Éthique
L’Andalousie et les serres de la honte
La FRC a fait état des conditions de travail inacceptables à Almeria, en Espagne, chez des fournisseurs de Coop et Migros. Depuis juillet dernier, la situation évolue. Mais entre mauvaise foi et pression, il reste beaucoup à faire.
08 septembre 2025
Sandra Imsand
Journaliste
Des employés qui s’activent sous des serres en pleine canicule, sans pause, ni ombre, ni eau. D’autres qui subissent la pulvérisation de produits phytosanitaires. La FRC a dénoncé ces pratiques interdites à la mi-juillet. Les révélations ont eu le mérite de faire du bruit. L’indignation est remontée jusqu’à Almeria, en Andalousie auprès des entreprises concernées.
Enquête lancée sur place
Selon nos sources sur place, des employés de la ferme Campohermoso Bio (groupe Bio Sol Portocarrero) avaient transmis à leur employeur un avis de grève au moment de notre publication. En plus des faits reprochés, le producteur était accusé de payer ses employés 6 euros de l’heure (en deçà du minimum légal), de les faire travailler sept jours sur sept – avec l’obligation, pour les temporaires, d’effectuer une heure de plus par jour –, d’afficher sur les fiches de paie moins d’heures que celles effectuées ou encore d’affubler les employés de surnoms dénigrants comme «chèvres» ou «moutons». La direction a fait un pas en direction de ses travailleurs et paré à ces problèmes… uniquement pour ceux qui avaient menacé de faire grève. Pour les autres, rien ne change.
En Suisse, Migros a rapidement réagi. Les sociétés sur place ont d’abord minimisé voire nié le problème. Le distributeur a ensuite appris que d’autres supermarchés s’approvisionnant auprès de Bio Sabor et Bio Sol ont été confrontés aux mêmes accusations. Une enquête approfondie a donc été lancée. Elle est menée par Appellando (réseau qui protège les droits humains et l’environnement dans les chaînes d’approvisionnement dont font partie des producteurs, des ONG et des distributeurs) en collaboration avec un cabinet d’audit espagnol.
Réaction molle de Coop
La réaction de Coop laisse fort à désirer. Dans un premier temps, le détaillant avait répondu que «rien n’indique que les pratiques mentionnées soient avérées». Il a très légèrement revu sa position après notre publication et indique maintenant avoir «immédiatement procédé à des clarifications supplémentaires». Mais il relativise: «Les tomates bio fraîches d’Espagne disponibles chez Coop ne proviennent assurément pas des fermes mentionnées. Les tomates bio étrangères vendues sous le label Naturaplan sont produites conformément aux standards stricts et contrôlés de Bio Suisse.» Coop affirme encore «qu’aucun indrédient destiné au gaspacho n’est cultivé dans les fermes concernées». Une façon de s’en laver les mains.
Enfin, chez Bio Sabor, surnommée «l’Amazon de la tomate» par certains observateurs à cause des conditions de travail peu enviables, pas grand-chose n’a changé. De guerre lasse, les employés à l’origine des révélations sont depuis tous partis. Et l’audit et les contrôles à venir n’ont pas l’air de l’inquiéter outre mesure: le patron, Francisco Belmonte, est également dans les instances fondatrices d’Appellando, réseau en charge de l’enquête qui incrimine son entreprise. Quand on est juge et partie, difficile de parler de justice.
La température atteignait les 45 degrés dans les serres de la ferme Campohermoso Bio à la mi-juillet.
DR
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