30.5.2024, Laurianne Altwegg
L’effet néfaste des bovins sur le climat est parfois présenté comme un mythe. Qu’en est-il? Décryptage.
Les données de la FAO – organisation des Nations Unies experte en systèmes alimentaires – sont très claires: la production de protéines animales (viande, produits laitiers et œufs) émet 12% des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) issues des activités humaines. La majeure partie, 62%, est le fait des bovins.
La raison principale provient des grandes quantités de méthane qu’ils rejettent en éructant lorsqu’ils ruminent. Or ce gaz a un pouvoir de réchauffement 25 fois plus élevé que le CO2, même si sa durée de vie dans l’atmosphère est bien plus courte. L’élevage bovin est aussi responsable d’une surproduction de fumier et de déforestation (des forêts sont converties en pâture ou en cultures pour le fourrage), sources de grandes quantités de GES.
Il faut toutefois différencier le type d’élevage intensif tel qu’on l’observe aux États-Unis du système de pâture qui prévaut en Suisse. Notre pays se caractérise par de nombreuses zones défavorables aux cultures, recouvertes de prairies (70% de la surface agricole utile), que seuls les herbivores peuvent valoriser en protéines utiles à l’humain.
Les prairies ont aussi l’avantage de stocker du carbone, ce qui compense partiellement les émissions des ruminants. Certaines études suggèrent en outre de calculer différemment cet impact, du fait de la courte durée de vie du méthane. Un point encore controversé, tout comme celui du fourrage, puisque les bovins ne se nourrissent pas que d’herbe. Or, même si près de 100% du fourrage grossier est indigène, une part doit tout de même être cultivée sur des terres arables ou importée, ce qui n’est pas sans effets (cultures intensives, concurrence à l’alimentation humaine, etc.).
En bref, le bœuf et les produits laitiers suisses ont une empreinte moins importante que beaucoup de produits importés, mais il reste nécessaire d’en modérer la consommation d’un point de vue environnemental.
Nos conseils
- Opter pour des labels exigeant des sorties en plein air et une alimentation basée sur les herbages, par exemple Bio Suisse, IP-Suisse, Natura-Beef ou le fromage d’alpage: ces produits ont un plus faible impact sur l’environnement.
- Limiter le gaspillage en ne choisissant pas que les morceaux nobles et en ne jetant rien à la poubelle.
Pour aller plus loin
- Food and Agriculture Organization of the United Nations (Rome, 2023): Pathways towards lower emissions – A global assessment of the greenhouse gas emissions and mitigation options from livestock agrifood systems
- NEU U. (ProClim – Forum sur le climat et les changements globaux de la SCNAT (SCNAT, 2022): Effet climatique et émissions d’équivalents CO2 des substances à courte durée de vie
- PYTHON P., GRESSET F. (Agridea, 2021): Des faits sur l’empreinte écologique de la production bovine
- STETTLER A., PROBST S. (HAFL, 2023): Wie viele Nutztiere braucht die Schweiz
- zur optimalen Landnutzung?
- Greenpeace Suisse (2021): L’arnaque du fourrage
- Réseau soja Suisse (2023): Rapport Annuel Réseau Suisse pour le Soja 2023
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