6.11.2012, Laurence Julliard
Certaines entreprises proposent des solutions écologiques pour remplacer les solvants nocifs du nettoyage à sec.
«Mon pressing m’a proposé de laver mon manteau en cachemire à l’eau. Pourtant, il est marqué du sigle nettoyage à sec. A ce prix-là, je me dis que je peux aussi bien le mettre dans la machine chez moi», s’étonne une consommatrice. Saisie de ce témoignage, Lucilla Croquelois, spécialiste textile au sein de la FRC, corrige le tir. «Le traitement fait par un professionnel bien formé a tout son intérêt, au contraire! L’eau, voire les machines, sont similaires, mais la comparaison s’arrête là. L’aquanettoyage, c’est aussi une question de savoir-faire: dans la programmation de la machine, dans le dosage de produits spécifiques adaptés à la fibre et au type de souillure, dans la connaissance de son métier enfin.»
Ce que confirme Frédéric Monney, chargé de la formation des apprentis romands et membre de l’Association romande des entreprises de nettoyage industriel des textiles: «Le procédé Wet Clean n’a rien de nouveau, il existe depuis une vingtaine d’années! Mais il doit son essor aux considérations écologiques qui prévalent maintenant. Le nettoyage à sec est montré du doigt. La faute aux solvants chimiques, qui nuisent autant à l’homme qu’à l’environnement.» Le perchloréthylène, un hydrocarbure halogéné interdit en France dès 2018, dégage des vapeurs nocives. Le personnel des entreprises de nettoyage est concerné au premier chef, mais le consommateur en subit aussi les émanations, puisque les pressings sont très présents dans les centres commerciaux et que le vêtement, une fois traité, garde une odeur persistante.
Mais remplacer la chimie par de l’eau, est-ce si écologique? «Un cycle de nettoyage utilise peu d’eau, justifie Lucilla Croquelois. Et les détergents sont biodégradables. Par ailleurs, la consommation d’électricité est minime: la température de lavage avoisine 20 °C et le tambour se limite à de légères oscillations.» De manière imagée, le Wet Clean s’apparenterait à un lavage à la main du linge délicat, mais dans des conditions mécaniques et industrielles. «L’intérêt du procédé, c’est qu’il est utilisable dans le traitement des taches sur près de 70% des fibres, argumente Frédéric Monney. Chemises en soie, pulls en laine, tailleurs ou costumes, robes de mariée, duvetterie ou rideaux le supportent parfaitement. Par contre, je recommanderai le nettoyage à sec pour la viscose ou l’acétate. Après, outre les aspects verts, l’aquanettoyage garantit un traitement hygiénique et dégage une odeur agréable, ce qui ne gâche rien.»
Reste à mieux former le personnel en pressing. Les professionnels de la branche déplorent en effet qu’il ne reçoive bien souvent qu’une formation de base de quelques heures, parfois dispensée par les fournisseurs de machines eux-mêmes. Pas de quoi offrir au consommateur un conseil avisé. En Suisse romande comme ailleurs, les métiers de l’entretien textile cherchent à séduire. En 2012, les apprentis romands sont au nombre de 17.