4.4.2017, Sandra Imsand et Barbara Pfenniger / Photo: Jean-Luc Barmaverain
Les préparations prêtes à l’emploi sont censées faciliter la vie et produire d’aussi beaux gâteaux que ceux de Maman. Vraiment?
La bonne odeur de cake au chocolat qui s’échappe du four! Afin de vous faire passer pour un chef à moindre effort, les fabricants rivalisent d’ingéniosité. Au rayon pâtisseries, des dizaines de préparations pour gâteaux vous font de l’oeil. Leur packaging est attrayant, souvent au look vintage qui évoque une recette à l’ancienne. Retroussez vos manches: mélangez la poudre avec quelques oeufs, de la matière grasse et du liquide pour obtenir un gâteau magnifique. Avec les préparations vendues au rayon frais, c’est encore plus rapide: versez-en une tout simplement dans un moule et enfournez.
Pas de recette à suivre et gain de temps, une promesse intéressante. Mais ces mélanges sont-ils vraiment plus simples à confectionner qu’un gâteau maison? Le temps de cuisson indiqué est-il correct? Et le goût, dans tout ça? Sans oublier les ingrédients contenus dans ces préparations. Nous avons mis la main à la pâte (à gâteau) et pris divers mélanges disponibles sur le marché. Six produits du commerce ont été retenus. Cinq mélanges secs et un liquide. Nous les avons préparés et cuits en suivant scrupuleusement les instructions qui figuraient au dos de l’emballage.
Première impression, à la sortie du four, tous les gâteaux ont fière allure. Aucun n’est cru ni brûlé. Le test du temps de cuisson est donc plutôt concluant, les distributeurs ne minimisant pas la durée pour donner une impression de facilité. Au moment de trancher, en revanche, quelques surprises. Le Homemade Cake au chocolat (Migros) n’était pas cuit à coeur. Par ailleurs, les cakes ne ressemblaient pas aux images des emballages. Les pépites ont tendance à se faire discrètes, alors qu’en photo, elles sont bien mises en valeur.
Pour évaluer le goût, nous avons mis ces pâtisseries à l’épreuve des papilles d’un jury sévère et affamé. Et pour corser le tout, nous avons glissé parmi les échantillons un gâteau au cacao et pépites de chocolat maison. Vous avez bien lu cacao et non chocolat: la nuance vaut son pesant de fèves pour les gourmets, mais répond fidèlement à l’exercice de la comparaison à l’aveugle. Les testeurs ont évalué l’aspect ainsi que le goût. Résultat: des appréciations très contrastées et des moyennes finales assez proches les unes des autres. Le plus apprécié: le Homemade Cake au chocolat, encore lui, pourtant pas assez cuit. Les testeurs ont justement apprécié ce côté moelleux contrairement aux autres qui ont souvent été décrits comme secs ou farineux. La deuxième place du palmarès est occupée par le mélange liquide de Leisi. Plus petit, moins gonflé, c’était aussi le plus foncé. Bon dernier de la liste: le cake maison! Les testeurs lui ont reproché sa couleur trop claire, mais ont apprécié ses pépites.
Une appellation «au chocolat» limite
Parlons-en d’ailleurs, du chocolat. Tous ces gâteaux n’en contiennent qu’une portion congrue. Le Cake au chocolat de Dr.Oetker est celui qui en affiche le plus: 57,4 g. Soit un peu plus de la moitié d’une plaque. Des proportions qui vont decrescendo. Ainsi, le mélange Gâteau au chocolat de Denner et Gâteau au chocolat Bella d’Aldi n’en présentent que 18,8 g. Autant dire qu’il faut chercher longtemps, dans un gâteau qui pèse au final près de 900 g! Tous les mélanges contiennent en outre du cacao dégraissé (16,6 g-30 g). L’appellation «au chocolat» est bel et bien limite. A titre de comparaison, le cake maison contenait 80 g de cacao et 100 g de chocolat. Des proportions sensiblement différentes des gâteaux industriels!
Côté composition, il est intéressant de relever que deux mélanges (Denner et Aldi) sont pour ainsi dire identiques. Pourtant, ils ont été diversement appréciés. Par ailleurs, toutes les préparations contiennent des lécithines, notamment de soja, auxquelles certaines personnes sont sensibles. Pareil pour les agents d’enrobage présents dans deux gâteaux, notamment la gomme arabique suspectée de causer des réactions allergiques. Sans parler des arômes sans spécification, donc probablement chimiques, contenus dans quatre mélanges. En somme, seule la préparation liquide de Leisi s’en sort sans trop de dommage: elle contient de l’arôme naturel de vanille, réellement issu de la gousse, elle est élaborée avec de l’huile de colza et contient environ 50% de moins d’acides gras saturés que les autres.
Et le porte-monnaie, qu’en dit-il? Les mélanges du commerce ne sont pas plus économiques, car il faut encore ajouter des ingrédients (beurre, oeuf, lait). Dans notre démonstration, les préparations industrielles reviennent entre 5 fr. et 9 fr. 30. Le fait maison, qui contient de surcroît beaucoup plus de chocolat, est revenu à 7 fr. 30. Et côté rapidité, le gain n’est pas manifeste, car il faut tout de même ajouter la matière grasse, les oeufs et du liquide à la préparation sèche.
Au final, peu de gain de temps ou d’argent, des ingrédients parfois louches et des papilles pas franchement emballées. Autant mettre la main à la pâte, choisir des ingrédients de qualité et fondre de plaisir!
Cet article est paru dans FRC Mieux choisir sous le titre «Le choc des cakes au choc»