Sophie Michaud Gigon, quelle Romande êtes-vous?
Originaire du Val-de-Travers (NE) et de Saint-Prex (VD), je suis une enfant de Lausanne. J’y ai passé une large part de ma vie, avec un détour de quelques années du côté de Payerne. Et, cela ne s’invente pas, je suis aussi de Courtedoux par mariage, village que je partage avec mon prédécesseur. Le Jura est ma patrie de cœur!
Et que diriez-vous de vous en quelques mots?
Mon père m’a apporté l’amour de la nature et des animaux. Ma mère m’a transmis un côté plus urbain et très communautaire. Deux traits qui se retrouveront dans mon parcours professionnel par la suite. Mes parents étaient déjà membres de la FRC, c’est une tradition familiale. Mon intérêt pour l’association remonte donc à loin. J’aime comprendre, échanger, dialoguer, cela élargit mes perspectives à chaque fois. Grâce à des études entre l’Allemagne et Zurich, je suis aussi devenue germanophile et un peu germanophone.
De quel univers professionnel venez-vous?
J’ai toujours travaillé, de manière bénévole ou professionnelle, dans le millieu associatif. J’ai été active au niveau national ou international, d’abord dans l’administration fédérale puis dans le monde des ONG: je connais parfaitement nos institutions et j’ai un goût marqué pour la politique. Durant les huit dernières années, j’ai dirigé le secrétariat romand de Pro Natura. Je bénéficie d’une large expérience dans le fonctionnement d’une association, et suis au fait des forces et défis à relever. Dans ce contexte, j’assure également une fonction de pont entre régions linguistiques. Un atout qui me sera précieux sur le plan national, dans le cadre de l’Alliance des organisations de consommateurs (FRC, SKS et ACSI), mais aussi pour défendre les intérêts des consommateurs à Berne, au Parlement comme au sein de l’Intergroupe parlementaire latin consommation. Fédératrice, je porterai également leur voix à l’international (BEUC, ICRT, etc.).
Avec une femme à sa tête, la FRC renoue avec une forme de tradition, non?
[rire] Le comité directeur et l’équipe du secrétariat compte bon nombre de femmes, c’est vrai, la tradition est donc bien gardée, mais les hommes ne sont pas absents pour autant. Au contraire, hormis mon engagement les dernières recrues ont été masculines. Je pense néanmoins avoir surtout convaincu par mes compétences. Blague à part, la FRC avait jusqu’ici un Secrétaire général et une présidente. Demain, peut-être, ce sera l’inverse…
Natacha Litzistorf quitte la présidence de la FRC ce printemps. Est-ce à dire que la personne qui lui succédera est, elle aussi, déjà connue?
Non, mais ça ne saurait tarder. Le Comité directeur y travaille prioritairement. Idéalement, les profils de la présidence et de la Secrétaire générale se compléteront avantageusement, les deux personnes travaillant en binôme et représentant les consommateurs de toute la Suisse romande.
Vous prenez la direction de l’association au 1er juin 2017. Comment se passera la transition jusque-là?
Durant ces cinq mois de vacance, une délégation de collaboratrices du secrétariat responsables des différents secteurs géreront le quotidien avec le comité directeur et la présidence en soutien. Nous sommes en contact et je m’impliquerai déjà dans certaines décisions et actions durant cette période.
Quel vent ferez-vous souffler à la FRC?
C’est un peu tôt pour le dire. En 2017, je mise sur la continuité. Il s’agit pour moi de prendre mes marques, de mieux connaître les acteurs et les projets en cours, d’approfondir ma connaissance des dossiers et de prendre contact avec les partenaires. La FRC est la plus grande organisation de défense des consommateurs de Suisse, mon but est qu’elle le reste et qu’elle continue à faire son excellent travail pour faire avancer les causes des consommateurs. La FRC a la chance de pouvoir compter sur des membres engagés. Cette force de frappe est à cultiver.
Vous avez aussi à votre actif un parcours militant et citoyen…
Depuis plusieurs années, je défends la qualité de vie des Lausannois au Conseil communal sous la bannière des Verts. Mon mandat politique est uniquement local. J’ai des valeurs, mais le mandat que j’ai reçu en prenant la tête de la FRC, c’est de défendre et de représenter tous les consommateurs, là où ils sont. C’est un défi car les intérêts sont multiples et il faut tous les considérer: la qualité des produits, le prix des biens et services, la durabilité environnementale des actes de consommation, etc. Je me retrouve dans de nombreuses actions de terrain de la FRC (Repair cafés, bourses d’échange). La FRC a toujours été a-partisane et si elle s’est battue contre les phosphates, les pesticides ou le nucléaire, c’est parce que c’est dangereux pour les gens.
Quelle consommatrice êtes-vous?
Comme tout le monde, je suis consommatrice, mais aussi contribuable, patiente, épargnante, travailleuse. Ce qui compte, c’est d’être acteur. Je me reconnais dans la consomm’action mise en avant par la FRC. Le plaisir et le sens des responsabilités me guident. Ils coïncident, notamment quand je discute avec un agriculteur ou un artisan à qui j’ai pu acheter directement ses produits qui sait d’où viennent ses matières premières ou quand j’habille mes enfants avec les habits de ceux de ma sœur avant de les donner à ma voisine. J’aime beaucoup manger et cuisiner des plats mijotés. J’achète principalement des fruits et des légumes bio et locaux. Parfois, je suis fatiguée de devoir essayer d’éviter les substances nocives/ toxiques contenues dans des produits commercialisés. Et je m’énerve quand je me fais piéger dans le domaine de la santé ou de la télécommunication par une terminologie ou des conditions de contrat dont je n’ai pas mesuré les conséquences ou quand je paie des huiles essentielles ou des cosmétiques en Suisse trois fois plus cher qu’en France.