir les dangers numériques, tant psychologiques que financiers ?
Maman de quatre filles de 11, 14, 16 et 18 ans, Nathalie B. avoue qu’elle se sent parfois telle une extraterrestre en matière d’accès à internet. Ainsi, les trois plus grandes possèdant un téléphone mobile, des règles sont établies. «Les smartphones sont déposés au salon lors du coucher, excepté pour l’aînée, avec laquelle nous sommes plus souples, raconte-t-elle. De plus, nous n’avons pas de wi-fi à la maison et l’ordinateur familial, placé dans un lieu commun, ne peut être utilisé qu’à des heures limitées. Et elles savent que nous avons la possibilité en tout temps, avec mon mari, de contrôler leurs activités en ligne, en particulier leurs chats.»
Si ces restrictions ne sont, on s’en doute, pas toujours faciles à appliquer rigoureusement, la Vaudoise est convaincue de leurs bienfaits. Un avis que partage René Longet, porte-parole romand de Pro Juventute, qui vient de lancer une campagne sur la construction (parfois fragilisée) de l’image de soi des adolescents au travers des selfies et des réseaux sociaux. La fondation sensibilise également le public depuis quelques années aux divers dangers du numérique pour les juniors. «Souvent, les adultes qui ne donneraient jamais un vélo à leur enfant s’ils ne sont pas sûrs qu’il maîtrise l’engin et les règles de la circulation, ne se posent guère de questions lorsqu’il s’agit d’un smartphone», constate-t-il.
«Règle des 3-6-9-12»
Or, à l’heure où une écrasante majorité de jeunes Suisses possèdent leur propre téléphone mobile – 97%, selon la dernière étude JAMES, alors qu’ils étaient à peine une moitié en 2010 –, tous les parents ne semblent pas avoir pleinement réalisé à quoi leur progéniture peut être exposée. Selon une autre enquête, EU Kids Online, réalisée dans notre pays en 2012 et basée sur près d’un millier de réponses d’enfants âgés de 9 à 16 ans et de leurs parents, plus l’adolescent grandit, plus les risques qu’il soit confronté à une expérience négative sur internet augmentent: 76% des 15-16 ans ont ainsi déclaré avoir été confrontés à une situation problématique, tel un contact avec des personnes inconnues, la vision d’images pornos ou la réception de messages à caractère sexuel.
Alors comment faire pour bien faire? D’abord, un rappel: dans ce domaine, les parents jouent le rôle principal. Encore faut-il en avoir conscience – 52% ne surveillent jamais les pages internet consultées par leurs enfants – ou les connaissances. Sur le site jeunesetmedias.ch, ils pourront récolter quelques précieux conseils en téléchargeant la brochure Compétences médiatiques. Comme la «règle des 3-6-9-12», à savoir pas d’écran avant 3 ans, de console de jeux avant 6 ans, pas d’internet avant 9 ans et pas de web sans surveillance avant 12 ans.
A noter que ce programme national chapeauté par l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) soutient l’évaluation des offres d’éducation aux médias numériques dans toute la Suisse, que ce soit en passant par les parents, les écoles, et les jeunes eux-mêmes. Des critères de qualité seront publiés début décembre, explique Claudia Paiano, l’une des responsables à l’OFAS. Reste que si internet est une aire de jeux qui peut s’avérer dangereuse entre de jeunes mains, tous les ados ne sont pas, fort heureusement, traumatisés par de mauvaises expériences en ligne. Et comme le souligne aussi Nathalie B., la vigilance et le contrôle parental sont une chose, mais rien ne remplace le dialogue.
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