Hôtellerie

La jungle des labels verts s’éclaircit

La faîtière suisse des hôteliers met de l’ordre dans les certifications et les étiquettes écologiques qui envahissent catalogues et sites internet de réservation. La vigilance reste de mise.
Enjeux collectifs Impact environnemental Maison et loisirs Loisirs

Archive · 07 mai 2013

Un même écolabel partout en Europe ? Pas pour demain ! Photo: Olivier Le Moal/shutterstock.com

«Premier hôtel écologique de Suisse, créé il y a vingt-huit ans. Produits achetés dans la région. Comme électricité, nous utilisons seulement le courant écologique, avec la marque Naturmade Star.» Pour le consommateur soucieux de voyager de manière la plus écologique possible, les arguments avancés par cet hôtel des Grisons ont de quoi séduire. La présence, bien en évidence, de deux logos a priori réservés au tourisme vert, Bio-Hotels et ehc-eco hotel certified, concourt à la confiance. Sauf que, en creusant un peu, le tableau paraît moins idyllique. Si l’hôtel est bio, c’est pour la nourriture qui y est servie, non en raison de son impact environnemental global. Et si son propriétaire fait bien un effort dans ce sens, c’est avant tout par l’achat de certificats visant à compenser son empreinte carbone.

Difficile pour le consommateur de distinguer clairement ce qui se cache derrière les labels verts qui ont littéralement déferlé sur le web comme sur les catalogues des voyagistes. Surtout que les organismes qui les promeuvent abusent parfois des étiquettes green, bio ou éco. «Pour les clients, il n’est pas facile de s’y retrouver. Lorsqu’on parle d’hôtel bio, par exemple, on pourrait croire que l’établissement respecte les principes du développement durable. L’appellation peut prêter à confusion», admet Domenico Saladino, consultant, coauteur de la certification suisse Ibex Fairstay et auditeur pour l’écolabel européen.

Près de 30 labels différents, c’est trop

La confusion parmi les labels touristiques n’est pas nouvelle. En 2010 déjà, Hotelleriesuisse, l’organisation faîtière suisse, avait mandaté la Haute Ecole de Lucerne pour faire le point sur les certifications susceptibles de s’appliquer aux établissements suisses. Quelque 340 marques et normes avaient alors été recensées. Après écrémage de tous les produits exotiques ou sans lien avec la branche, il demeure encore 27 labels plus ou moins contraignants que les hôtels suisses sont libres de choisir pour faire valoir leur engagement écologique… ou simplement à des fins de marketing. Certains labels sont accordés après un simple questionnaire rempli par l’hôtelier, sans audit sur place. Dans le cas de l’hôtel grison, les deux logos arborés par l’établissement sont décernés par des sociétés établies en Autriche.

Face à cette situation, Hotelleriesuisse a décidé de réagir. L’organisation a annoncé en mars dernier un nouveau système de classification, avec l’introduction de deux nouvelles catégories permettant aux consommateurs de mieux identifier les établissements écologiques (Green Living) ou respectueux du développement durable, y compris dans les dimensions économiques et sociales (Sustainable Living). Ces deux appellations remplacent la catégorie jusqu’ici en vigueur des Ecohôtels, créée il y a plus de dix ans en Suisse.

Une clarification bienvenue

Pas question cependant que l’organisation faîtière se charge de la vérification sur le terrain. On préfère la voie du pragmatisme. «L’établissement doit détenir au préalable un label ou un certificat de développement durable décerné par un expert et reconnu comme équivalent par notre organisation. Un audit sur place n’est ainsi plus nécessaire», explique Susanne Daxelhoffer, responsable des relations médias. Hotelleriesuisse a toutefois resserré le filet de la certification, réduisant encore la liste des labels reconnus – il n’en reste désormais plus que douze, dont EarthCheck, Travelife, Ibex Fairstay, STEP, Green Globe, Valais Excellence et le label écologique européen.

Pour les consommateurs suisses, il ne sera donc plus nécessaire de multiplier les recherches sur internet pour évaluer la conscience verte d’un hôtelier: la présence du logo dédié d’Hotelleriesuisse suffira. Même si la solution n’est pas parfaite, elle apporte une clarification bienvenue, estime Françoise Michel, membre pour la FRC de la commission d’experts auprès d’Hotelleriesuisse. «L’idéal aurait été que chaque établissement soit soumis à un audit, ou que le système retenu soit calqué sur la certification européenne. Ce qui sera mis en place sera de toute manière plus facile à gérer que la situation actuelle.»

En revanche, la solution n’arrange pas les affaires du voyageur souhaitant séjourner au-delà des frontières nationales. La généralisation de l’écolabel européen n’étant pas encore effective, les consommateurs devront continuer de regarder attentivement les étiquettes «vertes» des hôtels avant de réserver.

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