28.4.2020, Photo: Jean-Luc Barmaverain
Dans les jeunes couples, Monsieur se sent davantage responsable. Alors à quand une pilule pour homme?
La femme n’est plus la seule à prendre en charge la contraception. «On commence à avoir des demandes d’hommes de plus de 20 ans qui désirent partager cette charge, reconnaît Angela Walder-Lamas. Avec les polémiques sur la pilule, et le mouvement #MeToo, la société change. Mais cela reste un constat émergent.» A dire vrai, en Suisse, les méthodes masculines se comptent toujours sur les doigts d’une main: le préservatif, la vasectomie (irréversible), ainsi que le retrait, simple mais peu fiable. Pourtant, il existe deux autres moyens, hormonal et thermique.
«Seule la pression sociale permettra la mise sur le marché de méthodes de contraception masculines simples et efficaces. Depuis quelques années, la recherche s’y intéresse (gels transdermiques, hormones prises par voie orale, techniques réversibles de vasectomie…). Plus on appellera à développer des contraceptions masculines performantes, plus il y aura de la demande», s’explique la conseillère en santé sexuelle. «Et il faudra en parallèle que certaines femmes arrivent à faire confiance à leur compagnon, et à leur déléguer cette charge», souligne Alexandra Afsary. En attendant une avancée spectaculaire dans le domaine, Monsieur, faites votre choix!
MOYEN HORMONAL | Il s’agit d’une injection hebdomadaire intramusculaire d’énanthate de testostérone, conçue pour altérer la spermatogénèse. Il faut attendre trois mois avant que la production de spermatozoïdes ne s’arrête. Selon les recommandations de l’OMS, la durée d’utilisation de cette contraception est limitée à dixhuit mois – aucune étude n’ayant été plus loin –, pour un homme de 25 à 45 ans sans facteurs de risque ni antécédents, ni intoxication tabagique. Les effets secondaires existent mais ne sont pas plus importants que ceux de la pilule. On y retrouve prise de poids, agressivité, légère augmentation de l’hématocrite… Bien que le protocole soit reconnu par l’OMS, ces injections ne sont prescrites que par de rares médecins, à l’image du Dr Mieusset, à Toulouse… qui y recourt pourtant depuis plus de trente ans.
MOYEN THERMIQUE | Connue sous les noms de slip contraceptif, «slip troué» ou «boulocho», cette contraception – aussi mise au point par le Dr Mieusset dans les années 1980 – consiste à augmenter légèrement la température des testicules en les remontant grâce à un sous-vêtement. La société Thoreme commercialise, elle, l’Andro-switch, un anneau pénien basé sur le même concept. Tous deux doivent être portés sept jours sur sept, quinze heures par jour. La contraception thermique met aussi jusqu’à trois mois pour devenir efficace. Elle exige des contrôles réguliers par spermogrammes afin de vérifier l’infertilité temporaire. Cette contraception ne doit pas dépasser quatre années consécutives, aucun essai médical n’ayant été conduit au-delà. Contrairement aux injections, cette alternative n’est pas reconnue par l’OMS. Mais a l’avantage d’être sans inconfort.