29.4.2014, Elisabeth Kim / Les bananes, encore vertes, sont lavées à l’eau. Seuls les fruits parfaits partent à l’exportation par cargo dans des centres de mûrissement. Photo: T photography/shutterstock.com
Chiquita, qui vient d’annoncer sa fusion avec Fyffes, se veut plus transparente vis-à-vis des ONG et des consommateurs.
La banane, c’est le fruit le plus populaire du monde, non seulement pour le consommateur occidental, qui en mange en moyenne une dizaine de kilos par an, mais surtout pour les millions de personnes dans les pays en développement pour qui elle constitue une nourriture de base. La branche, déjà dominée par une poignée de multinationales comme Dole, Del Monte et Noboa (Bonita), vit une nouvelle concentration avec l’annonce récente de la fusion entre l’américain Chiquita et l’irlandais Fyffes, connu pour sa marque Sol, donnant naissance à un mastodonte pesant 4,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires.
Mais c’est la réalité des 32 000 employés de ce géant qui nous intéresse ici. Emblème des inégalités du commerce international, la banane, en particulier la «banane-dollar» – produite en Amérique centrale, principal exportateur –, traîne une réputation à l’éthique douteuse. Violation des droits syndicaux des ouvriers, conditions de travail déplorables, salaires de misère, usage de pesticides nocifs pour la santé humaine et pour l’environnement… Ce lourd passif n’est sans doute pas étranger au succès des bananes fairtrade en Suisse, où ces dernières représentent plus de 50% des ventes (95% chez Coop)!
Sous pression, les entreprises ont dû améliorer certaines de leurs pratiques. C’est le cas de Chiquita, qui s’est dotée depuis le début des années 2000 d’un code éthique, de certifications SA 8000 (pour la responsabilité sociale) et qui travaille étroitement avec Rainforest Alliance. «Après cent quinze ans d’existence, nous reconnaissons que notre compagnie ne s’est pas toujours comportée avec l’éthique et la transparence que l’on attend d’une société aujourd’hui», peut-on lire dans le dernier rapport CSR (pour Corporate Social Responsability) du groupe.
Une révolution pour l’ex-United Fruit Company, qui ne daignait pas répondre aux critiques il y a peu. Début mars, la marque a invité des ONG suisses et la FRC dans ses bananeraies du Costa Rica et au Panama afin de constater ses efforts en matière de durabilité. Au menu: visite de projets de reforestation (en partenariat avec Migros) et de sauvegarde de la faune et de la flore, ainsi que de plantations et d’usines de conditionnement (toujours pour Migros). Pas de quoi fournir une vision globale et étayer un constat objectif – notamment sur le niveau général des salaires, les conditions de travail ou les pesticides utilisés… Mais une ouverture au dialogue, alors qu’en 2012 encore, Chiquita avait refusé de coopérer à l’une des enquêtes de Test-Achats. Un début de transparence bienvenu.