10.6.2021, Jean Busché
Le traçage et l’analyse de nos comportements en ligne sont lucratifs. Très lucratifs. Google teste une nouvelle solution pour remplacer à terme les cookies.
Principalement pour les géants du web qui vendent de la publicité basée sur un profilage des internautes. Cependant, des voix s’élèvent contre cette surveillance continue et indiscriminée. Face à cette levée de boucliers, Google teste depuis peu sur son navigateur internet Chrome une nouvelle solution appelée FLoC, qui vise à remplacer à terme les cookies.
Qu’est-ce que c’est? Le FLoC, pour Federated Learning of Cohorts, ne piste pas individuellement les internautes, comme le cookie, mais se base sur l’activité et les capacités du navigateur. L’individu est classé dans une catégorie, appelée cohorte, de personnes partageant des caractéristiques et des intérêts communs. Ce profil est ensuite partagé avec les sites et annonceurs pour que la publicité soit ciblée de manière collective plutôt qu’individuelle.
Quel est son avantage? Avec les FLoC, Google répond aux préoccupations du public, en promettant l’anonymat, tout en sauvant son gagne-pain qui consiste à vendre de la publicité ciblée aux annonceurs.
Pourquoi est-ce ironique? C’est un peu comme si McDonald’s annonçait avoir inventé la frite diététique mais savoureuse. Google propose un outil de surveillance sans impacter la protection de la sphère privée. De plus, c’est en reniant ses propres trackers (les cookies, donc) que Google se place en défenseur des internautes et de la protection des données: ce qui a de quoi faire sourire.
Pourquoi est-ce problématique? Doit-on choisir entre l’ancienne et la nouvelle technologie de traçage? Ne pourrait-on pas prétendre à un internet où nos comportements, en tant qu’individus et groupes, ne seraient pas épiés? A l’heure où la société civile se sensibilise aux questions de protection des données en ligne, le privacy washing du géant fait grincer des dents. Le FLoC apporte quant à lui son lot d’inquiétude, à l’instar de l’impact du social storting, soit les effets indésirables d’une catégorisation à outrance sur les possibilités de choix individuels. Ou encore la promesse de Google d’exempter certaines classifications délicates du dispositif, laissant l’entreprise seule juge de ce qui peut être considéré comme une catégorie sensible.