Matériau
La construction en terre n’est plus traînée dans la boue
Archive · 05 juin 2018


Sandra Imsand
Journaliste
Pour construire un bâtiment, des mètres cubes de terre sont déplacés et remplacés par d’autres matériaux, comme le béton. Un non-sens. Mais cela pourrait changer en partie grâce au pisé. Cette méthode de construction en terre crue par compression a connu son apogée en Europe au XVIIIe siècle et retrouve ses lettres de noblesse chez certains architectes. Des particuliers s’y intéressent aussi (lire encadré), dans une moindre mesure.
Roger Boltshauser s’est frotté à cette technique durable dès 2002. Ce beau matériau offre une grande plasticité, évoque l’architecte suisse. Mais il faut apprendre à l’apprivoiser. En gros, pour travailler le pisé, il faut mettre la main à la terre. C’est dans cette optique que Roger Boltshauser encadre depuis 2016 des étudiants en architecture à l’EPFL pour donner au pisé des débouchés modernes.
La technique a néanmoins un frein, et il est de taille: son coût, cinq fois plus élevé que pour une construction traditionnelle. En cause, la main-d’oeuvre. «Aujourd’hui, le pisé est réservé à des bâtiments d’exception», constate Cyril Veillon, directeur d’Archizoom, à l’EPFL, qui a d’ailleurs consacré en 2017 une grande exposition sur le sujet. D’où l’intérêt pour le pisé préfabriqué. Le bâtiment qui en est le plus emblématique est le Kräuterzentrum de Ricola.
Autre frein: la confiance dans le matériau, même si on retrouve en Rhône-Alpes des bâtiments en terre crue datant du XIIe siècle encore fonctionnels. «Vu l’efficacité du béton, il est difficile de croire à une utilisation massive de la terre dans la construction. Néanmoins, il est important de pousser les recherches et les applications le plus loin possible. Si les clients, les architectes et les ingénieurs montrent leur intérêt, l’industrie pourrait suivre. Et nous pourrions améliorer la qualité du bâti et l’écologie de la construction », explique Cyril Veillon. Pour tenter de convaincre, d’autres bâtiments en pisé seront prochainement en chantier en Suisse, comme l’Ozeanium du Zoo de Bâle. Et un livre, Pisé – Tradition et Potentiel, qui fait l’état des lieux de l’utilisation de la terre dans nos régions, sera édité cet automne par l’EPFL et Archizoom.
Chez soi: un four à pain dans le jardin
Les ouvrages consacrés aux constructions en terre trônent en belle place dans les librairies; sur internet, les vidéos foisonnent. Preuve que les privés éprouvent eux aussi de la curiosité, notamment pour de petites structures comme le four à pizzas, le rocket stove (un poêle à bois à fort rendement thermique) ou l’abri de jardin. Parmi les techniques les plus employées, la terre-paille, un mélange de fibres dans de la barbotine. On l’utilise pour les structures en façonnant librement la masse ou en la mettant dans un coffrage de bois.
L’Association Rovéréaz, qui abrite une ferme agrobiologique à Lausanne, a construit en 2016 un four à pain de cette manière. Autre méthode qui vit une seconde jeunesse: le bois cordé, où des rondins sont assemblés à leurs extrémités par un mélange de terre, sable et chaux. Mais avant de vous lancer, renseignez- vous auprès de la commune sur les autorisations nécessaires!
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