Alimentation durable
Labels régionaux: la proximité, un argument qui fait vendre
Archive · 02 juillet 2017
Les produits de proximité – un marché oscillant entre 3% et 5% qui augmente – sont estampillés de logos bien visibles. Mais ils devraient aussi être un gage de transparence pour le client. Or la région est une notion extensible (voir cartes ci-dessous) qui perd le consommateur.
Un vaste projet d’évaluation a donc été initié par la FRC. Démarré en 2001, il visait à faire converger les multiples initiatives locales vers davantage d’unité. But atteint cette année, puisque tous les labels romands (Pays romand-Pays gourmand) et alémaniques (Alpinavera, Culinarium, Das Beste der Region), 41 en tout, font partie d’une entité nationale. Avec un label commun, regio.garantie, identique pour tout le pays. Dana Raemy, ancienne présidente de la FRC Fribourg et cheville ouvrière du projet, représente les consommateurs dans cette association.
Voyant le potentiel commercial de ces produits, les distributeurs ont aussi développé leurs propres labels, mais chacun à sa sauce. Certes, le producteur, faire-valoir décliné de multiples manières (au rayon, en affiches) entretient la fibre émotionnelle. Mais le client peine à comprendre en quoi une denrée est véritablement locale. Migros, qui a adopté le même cahier des charges que regio.garantie, s’en sort bien. Coop et Manor, honorablement: la localisation des articles «Ma région» (Coop) est vague, alors que la provenance des matières premières des produits transformés de «local» (Manor) manque de clarté. Enfin, les règles édictées par Landi, Volg et Spar sont trop floues pour mériter un bon score. Le programme «petit mais remarquable» de Lidl n’entre pas dans l’évaluation, car ses produits ne sont disponibles que de manière ponctuelle.
Cela étant, même les meilleurs labels gardent une marge d’évolution pour apporter une réelle plus-value au consommateur. Pour tendre vers plus de proximité, fraîcheur et naturel, il s’agit de faire évoluer positivement les indications transparentes concernant les éventuels ingrédients importés ou issus d’une autre région, favoriser les trajets courts et aller vers une production plus proche de la nature. Enfin, l’indication claire de la provenance devrait aussi figurer sur l’emballage, l’affichage au rayon ne suffit pas. C’est ainsi que la confiance du consommateur se mérite!
Lire le rapport complet en allemand.
Tout savoir sur les labels alimentaires, guide à télécharger et évaluation 2015.
Huit labels sous la loupe
Une association nationale regroupe les labels des cantons romands, des petites vallées alémaniques et des régions supra-cantonales. Selon leurs lignes directrices, les produits simples proviennent de la région (100%), une limite abaissée à 80% pour les produits transformés. Le sucre fait exception. Les ingrédients non disponibles en Suisse sont importés, mais doivent représenter moins de 20%.
Regio.garantie obtient un score de 6 points sur 7 parmi les critères évalués.
Douze parcs attribuent des labels selon les mêmes critères que regio.garantie. Reconnus par la Confédération pour leur paysage, la culture et leur biodiversité, ils se situent surtout dans l’Arc jurassien, les Préalpes et les Alpes et couvrent chacun un territoire naturellement délimité. Cinq autres parcs sont en attente d’obtention du label.
Parcs suisses obtient un score de 6 points sur 7 parmi les critères évalués.
Migros a découpé le pays en neuf régions dont la taille n’est pas intuitive: Aare (BE, SO, AG), Bâle, Genève, Lucerne, Neuchâtel-Fribourg, Suisse orientale, Valais, Vaud, Zurich. Le Tessin, en soi la dixième région, en est bizarrement exclu. Les lignes directrices de ce label recoupent celles de Regio.garantie. Migros exige une production écologique et éthologique (PER, RSPA), mais les transports peuvent être importants à cause de la répartition des infrastructures (abattoirs). Le nom du producteur est indiqué sur l’emballage.
De la région obtient un score de 6 points sur 7 parmi les critères évalués.
Coop a ses propres lignes directrices, proches de celles de son concurrent, mais la région y est définie différemment pour chaque produit. Une régionalité difficile à saisir par les consommateurs, raison pour laquelle elle a été sanctionnée. En revanche, les règles pour les produits bio sont plus strictes (90% de la région, pas d’importation). Les produits peuvent être livrés directement ou via les neuf centrales de distribution, ce qui augmente le transport.
Ma région obtient un score de 5 points sur 7 parmi les critères évalués.
Les produits Manor proviennent d’un rayon de 30 km autour du magasin. Exception pour le Tessin où le périmètre englobe tout le canton. La distance est calculée pour l’adresse du producteur ou du fabricant. Les matières proviennent de source locale ou de Suisse, si elles sont disponibles. Les ingrédients exotiques (café, cacao) sont possibles sans limitation. Les exigences concernant les ingrédients suprarégionaux ou importés sont trop vagues pour obtenir un point supplémentaire dans la catégorie «produits transformés».
Local obtient un score de 5 points sur 7 parmi les critères évalués.
Volg définit un rayon très serré à son label: les denrées non transformées proviennent du village ou de la localité voisine. En revanche, il n’y a aucune contrainte dans les produits transformés concernant la provenance des ingrédients. Le producteur est indiqué sur le produit ou sur l’étiquette en rayon. Il n’y a pas de certification ni de contrôle indépendant et les lignes directrices, non publiques, n’ont été fournies à notre demande. Deux points fortement négatifs en matière de transparence pour le client.
Feins vom Dorf obtient un score de 2 points sur 7 parmi les critères évalués.
Les magasins Landi font venir ces produits d’une zone d’exploitation, variable selon le point de vente. Les aliments transformés ne répondent à aucune règle précise concernant la provenance et l’importation des ingrédients non disponibles en Suisse est autorisée. Les distances de transport ne sont pas limitées, et il n’y a ni certification ni contrôle indépendant. Le producteur est, si possible, indiqué sur les produits. Les lignes directrices n’ont pas été fournies. A nouveau un manque de transparence regrettable.
Naturellement de la ferme obtient un score de 1 point sur 7 parmi les critères évalués.
Le discounter Spar indique avoir renoncé à une définition géographique du «voisinage». La distance peut être courte pour une salade, plus longue pour une viande, suprarégionale pour une spécialité. Dans ce contexte flou, l’exigence selon laquelle des produits non transformés doivent provenir à 100% de la région n’a pas de sens. Il n’y a pas de lignes directrices et aucun contrôle indépendant.
Frisch aus der Nachbarschaft obtient un score de 1 point sur 7 parmi les critères évalués.
Sept critères d’évaluation
* Parcs suisses et regio.garantie sont des appellations qui regroupent plusieurs micro-régions dont certaines couvrent seulement une vallée et d’autres un canton entier (voir cartes). La liste des logos par région est ici.
RÉGION | Définition claire et intuitive
INDIGÈNE | Produit ne contenant pas d’ingrédients importés
ORIGINE | Produit non transformé provenant à 100% de la région
INGRÉDIENTS LOCAUX | Part des ingrédients non régionaux limitée clairement
TRANSFORMATION LOCALE | Part de création de valeur dans la région importante
CONTRÔLES | Label soumis à certification et à des contrôles indépendants
TRANSPARENCE | Directives publiques et facilement consultables
Les trois Suisse
La région, une notion définie par l’économie ou la géographie.
Ce que la FRC revendique
Proximité, fraîcheur, naturel: la promotion des labels régionaux suggère des qualités qui ne sont pas toujours remplies. La FRC et ses collègues demandent donc que les lignes directrices prennent en compte différents critères:
Production naturelle | Les produits régionaux devraient remplir les critères officiels pour l’environnement et le bien-être animal, de même qu’ils devraient garantir la sortie des animaux au pâturage. Les lignes directrices devraient clairement interdire l’affouragement de plantes transgéniques et exiger une transformation douce, si possible sans additifs alimentaires.
Trajets courts | Une distance maximale devrait être fixée. Beaucoup de labels ne limitent pas le transport, alors que les distances parcourues jusqu’à l’entreprise de transformation ou à l’abattoir peuvent être importantes et contraire à l’esprit d’un produit local.
Moins d’ingrédients importés | Le recours aux ingrédients importés doit être minimisé et leur présence signalée sur l’étiquette. Les matières premières qui pourraient être produites dans la région ou en Suisse doivent uniquement pouvoir être importées en cas de pénurie transitoire.
Ingrédient principal local | L’ingrédient caractéristique qui donne le nom au produit (p.ex. fruit dans le yogourt) doit provenir de la région ou bien être signalé sur l’étiquette.
Indication claire de la provenance | Le nom et l’adresse du producteur ou du fabricant doivent être indiqués sur l’emballage. L’affichage au rayon ne suffit pas.
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